Louis IX (Saint Louis)- roi de France (cours)

Illustration de Louis IX roi de France

Dates principales à retenir

  • Né le 25 avril 1214 à Poissy
  • Mort le 25 août 1270 à Tunis
  • Sacre le 29 novembre 1226 en la cathédrale de Reims
  • Canonisation : 11 août 1297

Famille

  • Parents : Blanche de Castille et Louis VIII dit le Lion
  • Frères : Robert d’Artois, Alphonse de Poitiers, Charles de Sicile
  • Sœur : Isabelle de France
  • Enfants : Blanche de France, Isabelle de France, Louis de France, Philippe III, Jean de France, Jean Tristan de France, Pierre d’Alençon, Blanche de France, Marguerite de France, Robert de Clermont, Agnès de France

Événements principaux de son règne

  • À l’âge de quatre ans, à la mort de son frère Philippe, Louis hérite de la couronne de France
  • À douze ans, à la mort de son père Louis VIII, il devient roi de France
  • Sa mère, Blanche de Castille, exerce le rôle de tutrice ou baillistre (plus tard appelé régence)
  • Blanche de Castille donne une éducation religieuse très exigeante à son fils
  • Le 14 juillet 1223, son grand-père Philippe Auguste meurt à Mantes
  • Le 8 novembre 1226, son père Louis VIII meurt à Montpensier
  • Le 29 novembre 1226, à Reims, il est sacré par l’évêque de Soissons
  • De l’année 1227 à 1234 : Blanche de Castille et Louis IX matent la rébellion de quelques barons
  • Le 27 mai 1234, Louis IX épouse Marguerite de Provence à Sens
  • 1239 : Louis IX acquiert les saintes Reliques de la Passion du Christ
  • De 1242 à 1243, Louis IX mène la Guerre de Saintonge contre Hugues X de Lusignan et Henri III d’Angleterre
  • Du 22 au 24 juillet 1242 : Bataille de Taillebourg entre Louis IX et Hugues X de Lusignan et Henri III d’Angleterre
  • 1248 : Louis IX se lance dans la septième croisade
  • 1254 : retour de Louis IX de Terre sainte
  • 1259 : signature et ratification du Traité de Paris
  • 1270 : Départ pour la huitième croisade et mort de Louis IX à Tunis
  • 1297 : Canonisation de Louis IX qui devient Saint Louis

Biographie de Louis IX

Conférence sur le règne de Louis IX

Blanche de Castille, mère de Louis IX (Saint Louis)

Blanche de Castille : une mère pieuse

Blanche de Castille, sans aucun doute la femme de sa vie, était une mère pieuse, autoritaire et douce à la fois, une mère protectrice. Elle transmit sa profonde piété à son fils avec une grande intransigeance comme lorsqu’elle lui dit d’un ton ferme :

« Mon fils, je vous aime énormément mais je préférerais vous voir mort à mes pieds plutôt que de vous voir commettre un seul péché mortel ».

Louis VIII, père de Louis IX (Saint Louis)

Louis VIII : un père vaillant

Le père de Louis IX était mort précipitamment le 8 novembre 1226 de dysenterie à Montpensier. Quelques jours avant de mourir, il avait demandé à ses barons et à ses prélats de s’engager par serment à faire foi et hommage à son fils Louis aussitôt que possible après sa mort. Il en fut fait ainsi. Pour maintenir la stabilité du royaume, il n’y avait pas de temps à perdre, Louis IX devait être sacré en urgence. Il n’y eut que trois petites semaines entre la mort du roi et le sacre de son fils, une véritable prouesse l’organisation tant les communications de l’époque étaient lentes.

L’adoubement de Louis IX

Au Moyen Âge, un roi ne pouvait être sacré roi sans avoir été, au préalable, fait chevalier. La cérémonie d’adoubement avait habituellement lieu dans la vingtième année du prince. Mais les circonstances bousculèrent les conventions, si bien que du haut de ses douze ans Louis allait devoir être adoubé en hâte avant son sacre. Habituellement entourée de faste et d’éclat, l’entrée dans l’ordre de la chevalerie du jeune roi fut exceptionnellement modeste. La cérémonie eut lieu sur la route de Reims, à Soissons.

