LE SIÈCLE CHRÉTIEN (1225/1229) – Sacre de Louis IX / fin de la croisade albigeoise

Bonjour, une noble page de notre histoire de France se tourne avec la mort du glorieux roi de France Philippe II Auguste. Le règne de son fils, Louis VIII va être de courte durée, sorte de gouvernement de transition entre deux des plus grands monarques de notre histoire. Celui qui n’aura pas pu déployer tout son génie et toute sa diplomatie au service de la France confiera à son fils le soin de la hisser au sommet. C’est cette histoire que je vais vous raconter, notre histoire.

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    En cette année 1225, le roi de France Louis VIII continue de défendre son royaume et la foi catholique contre les anglais Plantagenêts et les cathares du Midi. Le roi de France et le pape mènent le combat avec détermination. Dès le début de l’année 1225, le 25 janvier, le pape Honorius III ordonne de brûler le De divisione naturae du philosophe irlandais Origène emprunt de thèses panthéistes dont les Albigeois se réclamaient. En bon souverain prévoyant, le 12 juin 1225, Louis VIII prit soin de rédiger son testament au château de Montpensier en Auvergne. Le document, par la main de Louis VIII, donnait en apanage, c’est à dire donner une partie du domaine royal à un prince pour sa renonciation au pouvoir, l’Artois et le Brabant à son fils Robert, le Poitou et l’Auvergne à Alphonse, l’Anjou à Jean qui à sa mort sera transféré à Charles. Les affaires familiales et dynastiques sont désormais réglées. L’hérésie cathares, quant à elle, n’en finissait pas de secouer le Midi du royaume.  Raymond VII, le comte de Toulouse, montrait toujours des signes de bienveillance à l’égard de  l’hérésie cathare, l’Eglise le soupçonnait d’en abriter sur ses terres. Le 29 novembre 1225, un concile se réunit à Bourges au cours duquel fut décrété la destruction pure et simple de l’hérésie cathare et pour mener à bien ce projet, une nouvelle croisade allait être nécessaire. Louis VIII fut désigné pour la diriger.  

    Le 28 janvier 1226, le cardinal-légat Romain de Saint-Ange accentue la condamnation de Raymond VII de Toulouse et de ses soutiens. Il l’excommunia publiquement par autorité papale, et le déclara hérétique-condamné. Par conséquent, tous ses domaines passent sous la possessions du roi de France et de ses héritiers et ce, à perpétuité. Amaury de Montfort et son oncle cédèrent leurs droits du comte de Toulouse au roi de France. Dès le 30 janvier 1226, Louis VIII prit la croix des mains des légats pontificaux et s’engagea à aller en finir avec cette hérésie albigeoise. De très nombreux vassaux suivirent son exemple, barons et évêques, missionnés par le cardinal de Saint-Ange, se croisèrent en foule. Aussitôt, des missionnaires allèrent de par le royaume prêcher la croisade méridionale. Les chevaliers du Nord étaient déterminés à en finir. Les voilà en route vers le Midi du royaume. De Bourges, ils se dirigèrent vers Lyon, puis descendirent la vallée du Rhône jusqu’à Avignon. Face à un tel déploiement de force et d’autorité, le Marquisat de Provence se soumit immédiatement au roi de France. A l’approche de la ville d’Avignon par les troupes du Nord, nous sommes le 6 juin 1226, le comte de Blois, Gautier II d’Avesnes, allait à leur rencontre avec une avant-garde de trois mille hommes. De toute son autorité, Louis VIII signifia au comte de Blois qu’il entendait bien passer le Rhône sur le grand pont d’Avignon. Les magistrats ont osé lui refuser l’accès en fermant les portes de la ville. Voilà les habitants enfermés dans Avignon se préparant à résister. Louis VIII se mit dans une colère noire, nous sommes le 10 juin 1226. Il fut acté que les croisés devront purger Avignon de ses hérétiques avant de poursuivre leur route en mettant le siège devant la ville. Mais les Avignonnais résistaient bien, munis de vivres et de machines de guerre, la partie n’était pas encore gagnée. Raymond VII de Toulouse, qui avait autorité sur Avignon, ne pouvait fournir des troupes suffisantes alors il se résolut à harceler les convois de ravitaillement des croisés. Très vite la dysenterie envahit le camp croisé. Certains grands seigneurs contestaient l’utilité du siège si bien que le grand seigneur Thibault IV de Champagne invoqua la fin de son obligation de se battre aux côtés de son suzerain, appelé le droit d’ost, pour rentrer sur ses terres. Le roi ordonna un nouvel assaut le 8 août 1226, sans plus de succès, les avignonnais résistaient fort bien aux attaques capétiennes. Louis VIII s’obstine et le 12 septembre, alors que la population commence à cruellement manquer de vivres, les magistrats décidèrent de négocier la reddition de la ville. En guise de sanctions, Avignon doit abattre ses fortifications, céder au roi de France la ville de Beaucaire, payer 6000 marcs d’argent et payer 1000 marcs à l’Eglise. Deux jours plus tard, le 14 septembre 1226, Nicolas de Corbie, l’évêque d’Avignon, organisa une procession du Saint Sacrement en direction d’une chapelle bâtie en l’honneur de la Sainte Croix. Telle fut l’origine des Pénitents-Gris, appelés aussi les battus de la Croix. Après y avoir assisté vêtu d’un sac, d’une corde, la tête nue et un flambeau à la main, accompagné de sa cour et d’une foule immense, Louis VIII et les croisés reprirent la route vers le sud. La puissance dégagée par l’armée croisée suffit à soumettre plusieurs grands seigneurs du Midi comme Bernard V, comte de Comminges. Tout le Languedoc se soumet : Nîmes, Castres, Carcassonne, Albi. 

