Description
On peut définir le servage de la glèbe ; l’état d’hommes obligés de cultiver un domaine au profit d’un maître, sans pouvoir ni quitter ce domaine ni en être détachés par le maître lui-même. Cet état constituait un progrès sur l’esclavage proprement dit. L’esclave est moins une personne qu’une chose, dont le maître peut user à son gré : il n’a pas de domicile fixe, pas de patrie, pas de droits ; le pouvoir du maître sur lui est absolu. Au contraire, le pouvoir du maître sur le serf rencontre une limite : cette limite, c’est la terre. Le serf ne peut être arraché du sol qu’il cultive. Cela est déjà un commencement de liberté : qu’est-ce, en effet, que la liberté, sinon la limite que notre droit oppose au droit d’autrui ?