Le TRAITÉ de TROYES signé le 21 mai 1420

Bonjour, le début du XVe siècle figure parmi les périodes les plus sombres de notre Histoire. Avant que la Pucelle d’Orléans ne vienne nous libérer du joug anglais, le royaume de France, en pleine Guerre de Cent ans, était épuisé, divisé, à la merci d’Henri V, le roi d’Angleterre. Après la bataille d’Azincourt où la chevalerie française avait subi une défaite cuisante par les Anglais, le souverain Henri V, qui avait conquis la Normandie, lorgnait désormais sur Paris, la capitale capétienne. Charles VI, le roi de France devenu fou, ne contrôlait plus la situation. C’est dans ce contexte de débâcle que fut signé le traité de Troyes entre les Anglais, les Bourguignons et les Français. Savez-vous comment s’est déroulée la signature du traité de Troyes et quelles en furent les conséquences ? Non, je vous explique.

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    La démence du roi de France Charles VI, survenue en 1392, va causer bien des malheurs au royaume de France. La tragédie de ce début de siècle débuta en 1407, lorsque Jean sans Peur, le duc de Bourgogne, ordonne l’assassinat du duc Louis Ier d’Orléans. Trois ans plus tard, Charles d’Orléans, le fils du duc assassiné, réclama vengeance au comte d’Armagnac, son beau-père. La guerre opposant les Armagnacs, fidèles du futur Charles VII et les Bourguignons, fidèles de Jean sans Peur, est à son comble. En 1411, Jean sans Peur, avec la complicité de la mère du dauphin, Isabeau de Bavière, s’empare de l’autorité royale et en profite pour tenter d’évincer du Conseil de régence les soutiens des Armagnacs. Le royaume de France, affaibli, sans chef capable de le gouverner, est en situation de guerre civile. Le 29 mai 1418, la situation va s’aggraver quand les Bourguignons, en pleine nuit, massacrent le comte Bernard VII d’Armagnac ainsi qu’un grand nombre des siens. La vie du dauphin Charles est menacée, c’est la raison pour laquelle il s’enfuit à Bourges, capitale de son duché, pour préparer la résistance aux Anglais et aux Bourguignons. Plusieurs rencontres, dont le but est de mettre fin aux rivalités, dans l’intérêt de la France et aussi parce que cette guerre ne fait que renforcer les intérêts du roi d’Angleterre, sont organisées entre les chefs des deux parties. Le 19 juillet 1419, une entrevue est avortée en raison d’une attaque anglaise le long de la Seine. Le duc de Bourgogne, Jean sans Peur devenu le maître de Paris, fait évacuer la famille royale sur Troyes. Les deux camps décident à nouveau de se rencontrer à Montereau, sur un pont traversant l’Yonne. Nous sommes le 10 septembre 1419. Charles et ses partisans ne digèrent toujours pas l’assassinat du duc d’Orléans survenu douze ans plus tôt, si bien que la rencontre, très tendue, se solde par l’assassinat de Jean sans Peur, le duc de Bourgogne. Aussitôt, le fils de Jean sans Peur, Philippe le Bon, est averti du crime et dès cet instant, cherchant à se venger, il décide de s’allier aux Anglais et à la reine Isabeau de Bavière pour éliminer le dauphin Charles de la succession du royaume de France. Le 21 mai 1420, dans la cathédrale Saint-Pierre de Troyes, le roi d’Angleterre Henri V et le duc de Bourgogne Philippe le Bon retrouvent ainsi la famille royale et signe le traité qui aura pour conséquence de mettre, à la mort de Charles VI, le roi d’Angleterre sur le trône de France. Les alliés Bourguignons et Anglais vont même pousser le roi de France Charles VI et son épouse Isabeau de Bavière à déshériter leur propre fils. Les Bourguignons, n’étant pas à une perfidie près, colportèrent également la rumeur selon laquelle le dauphin Charles était illégitime en raison de l’infidélité de sa mère. Tout était bon pour accentuer l’humiliation. Le duc de Bourgogne, à cause de la démence du roi, allait faire office de régent de la couronne. Le traité prévoyait également le mariage du roi anglais Henri V avec Catherine de Valois, la fille de Charles VI et d’ Isabeau de Bavière. La noce fut célébrée le 2 juin 1420 et le 1er décembre de la même année, Charles VI et son nouveau gendre Henri entrèrent en grande pompe dans Paris. La population parisienne leur réserva un accueil plutôt bon, il faut dire que la guerre civile l’avait tant éprouvée.

    L’Université de Paris, présidée par le tristement célèbre Pierre Cauchon, soutien à peine voilé de l’Angleterre et les États généraux, enregistrèrent officiellement le traité de Troyes. Le territoire du royaume de France était désormais morcelé entre les possessions anglaises, les territoires contrôlés par les Bourguignons et les provinces restées fidèles à Charles qui s’était dès lors auto-proclamé roi sous le nom de Charles VII. L’année 1422 voit disparaître le roi d’Angleterre Henri V et le roi de France Charles VI. Aussitôt, Henri VI, âgé de dix mois seulement, succède à son père et se fait proclamer « roi de France et d’Angleterre », le duc de Bedford, pendant la minorité du jeune roi, assura la régence en France. Il faudra attendre la providentielle sainte Jeanne d’Arc pour en finir avec cette occupation anglaise et voir Charles VII, véritable roi de France, régner à nouveau sur le trône de France.