Le sacre de Louis IX

29 novembre 1226 : sacre du roi Louis IX

Le jour était historique : le 29 novembre 1226, premier dimanche de l’Avent, plusieurs évêques accompagnèrent l’enfant sur le trajet du lieu du sacre en récitant des oraisons. Cet enfant de douze ans en passe de devenir roi de France pensait probablement à ses illustres ancêtres, qui eux aussi foulèrent le sol de cette cathédrale emblématique, chef-d’œuvre de l’art religieux médiéval. Le trône, recouvert d’un drap écarlate agrémenté d’or, était entouré des pairs laïques et ecclésiastiques du royaume attendant son auguste propriétaire. À l’extérieur de la cathédrale, trois cents chevaliers revenaient de l’abbaye de Saint-Rémi avec la Sainte Ampoule de Clovis et, arrivés devant le prince, descendirent de leur palefroi. La procession débuta. L’évêque de Soissons portait le précieux récipient et le déposa sur l’autel. Puis vint le moment de recevoir la Sainte Onction. Vêtu d’un lourd manteau posé sur sa silhouette frêle, sa tête reçut une couronne resplendissante de saphirs, d’émeraudes et de rubis. En tant que roi, il fit le serment de maintenir les coutumes de l’Église, de rendre la justice à son peuple et de le garder en paix. Trois semaines après la mort de son père, le moment était solennel, ses yeux étaient embrumés par l’encens quand son cœur, exalté par les acclamations des hauts dignitaires présents, pouvait ressentir le poids de l’Histoire.

Les barons se révoltent contre la couronne de France

Duc de Bretagne Pierre Mauclerc

Le 21 février 1227, Blanche de Castille et Louis IX étaient à Chinon, les coalisés, eux, étaient tout près, à Thouars. Une bataille rangée était sur le point d’éclater. Les pourparlers s’éternisaient au point qu’aucune issue ne semblait émerger. La régente Blanche de Castille engagea alors les négociations et somma Pierre Mauclerc et Hugues de Lusignan de se présenter à Chinon ; pour montrer sa bonne foi, elle demanda à l’armée de se replier un peu plus au nord, mais les barons rebelles temporisaient car ils attendaient une intervention anglaise… en vain. Profitant de ce moment de fragilité chez les renégats, Blanche les appela à se soumettre avec empressement une seconde fois à Tours, mais ils persistaient dans leur refus d’obtempérer. La patience de Blanche de Castille s’arrêta là. Elle leur notifia de se rendre à Vendôme pour se soumettre au roi de France. Ultime sommation. Ne voyant aucun soutien venir de la couronne anglaise, les rebelles acceptèrent et se rendirent à Vendôme, « remuant des lèvres et branlant du chef » ironisera un chroniqueur. Un traité fut signé le 16 mars 1227 et des mariages royaux furent consentis en gage de paix.

Montlhéry

Acculé par les barons, Louis décida de se réfugier dans la tour du puissant château de Montlhéry, à quelques encablures ; il le connaissait car, dans son enfance, on lui avait raconté les tracas que cette forteresse avait causés à son ancêtre Louis VI le Gros, qui, à cause de différends dans la succession de la seigneurie, l’empêchait de circuler en paix entre Paris, Etampes et Orléans. Une fois les querelles résolues, le château était redevenu un refuge de la dynastie. Exalté, le peuple arriva à Montlhéry, prêt à en découdre. Louis attendait patiemment dans la tour le soutien de tous ces hommes et femmes. Telle une armée, ils se rangèrent et se serrèrent à ses côtés et l’accompagnèrent jusqu’à Paris, prêts à se battre contre quiconque voulait attenter à sa vie. Prévenus de la mobilisation populaire massive, les révoltés renoncèrent et s’en allèrent dans leurs contrées respectives. Cet épisode imprima dans l’esprit de Louis une reconnaissance indéfectible et profonde envers son peuple. Touché par tant de bienveillance, tout au long de sa vie, il ne cessera de se remémorer cette histoire.

