Le combat des Trente : un combat épique entre bretons

Bonjour à tous, les faits que je vais vous raconter se passent au XIVème siècle. Le 30 avril 1341 le duc de Bretagne, Jean III le Bon meurt, n’ayant pas eu d’héritier, débute alors la guerre de Succession de Bretagne. Dix ans plus tard, le 27 mars 1351 (ou 26 mars, des doutes subsistent encore) au sud de la Bretagne, à Gaillac, va se dérouler un combat mémorable : le combat des Trente. Deux camps bretons vont s’affronter : celui de Charles de Blois  commandé par Jean IV de Beaumanoir et soutenu par le royaume de France et le camp de la maison de Monfort représenté par Robert Bemborough et soutenu par l’Angleterre. Pourquoi et comment s’est déroulé ce combat ? C’est ce que nous allons voir tout de suite, bon épisode.

    Recevez les missives des éditions catholiques et royales dans vostre boîte aux lettres !



    Alors que la guerre de Succession de Bretagne durait depuis déjà 10 ans, les deux maisons rivales prétendantes au duché de Bretagne s’affrontaient sans répit. Un beau jour de l’année 1351, Jean de Beaumanoir se rendit à Ploërmel alors aux mains des anglais commandé par Robert Bemborough. Sur sa route, il aperçut des paysans bretons se faire rosser par des soldats anglais. Beaumanoir était choqué de voir de quelle façon les soldats anglais traitaient les habitants bretons qu’ils « trafiquaient comme de vils animaux. » Scandalisé, Jean de Beaumanoir, arrivé à Ploërmel chez son adversaire anglais, s’en plaignit à son hôte avec force. La tension monta d’un cran. Pour trouver une issue à leur querelle, ils décidèrent de s’affronter en effectif réduit.

    « Dieu soit Juge entre nous ! Que chacun de nous choisisse trente à quarante champions pour soutenir sa cause. On verra de quel côté est le droit. »

    Trente et un des meilleurs combattants de chaque camp s’affronteront deux jours plus tard au lieu-dit le chêne de Mi-Voie. 

    Confiants dans leur supériorité au combat, les anglais arrivèrent les premiers sur le champs de bataille. Quant aux bretons, ils avaient préféré se rendre à l’église pour se confesser et recevoir l’absolution au cas où ils durent rendre leur âme lors du combat.

    Les deux camps arrivés, le combat pouvait avoir lieu, l’affrontement fut un carnage. Les combattants au profil divers (écuyers, mercenaires ou encore chevaliers) bataillaient de façon désordonnée pendant deux heures avec des épées, des lances, des  fauchons et des sabres courts. Après une brève pause, les hostilités reprirent et le commandant Robert Bemborough, après avoir reçut un violent coup à la tête, mourut immédiatement. Malgré la mort de leur commandant, les compagnons d’armes de Bemborough poursuivèrent le combat et finirent par blessé Jean IV de Beaumanoir. Sur le point de trépasser, Beaumanoir demanda à Geoffroy du Bois, un de ses compagnons, à se désaltérer mais celui-ci lui rétorqua : 

    « Bois ton sang Beaumanoir, ta soif te passera. »

    Le capitaine se releva et reprit le combat. A la tombée de la nuit, chaque camp comptait ses cadavres ; six du côté de Beaumanoir, neuf du côté Bemborough. Bien d’autres mourront des suites de leurs blessures dans les jours qui suivirent. Jean IV de Beaumanoir put malgré tout profiter de cette victoire symbolique. Le combat, qui n’avait absolument rien réglé, avait cependant permis à deux combattants de se distinguer : Croquart fut déclaré meilleur combattant du camp anglo-Bretons et Tinténiac pour le camp franco-breton.

    Deux jours après le combat, les quelques hommes vainqueurs restants moururent à la suite d’une embuscade qui leur avait été tendue. La bataille des Trente eut un retentissement considérable en Bretagne, et même en France et en Angleterre. Il faudra attendre l’année 1365 pour connaître la fin de la guerre de Succession bretonne.  Après la bataille d’Auray, le camp anglo-breton l’emporta et Jean IV de Bretagne, le fils de Jean de Montfort, devint duc de Bretagne. De nos jours, près de la commune de Josselin, un enclos et une stèle ont été installés afin de se souvenir de ce combat hors norme.