    Plutôt que de mettre immédiatement le siège devant Toulouse, Louis VIII préféra s’en retourner à Paris mais sur le chemin, près de Montpensier, atteint de la dysenterie, le roi rendit son âme à Dieu le 8 novembre 1226. Quel malheur ! Le dauphin Louis n’a que 12 ans. Louis VIII, avant de trépasser, avec l’accord de ses conseillers, décida que ce serait son épouse, la reine Blanche de Castille qui aura la responsabilité du jeune Louis et que tous devront prêter hommage et foi à son fils. Dans l’urgence, elle doit organiser le sacre du futur Louis IX à la cathédrale de Reims. Le 15 novembre 1226, les funérailles du défunt roi furent célébrées en la basilique Saint-Denis. Le jeune Louis va être sacré mais un homme ne peut être sacré sans avoir, au préalable, été adoubé. Malgré le jeune âge de Louis, ce sera chose faite sur la route du sacre à Soissons. Le 29 novembre du même mois, Louis IX fut sacré à Reims en présence des grands du royaume, enfin pas tous, beaucoup manquent à l’appel. Blanche de Castille le pressent ; le début de règne de son fils risque d’être compliqué. De puissants seigneurs mécontents commencent à se plaindre. Le jeune roi Louis pourra compter sur l’expérience et l’assurance de sa mère pour en venir à bout. 

    Les hostilités des barons à l’égard du jeune souverain et de sa mère commençaient à se faire sentir. C’est pourquoi, dès le 6 janvier 1227, en signe d’apaisement, Blanche de Castille et Louis IX décident de libérer Ferrand de Flandre le traître de Bouvines, en échange bien sûr d’une rançon et de sa soumission au roi. Ensuite Louis IX propose de marier ses frères Alphonse à la fille d’Hugues de Lusignan et Jean à la fille du duc de Bretagne. Ces efforts consentis par le roi et la reine-mère ne suffisent pas à apaiser le courroux des barons. La simple fait qu’ils doivent se soumettre à un enfant et à sa mère, étrangère d’origine, les révulse. Les barons, qui fomentaient un complot contre le roi en le retirant de sa mère et de ses conseillers pour gouverner à sa place, furent mater à Vendôme le 16 mars 1227. Blanche de Castille leur intime l’ordre de se soumettre sur le champ. Après trois sommations, ils s’inclinent timidement. Sur la route du retour vers Paris, en passant par Orléans, la suite royale est bloquée à Montlhéry encore par ses redoutables barons indomptables. Très vite Blanche de Castille fait envoyer des messagers demander l’aide des communes parisiennes. Le jeune Louis se réfugie dans le château de Montlhéry. Quand les comtes rebelles virent arriver une foule de parisiens, à pied et en armes, secourir leur roi, ils s’en allèrent lâchement. Les désagréments de ce début de règne permettent au jeune roi Louis IX d’apprendre, aux côtés de sa mère, à régner et à s’imposer auprès de ses puissants vassaux. 