Quelques années plus tard, il confia à son ami Jean de Joinville : « Depuis Montlhéry, le chemin était tout plein de gens en armes ou sans armes jusqu’à Paris, et tous criaient à Notre Seigneur qu’il me donne bonne vie et longue et me défendît et me gardât de mes ennemis ».

Louis IX devient un roi bâtisseur

Abbaye royale de Royaumont

Louis IX devenait un roi bâtisseur. Lui qui pouvait, du haut de ses quatorze ans, admirer de son palais royal la progression de l’édification de la cathédrale Notre-Dame de Paris, prouesse architecturale de son temps, comme ses ancêtres, il allait se révéler être un grand bâtisseur. Sous son règne, les monuments érigés à son initiative se révéleront dépourvus de richesse et de grandiloquence. Pour un roi de la trempe de Louis IX, l’édification d’un bâtiment devait servir non pas l’ego d’un monarque, mais la cause des plus humbles de son royaume. Le premier bâtiment qui vit le jour sous son impulsion fut l’abbaye de Royaumont en 1228. Elle deviendra sa nécropole familiale. Ses futurs enfants : Blanche, Jean, Louis et Jean-Tristan reposeront en ce lieu pour l’éternité.

Le traité de Meaux-Paris

Ratification par Raymond VII de Toulouse du traité de Meaux-Paris
Ratification par Raymond VII de Toulouse du traité de Meaux-Paris. Paris le 12 avril 1229. Cote AE/II/230

À partir de 1226, Louis VIII avait engagé une croisade contre les albigeois dans le sud du royaume. Après sa mort survenue sur la route du retour, les croisés entamèrent une politique peu glorieuse de la terre brûlée dans les possessions du comte de Toulouse, Raymond VII. Champs ravagés, récoltes saccagées, toute la vie économique de la région de Toulouse en fut affectée, si bien que Raymond VII, acculé, fut contraint de faire la paix avec la couronne capétienne. Louis IX n’avait pas participé à ces basses besognes pas plus qu’il ne les avait encouragées. Un compromis fut cependant négocié à Sens, puis un traité fut signé à Meaux le 12 avril 1229. Logé comme un otage au Louvre, tel un pèlerin, Raymond VII se rendit à Paris en chemise avec une corde autour du cou où il fit amende honorable sur les marches de Notre-Dame de Paris. Après son repentir public, il signa et confirma le traité. En plus de devoir prêter allégeance à Louis IX, le traité convenait la remise de sept châteaux en guise de garantie, l’indemnisation des églises lésées par la guerre, l’engagement de Raymond VII à financer la fondation d’une université à Toulouse afin d’extirper l’hérésie, l’obligation pour le comte de se rendre en Terre sainte et enfin le mariage entre la fille de Raymond VII de Toulouse, Jeanne de Toulouse, et le frère du roi Alphonse de Poitiers.

Le mariage de Louis et de Marguerite

Mariage de Louis IX et de Marguerite de Provence

L’heure était maintenant au mariage, célébré dans la cathédrale Saint-Étienne de Sens. Sur le trajet, Louis et des membres de sa cour distribuèrent des aumônes en grande quantité aux indigents. Arrivé à Sens, le roi continua sa distribution en attendant sa fiancée : quarante-cinq mille harengs furent distribués aux pauvres. Il n’y avait là rien d’exceptionnel pour Louis, l’aumône était son quotidien : chaque jour il recevait les plus nécessiteux à sa table et leur distribuait du pain.

Il était d’usage, lors de mariages royaux, que les rois, les reines et les seigneurs offrissent des cadeaux à leur entourage : des équipements de chevaliers pour les hommes, des robes pour les femmes. Quant à Marguerite, elle fit son entrée à Sens précédée de six hérauts sonnant de la trompette et d’un ménestrel de son père. La noce pouvait débuter. Le 27 mai 1234, un couple royal était en train de naître, Marguerite n’avait que 13 ans quand elle devint reine de France.

Il se plaisait à dire : « J’aime mieux que l’excès des grandes dépenses que je fais soit fait en aumônes pour l’amour de Dieu qu’en faste et en vaine gloire de ce monde ».

