L’assassinat de Henri IV par Ravaillac le 14 mai 1610

Bonjour, retour sur une date importante de notre histoire de France : l’assassinat du roi de France et de Navarre Henri IV. Nous sommes au XVIIe siècle, le 14 mai 1610. Malgré la signature de l’Edit de Nantes en avril 1598, au sein du royaume de France règne de fortes tensions entre Protestants et Catholiques, le souvenir des Guerres de Religion survenues quelques années plus tôt, est encore présent. A l’internationale, la situation est identique ; un projet de guerre contre les souverains catholiques d’Espagne et d’Autriche se prépare. Pour les nombreux défenseurs de la foi catholique, qu’ils soient clercs ou laïcs, faire la guerre à des souverains catholiques tout en faisant la paix avec des protestants était perçu comme une trahison. En 1609, François Ravaillac un gaillard jeune homme de 32 ans à la barbe rousse venu tout droit d’Angoulême, issu d’une famille pauvre et très pieuse, décide de monter à Paris pour éliminer celui qu’il considère comme un tyran. Comment s’est déroulée cette journée du 14 mai 1610 ? Quelles en furent les conséquences ? C’est ce que nous allons voir tout de suite. 

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    Le 13 mai 1610, Marie de Médicis, l’épouse du roi Henri IV, se fit couronner à la basilique Saint-Denis. Le roi avait, à plusieurs reprises, reporté la cérémonie puis à cause d’une expédition militaire devant survenir prochainement, il finit par y consentir et même à y participer avec joie. A son retour du couronnement, il se rendit au Louvre et refusa de recevoir son médecin-astrologue de la Brosse, celui-ci lui prédisait une mort prochaine. 

    Au petit matin du 14 mai 1610, il rendit visite à son ami et conseiller le duc de Sully, à l’Arsenal pour régler les derniers détails de l’expédition militaire prochaine. Il n’avait pas jugé nécessaire de se faire escorter par la Garde à Cheval, quatre officiers et une faible escorte de fantassins suffiront ! 

    De son côté, Ravaillac, catholique dévot, avait, à plusieurs reprises, tenté de rencontrer Henri IV à Paris pour le convaincre de convertir les Huguenots. Sans succès. Revenu à Angoulême, il eut vent de la volonté d’Henri IV d’intervenir militairement dans la succession des principautés de Clèves et Juliers. Henri IV allait s’associer à des princes protestants contre les souverains catholiques d’Espagne et d’Autriche. Il s’agissait pour lui d’un affront intolérable fait à Dieu. Il se rendit avec détermination à Paris, en chemin fit halte dans une auberge et reparti en ayant volé un couteau. Tourmenté, il confessa ses intentions à un Jésuite de la rue Saint Antoine qui lui recommanda vivement de retourner chez lui à Angoulême. Alors qu’il était en marche vers son pays, il se persuada de la légitimité de son intention. Nous sommes le 14 mai 1610.  

    Henri IV, quant à lui, déambulait paisiblement dans son carrosse en direction de l’Arsenal quand soudain, voulant observer les préparatifs de l’entrée solennelle de la nouvelle reine dans Paris, il décida de lever les rideaux de cuir de sa voiture. Ravaillac est dans les parages, suit le convoi discrètement. Quand tout à coup, empruntant la très étroite rue de la Ferronnerie, le cortège fut stoppé à cause d’une charrette de foin manoeuvrant avec difficulté. Le convoi royal doit attendre, en face d’eux, une auberge appelée “Au cœur couronné transpercé d’une flèche”. L’occasion est trop belle, Ravaillac se jette sur le roi et le poignarde de trois coups de couteau. Ramené à la hâte au Louvre, Antoine Petit, premier médecin du roi, ne réussit pas à le sauver. Ravaillac, une fois le forfait accompli, ne cherche pas la fuite. Pour éviter un lynchage populaire, le duc d’Epernon le mena à l’Hôtel de Retz tout proche puis après avoir passé une journée dans l’hôtel particulier du duc d’Epernon, il fut envoyé en détention à la Conciergerie. 

    Les jours qui suivirent l’assassinat de Henri IV furent pesant. La reine Marie de Médicis, récemment couronnée, devint la régente du royaume. Liée à la maison d’Autriche par sa mère, la nouvelle reine allait tempèrer, provisoirement, les affrontements alors en cours avec l’Espagne et l’Autriche.

    Le procès de Ravaillac eut lieu rapidement. Le 27 mai 1610, après dix jours de procès, le Parlement de Paris le condamna à mort. Il fut conduit en place de Grève où il sera écartelé après de longues heures de supplices. Même si Ravaillac a toujours affirmé avoir agi seul, lors de son exécution, il se serait écrié : « On m’a bien trompé quand on m’a voulu persuader que le coup que je ferai serait bien reçu du peuple ». Puis demanda au peuple de chanter un « Salve Regina ». Mais alors ce crime fut-il le fait d’un seul homme scandalisé par la politique de son roi qui combattait les royaumes catholiques tout en s’alliant aux princes protestants ? A-t-il été simplement influencé ? Ou est-ce le fait des adversaires catholiques de la couronne de France : l’Espagne de Philippe III ou l’archiduché des Pays-Bas d’Albert d’Autriche ?