    En cette année 1228, les barons n’ont toujours pas projeté de se soumettre au roi de France. La stratégie de s’en prendre au roi et à la reine ayant échoué, Philippe Hurepel, l’oncle du roi et Enguerrand III de Coucy entre autres, s’en prennent désormais à Thibaud IV de Champagne, le puissant comte de Champagne qui avait eu la mauvaise idée de se soumettre assez rapidement aux injonctions royales. Les barons coalisés lancèrent à travers le royaume la rumeur d’une liaison entre la reine-mère Blanche et Thibaud de Champagne ou encore la reine-mère avec le cardinal Frangipani. Mais les calomnies ne prennent pas. Une intervention militaire va s’avérer nécessaire pour calmer définitivement ces barons. 

    Le 26 février 1229, une émeute entre des étudiants de l’université de Paris dégénère dans une taverne parisienne. En ce jour de Mardi-Gras, les étudiants en profitaient pour boire avec excès. Résultat : deux morts. Les autorités civiles réprimèrent énergiquement ces bagarres mais ce n’était pas du goût des maîtres et des élèves de l’Université. Les privilèges de l’Université stipulent que les étudiants dépendent de la justice écclésiatiques et non de la justice civile, celle-ci avait outrepassé ses droits. La répression aurait dû émaner de l’évêque. Pour manifester leur désapprobation, les maîtres et les élèves se mettent immédiatement en grève. Les conséquences furent importantes pour l’Université : beaucoup d’élèves et de maîtres partirent étudier ou enseigner dans d’autres universités européennes prestigieuses. Le 13 avril 1231, soit deux ans après les faits, le pape Grégoire IX, par une bulle pontificale, confirma les privilèges de l’université de Paris en la déclarant indépendante intellectuellement et juridiquement. 

    Le conflit entre la couronne capétienne et le comte de Toulouse s’apprête à connaître son issue définitive. Dès mars 1229, Blanche de Castille, au nom de son fils, encore jeune, convoque une conférence à Meaux au cours de laquelle furent étudiées les conditions de soumission du comte de Toulouse. Raymond VII n’a plus les moyens de refuser. Il se rend donc à Paris, en pèlerin, pénitent, et flagellé sur les marches de Notre-Dame-de-Paris après sa déclaration publique de repentir, pour ratifier le texte. Nous sommes le 12 avril 1229. Quelles sont les conséquences pour Raymond VII de Toulouse ? Tout d’abord, il doit céder la moitié de ses terres du Midi, la fille et héritière du comte, Jeanne, devra épouser Alphonse de Poitiers, le frère de Louis IX. Il doit détruire toutes les fortifications de plusieurs châteaux. Il doit évidemment combattre ardemment les hérétiques mais aussi prendre la croix et se rendre en Terre sainte pendant cinq ans. Il devra rendre à l’Église tout ce qui lui a été volé. Enfin, le comte devra fonder une université à Toulouse. Malgré ces lourdes sentences, Raymond VII ne déploie aucun zèle à les appliquer, c’est le moins que l’on puisse dire. Si bien qu’il sera à plusieurs reprises excommunié par l’Église. Mais Louis IX, lui, va mettre l’énergie nécessaire à lutter contre l’hérésie cathare en obligeant les vassaux du comte à s’impliquer avec détermination. Les cathares ne pouvant plus prêcher aussi facilement qu’avant, se retranchent désormais dans les Pyrénées. En octobre 1229, le concile de Toulouse, convoqué par le pape, structure et organise la recherche et la punition des hérétiques. Quelques années plus tard, des tribunaux ecclésiastiques d’exception, que l’on connaît plus sous le nom d’Inquisition, verront le jour menés bien souvent par des dominicains et des franciscains. La croisade menée contre les hérétiques albigeois est terminée. L’hérésie cathare disparaîtra progressivement au cours du XIIIe siècle. 

    Pierre Mauclerc, le duc de Bretagne et principal ennemi de la couronne, ne cesse de provoquer Louis IX et sa mère. Le duc breton prêta hommage au roi d’Angleterre en octobre 1229, puis refuse de se rendre à une convocation du roi de France à Melun, ce qui pour un vassal est un acte de félonie envers son suzerain. S’en était trop pour Louis IX, un affrontement militaire était inévitable. Mais ça, ce sera pour la prochaine fois. 

    Louis IX, aux côtés de sa mère Blanche de Castille, apprend ce que signifie être roi, ce que cela nécessite comme caractère. Dans quelques années les barons cesseront leur insolence et se mettront au service de la couronne. Ainsi pourra véritablement débuter le glorieux règne du futur saint Louis. A bientôt.