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Ainsi était Saint Louis
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Publié le
27/10/2021

Ainsi était Saint Louis aux Editions Voxgallia

Louis IX : un roi très chrétien

Le 25 du mois d’avril 1214, la journée s’annonçait belle sur la ville de Poissy ; ce jour-là, Blanche de Castille accoucha d’un fils, le deuxième qu’elle offrait à la France. Elle l’appela Louis, comme son époux bien-aimé. Les cloches de l’abbatiale de Poissy résonnaient dans toute la ville si bruyamment que Blanche en était fortement incommodée ; elle se retira alors à quelque trois lieues de là, dans une ferme à la Neuville-en-Hey au nord de Paris. Une nourrice, nommée Marie la Picarde, aura la précieuse charge de prendre soin de l’enfant. À cette époque, le jour du baptême était considéré comme le véritable jour de naissance : pour Louis, il eut lieu dans l’abbatiale de Poissy. Au cours de sa vie, il aima être appelé Louis de Poissy en référence à la ville qui l’avait vu naître. Le saint du jour de naissance avait également une importance toute particulière, le 25 avril, le royaume de France fêtait la Saint-Marc. Comme une prophétie, celui qui allait devenir son plus fidèle compagnon, Sire de Joinville, notait qu’en France, à la Saint-Marc, on portait des croix en procession en beaucoup de lieux.

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Cette coutume avait une signification particulière pour les paysans, car elle avait pour but de bénir les semailles et ainsi espérer de bonnes récoltes. Ces croix étaient appelées des croix noires, signe avant coureur, disait Joinville, de cette multitude d’hommes qui allait mourir lors des deux croisades à venir. Les hommes du XIIIe siècle étaient imprégnés de la crainte de la mort, sensibles aux moindres signes de la fin des temps. Louis allait en être l’archétype : en roi eschatologique, il passera sa vie, sans relâche, à préparer son âme et celles de son peuple à la rencontre divine. La personnalité du jeune Louis fut forgée par trois figures tutélaires. Tout d’abord son grand-père Philippe Auguste, le vainqueur de Bouvines ; il représentait la figure de sauveur pour tout son peuple ; le jeune Louis eut la chance de le connaître. Ensuite son père, le futur Louis VIII dit le Lion, impressionnait par son courage, tant ses qualités de chevalier étaient reconnues. Et enfin sa mère Blanche de Castille, sans aucun doute la femme de sa vie, était une mère pieuse, autoritaire et douce à la fois, une mère protectrice. Elle transmit sa profonde piété à son fils avec une grande intransigeance comme lorsqu’elle lui dit d’un ton ferme :

Mon fils, je vous aime énormément mais je préférerais vous voir mort à mes pieds plutôt que de vous voir commettre un seul péché mortel.

Blanche de Castille et Louis VIII : glorieux parent du saint roi

Originaire de Palencia en Castille, cette femme au coeur viril était arrivée en France à l’âge de 12 ans pour être mariée à Louis VIII. Elle était belle et érudite, connaissait les lettres, la musique, les sciences, Louis allait beaucoup apprendre d’elle. Il deviendra une synthèse parfaite de tous ces traits de caractère : à la fois valeureux chevalier, protecteur indéfectible de son royaume, soutien invétéré de la connaissance et enfin roi intransigeant et pieux. Alors qu’il n’était qu’un enfant, sa foi le poussa à un comportement qui ne pouvait être puisé qu’à la source des Évangiles. Un beau matin, alors que la cour royale dormait encore, un moine agenouillé appela la reine Blanche. Face à eux, la cour du palais qui était accessible à tous était remplie de vagabonds, de clochards attendant l’aumône. Ce que virent Blanche et le moine dépassait l’entendement : le jeune Louis aux cheveux blonds, vêtu comme un simple écuyer, donnait à ces miséreux des pièces de monnaie. Il dit un jour que les pauvres étaient pour lui les « soldats de son royaume, ses protecteurs et qu’ils étaient l’incarnation du Christ ». Comme tous les enfants nobles de son temps, jusqu’à sept ans, il vécut principalement avec des femmes ; les hommes qu’il voyait étaient avant tout des ecclésiastiques. Au contact de moines franciscains et dominicains dès son enfance, il put développer très tôt le sens de l’humilité et de la charité, il aimait tant la compagnie des prud’hommes. Geoffroy de Beaulieu, son futur confesseur, résuma parfaitement ce que furent ses premières années :

Enfant, il devenait de jour en jour un homme parfait.

Sa mère Blanche vouait une dévotion profonde pour saint François qui était l’incarnation de ces pieuses vertus. Tout au long de sa vie, Louis aura des relations sincères et privilégiées avec les franciscains si bien qu’à la mort du saint catholique en 1226, les frères du fondateur de l’ordre franciscain envoyèrent à Blanche et à Louis une relique, le coussin sur lequel le saint se reposait. Louis n’avait que douze ans. Une vieille pratique appelée primogéniture voulait que l’aîné de la famille royale succédât à son père le roi de France, et Louis, n’étant pas l’aîné, se prédestinait à n’être qu’un prince royal comme tant d’autres avant lui. La charge du royaume de France revenait à Philippe, son frère de quatre ans son aîné. Mais le destin du royaume bascula quand le prétendant au trône, Philippe, mourut en 1218. Alors âgé de seulement quatre ans, Louis devenait de fait le prétendant au trône de France. Cinq ans plus tard, son grand-père tant aimé, Philippe Auguste, roi de France trépassa. Louis VIII, le père du futur Louis IX, lui succéda sur le trône de France pendant trois courtes années. Son règne fut si bref qu’il n’eut pas le temps de le préparer à la fonction de roi ; ce sera sa mère, encore reine de France, qui allait l’éduquer. À ses côtés, elle allait, par son sens politique indéniable, combler son manque d’expérience et faire de lui un des plus grands souverains français.

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