Grâce aux érudites et minutieuses recherches de M. le docteur Ern. Wickersheimer, nous avons désormais à notre disposition un précieux dictionnaire des médecins en France au Moyen Âge, dont d’inlassables dépouillements lui ont permis de relever les noms. On peut signaler ceux de quelques médecins qui furent attachés à la personne de saint Louis. Me Arnaud de Poitiers, chanoine de Saint-Quentin en 1235, exerçait déjà la médecine sous Philippe-Auguste. Me Robert de Douai, qualifié de clerc, chanoine de Senlis et de Saint-Quentin en 1245, 1246 et 1254, était « physicus régis » et probablement aussi de la reine Marguerite, il meurt en 1258, léguant 1 500 livres pour aider à la fondation du collège de Sorbon. Son anniversaire fut célébré en plusieurs établissements de Paris, et notamment à la Sorbonne. Il avait vendu en 1254 une maison sise à Paris, en face du palais des Thermes. On signale dès 1252 Pierre de la Broce, attaché à la personne du roi, et Guillaume de Nangis le mentionne en 1261, Baudouin d’Avesnes en 1266, comme chambellan. Il accompagna saint Louis à la croisade de Tunis. Mais c’est sous Philippe III qu’il reçut de son souverain des domaines considérables et prit sur lui un grand ascendant, le médecin (ou plutôt chirurgien) cédant le pas au favori et politicien comblé d’honneurs. M. Ch.-V. Langlois a raconté en grand détail la vie de ce personnage, son ambition démesurée, sa toute-puissance, puis sa disgrâce et sa mort : il fut pendu.
Guy de Gercelles, plus modeste, n’a pas fait beaucoup parler de lui ; en 1260, il abandonne la profession de médecin qu’il exerce à Paris pour entrer dans un ordre religieux. C’est encore un unique document de l’année 1249 qui nous fait connaître le nom, la personnalité et la patrie d’un autre médecin du roi : Nicolas Germinet, de Langres. Il paraît assez difficile, faute de précisions, malgré sa notoriété, de classer parmi les médecins royaux un savant florentin, Aldebrandin, auteur d’un ouvrage sur « le Régime du corps » composé à la demande de Béatrice de Savoie, comtesse de Provence, qui eut un gros succès, si l’on en juge par le nombre d’exemplaires que l’on en connaît, et qui fut imprimé, et une « Practica oculorum » dont la bibliothèque de l’Angelica à Rome possède une copie du XVe siècle. Il en est de même de Jean de Béthisy, originaire du diocèse de Soissons, chirurgien de Philippe III, mais dont le nom ne paraît pas dans les comptes royaux avant 1285-1286.
Par contre, Me Roger de Provins, chanoine de Paris, puis chancelier du chapitre de Saint-Quentin, est cité par Guillaume de Nangis et, d’après lui, par Du Gange et Le Nain de Tillemont ; son nom figure sur les tablettes de cire de Jean Sarrasin pour l’année 1256 avec la qualification de « fisicus régis », et l’appellation « Rogerus de Joyaco Castro », Roger de Jouy-le-Châtel, situe sa véritable origine, très voisine de Provins. A-t-il suivi le roi en Palestine ? On ne saurait l’affirmer, car le don que lui fit son souverain de plusieurs épines de la couronne du Christ et d’un morceau de la vraie croix peut tout aussi bien être un souvenir rapporté par saint Louis de la croisade, hommage de gratitude offert à son médecin parisien par saint Louis à son retour. Ces reliques et d’autres objets destinés au culte furent offerts par Roger de Provins à l’église de Saint-Quentin, qui célébra son anniversaire le 30 juillet.
Si saint Louis ne fut pas accompagné en Palestine par Roger de Provins, il emmena du moins avec lui une femme-médecin, nommée Hersent, à laquelle on le voit concéder, sa vie durant, par lettres d’août 1250, une rente à prendre sur les revenus de la prévôté de Sens, dès qu’elle sera rentrée en France. Quelques années après, elle épousera un apothicaire du roi et deviendra propriétaire d’une maison à Paris. Les femmes-médecins n’étaient pas aussi rares qu’on pourrait le croire. Géraud, il y a cent ans, en cite huit ; le docteur Baudouin en nomme plusieurs au XIVe siècle. Il semble, d’ailleurs, probable que, pour la plupart, elles étaient surtout des sages-femmes, voire des infirmières. On comprend la présence de ces professionnelles à la Cour ; on la comprend mieux encore à la croisade ; on n’ignore pas qu’aux diverses
croisades des femmes se joignirent aux hommes, et il est naturel que leur santé pût nécessiter les soins d’une autre femme.
