Lettre à mon peuple – Louis XVI & ses réformes

Enfant déjà, Madame de la Ferté Imbaut, disait de moi que j’étais raisonnable à un âge où tout le monde était enfant. Mon caractère était sans doute timide, ou peut être était-ce un manque de confiance en moi, je pensais que personne ne m’aimait… Je reçu une bonne éducation, ce genre d’éducation qui façonne un homme, elle m’offrit en tout cas les armes nécessaires à devenir un roi. Pendant mon apprentissage, j’entendais constamment que pour être un bon roi il fallait être un roi bon. La politique, me disait-on, n’était que morale. Mes parents étaient là pour m’enseigner la religion, que j’aimais ça ! Aie-je voulu prendre exemple sur le Christ qui se sacrifia pour nous ? Toujours est-il que gouverner m’aura appris une chose : un roi doit sacrifier au bonheur de ses peuples, son temps, son plaisir, sa vie et sa gloire même. J’ai mesuré le poids de la charge, cette charge si lourde qu’elle sera ma croix. Dans le même esprit, je me souviens du père Berthier qui me disait que le pouvoir d’un roi était protection, nullement de domination comme l’autorité ne peut être despotique ou encore tyrannique mais elle doit être bienfaisante et modérée.

Je n’étais que dauphin, aspirant au trône de France mais personne dans le gouvernement ne prêtait attention à moi, j’étais exclu des affaires courantes, Choiseul, alors ministre ne se préoccupait pas un instant de ma formation politique. J’ai du, au cours de mon règne gouverner mon peuple selon des vertus apprises dans ma prime jeunesse et gouverner selon un idéal, royal et catholique, animé par le désir ardent de faire le bien.

Même si l’histoire fera peut être de moi un traître ou encore un faible, laissez moi vous raconter, avant de devoir affronter le regard déterminé du bourreau, ce que j’ai pu entreprendre pour le bien et le bonheur de mes sujets.

A chaque début de règne, à l’issue du sacre, un impôt était prélevé, pour confirmer toutes les villes, les corporations de marchands, d’artisans etc. Il était appelé le “ droit de joyeux avènement”. J’ai décidé de soulager mon peuple en revenant sur ce droit onéreux. Etait-il bien juste de les taxer ainsi ?

J’étais également très soucieux de la sécurité de mon peuple, c’est pourquoi j’ai autorisé l’installation de pompes à feu pour approvisionner Paris en eau de façon régulière. Ils feront partis d’un corps appelé pompiers.

Quelques années plus tard, mon lieutenant général de police Lenoir, me soumit l’idée de rétablir une belle institution : le Mont-de-Piété. Elle avait pour fonction de prêter de l’argent gratuitement aux plus démunis. Déjà mon ancêtre Louis XIII les avait développés dans tout le royaume. A sa mort, et sous la pression des usuriers, ils furent abolis. Je décidais de les rétablir. Une telle institution découragerait, je le pensais fermement, les usuriers et leur pratiques iniques.

Je me souviens également d’un abbé, Charles-Michel Lespée, qui oeuvrait pour les sourds-muets sans fortune. Il inventa même un langage par signe pour se faire comprendre. Autant de bonté pour les plus faibles de mes sujets méritait bien une aide de 6000 livres, prises sur ma propre cassette. Je ne doute pas que le monde entier allait entendre parler un jour de cette méthode.

Saviez-vous qu’avant moi, les femmes mariées et les mineurs devaient demander à leur mari ou à leur tuteur le droit de disposer de leur pensions ? Ce ne sera plus le cas. Femmes comme mineurs pourront en disposer librement.

En tant que roi chrétien, j’avais une haute considération pour la vie d’un homme. Mon plus fidèle sujet comme mon plus redoutable ennemi devait recevoir les même traitements. Sous mon règne les hôpitaux militaires devront traiter les blessés ennemis avec respect et dignité.

Lors de l’élection des députés de l’assemblée des Etats-Généraux, j’accordais aux femmes le droits de voter. Déjà au Moyen- ge, elles en avaient le droit pour élire des représentants de groupements d’artisans ou de commerçants. Pourquoi donc leur avait-on retiré ce droit en 1498 après un décret du Parlement ? Une femme doit également pouvoir accéder à toutes les maîtrises ! Sous mon règne, une femme pouvait devenir maître d’une corporation.

La géographie, la marine, comme tant d’autres disciplines, me passionnaient. Déjà le comte De la Pérouse, en 1785, m’embarqua, si j’ose dire, dans son projet fou autour du monde. Que ces marins étaient valeureux, courageux ! Je leur ai accordé, une fois leurs cheveux devenus trop blanc, une pension de retraite. Comme les deux frères Montgolfier, quand il me firent part de leurs expériences d’aérostation, en passionné de science et de découverte que j’étais, je ne pouvais pas ne pas les aider. Je crois que je vais devoir m’arrêter là, j’entends venir.

J’espère simplement avoir été juste et bon envers mon peuple, je l’aimais tant… et que ceux qui viennent après moi aient à coeur d’oeuvrer, avec la même force, pour le bien commun. Sachez que je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France. Il est l‘heure je crois.