Si l’on compte que le cortège royal se composait de trente huit grands navires et qu’au retour il n’y avait pas moins de 800 personnes sur le seul bateau royal, si l’on se rappelle que la reine donna plusieurs enfants à son époux au cours du voyage, on peut conclure que la profession ďHersent et de ses collègues ne fut sans doute pas une sinécure. Quand saint Louis partit pour l’Afrique en 1270, malade, trois médecins à tout le moins l’accompagnèrent : Me Dudon de Laon, qui l’assista au jour de son décès et se retrouve au service de Philippe le Bel ; Me Martin, que nous connaissons seulement par une lettre de Pierre de Gondé écrite de Tunis, le 21 août 1270, à Mathieu de Vendôme, et nous avons vu que Pierre de la Broce avait été également du voyage. Il me reste à parler d’un autre médecin de Saint Louis, nommé Pierre Lombard. Si je n’ai à peu près rien ajouté à ce que l’on savait des précédents, je puis, sur ce dernier, apporter quelques renseignements inédits.
Me Pierre Lombard était d’origine italienne et, si son surnom ne suffisait pas à l’indiquer, nous en avons la preuve certaine dans ce fait que l’un de ses frères, dans les documents publiés ci-dessous, est qualifié de citoyen de Crémone. On le voit, en 1227, acheter à un vicaire de Notre-Dame de Paris, pour trente-trois livres parisis, une maison sise dans cette ville, en la censive de Sainte-Geneviève, entre la porte Saint-Victor et la porte Saint-Marcel, puis agrandir peu à peu cette modeste propriété en acquérant des terrains contigus. Quelques années après, il est en procès avec un propriétaire voisin, Philippe de Rosiers, qui lui avait vendu une maison avec jardin également située sur la montagne Sainte-Geneviève. Lorsque Pierre Lombard tombe malade d’un mal qui devait l’emporter, en 1247, il fait son testament aux termes duquel il règle le sort des maisons dont il était devenu propriétaire : elles seront aliénées et l’argent provenant de cette vente sera distribué aux personnes mentionnées dans ses dernières volontés. Les exécuteurs de ces volontés furent un chanoine de Paris, P. de La Colonne, le cellérier de Sainte-Geneviève, Me Thomas, et un apothicaire royal ayant son officine sur le Petit-Pont. La vente produisit 440 livres parisis, et l’acquéreur, le chanoine Isembard, notaire pontifical, en fit don à son tour, en 1250, à l’abbaye de Froidmont, pour le repos de son âme et de celle de Jacopo, évêque de Preneste. Chanoine de la cathédrale de Chartres, Pierre Lombard y fut inhumé ; il laissa au Chapitre 65 livres pour la célébration de son anniversaire, fixé au 19 janvier. Plusieurs établissements religieux parisiens, notamment les abbayes de Sainte-Geneviève et de Saint-Victor, profitèrent également de ses bienfaits.
En terminant, je signalerai, au sujet de Pierre Lombard, une erreur singulière qui a été maintes fois répétée. Du Gange le cite sous cette forme : « Petrus Lombardus, canonicus Carnotensis, archiater Ludovici VII ann. 1138, obituar. Garnot. » Une note des Obituaires du diocèse de Sens donne la même information ; elle est reproduite par Chomel, par Berthaud, par le Répertoire des sources historiques du chanoine U. Chevalier ; elle est répétée par le docteur Wickersheimer. Cette erreur, qui fait vivre notre Pierre Lombard un siècle trop tôt, provient d’une confusion étrange avec le célèbre philosophe Pierre Lombard, dit le Maître des sentences, évêque de Paris en 1158, mort en 1160, contemporain du roi Louis VI (et non de saint Louis), qui a fait l’objet de nombreuses études. L’identité est inadmissible, et l’on peut être surpris de voir que l’erreur d’un siècle propagée par Du Cange ait duré si longtemps. M. le docteur Wickersheimer semble avoir raison de demander si l’inscription posée dans le vestibule de la Faculté de médecine de Montpellier en l’honneur du médecin de Saint Louis Pierre Lombard est bien à sa place. Je me range à son avis. On ne sait rien d’un séjour qu’il aurait fait à Montpellier ni d’un rôle qu’il y aurait joué.
Henri Stein
SOURCE :
Stein Henri. Pierre Lombard, médecin de Saint Louis. In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1939, tome 100. pp. 63-71 ;
doi : https://doi.org/10.3406/bec.1939.449186
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1939_num_100_1_449186
Comment Saint Louis est-il devenu la figure la plus admirée de l’histoire de France ? Il a été, au XIIIe siècle, le maître incontesté de toute la chrétienté. Son amour de la paix et de la justice en feront un souverain, déjà de son vivant, au prestige moral incontesté.
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