Louis IX acquiert les saintes Reliques

La sainte couronne d'épines exposée à Notre-Dame de Paris

En 1237, Baudouin II de Courtenay, empereur de Constantinople, visita Louis IX et lui demanda de l’aide car, en manque cruel d’argent, il s’apprêtait à remettre les Reliques de la Passion du Christ en gage contre un prêt d’argent. Pour l’empereur comme pour le roi de France, la Couronne d’épines ne pouvait pas tomber entre de mauvaises mains. Une fois achetées, les reliques arrivèrent en France et une procession pénitentielle s’engagea de Villeneuve-l’Archevêque vers la ville de Sens le 10 août 1239. Le roi et les siens firent la route l’air grave, les pieds nus, vêtus d’une simple tunique sur le corps. Quelques jours plus tard, Louis et son frère Robert d’Artois, tels deux pénitents, entrèrent dans Paris où ils furent accueillis par une foule immense et par l’ensemble du clergé de la capitale. À la suite d’une cérémonie digne de l’événement, les reliques furent déposées en la chapelle Saint-Nicolas, au cœur de son Palais-Royal, mais face à un tel trésor, la chapelle était si petite ! Il décida alors de construire un écrin à la hauteur de l’acquisition : la Sainte-Chapelle.

« Ils restent figés à la vue de l’objet amoureusement désiré, leurs esprits dévots sont saisis d’une telle ferveur qu’ils croient voir devant eux le Seigneur en personne portant à cet instant la Couronne d’épines ».

La bataille de Taillebourg

La bataille de Taillebourg de Saint Louis et Henri III

Le roi d’Angleterre, Henri III, voulait saisir l’opportunité de la discorde entre le roi de France et Hugues X de Lusignan pour débarquer en France et récupérer ses possessions confisquées par Philippe Auguste à Bouvines, mais la trêve conclue avec Louis IX en 1238 l’empêchait d’intervenir. La présence de l’armée royale sur les terres du Poitou et la mise au pas des plus puissants alliés poitevins furent un motif suffisant pour dénoncer la trêve. Avec l’assentiment de ses barons et des communes anglaises, Henri III débarqua à Royan avec ses troupes le 13 mai 1242 et déclara la guerre au roi de France le 16 juin 1242. Débuta alors une guerre qui allait durer près d’un an. Le 21 juillet, à Taillebourg, les deux armées se firent face avec seulement deux ponts chevauchant la Charente pour les séparer. L’assaut français repoussa les Anglais et le lendemain, le 22 juillet 1242, Louis IX et son armée traversèrent la Charente et engagèrent le combat dans la ville de Saintes où les Anglais s’étaient réfugiés. La supériorité française était incontestable. Face à l’offensive capétienne, l’armée anglaise se mit à fuir, et avec elle le comte de la Marche Hugues de Lusignan et le roi d’Angleterre Henri III Plantagenêt. Le 24 juillet, les habitants de Saintes remirent les clés de la ville au roi de France.

Louis IX lance sa première croisade

Après avoir lutté avec acharnement contre ses vassaux rebelles pendant de longues années, Louis, aidé par sa mère, pouvait se réjouir d’avoir réussi à apaiser son royaume. À son retour de la campagne de l’ouest, en août 1242, il dut lutter contre une violente épidémie de dysenterie. Affaibli, il réussit tout de même à rentrer à Paris. Deux ans plus tard, en décembre 1244, à Pontoise, une nouvelle attaque de dysenterie le rapprocha sérieusement du ciel. Contrairement à la première fois, celle-ci était d’une violence telle que les médecins jugèrent son cas désespéré. Louis, se sentant condamné, commença à faire ses adieux à son entourage.

« Voici que moi qui étais très riche et très noble en ce monde et puissant plus que tous par mes richesses, ma force, mes amis, je ne puis extorquer à la mort une trêve, ni à la maladie fût-ce d’une heure. Que valent donc toutes ces choses ? »

Saint Louis en croisade en Terre sainte lors de la septième croisade

Le 12 juin 1248, jour de Pentecôte, Louis IX se rendit à Saint-Denis prendre l’oriflamme, l’écharpe et le bâton de pèlerin de la main du cardinal légat Eudes de Châteauroux. L’heure était arrivée, après des années de préparation, il allait enfin pouvoir fouler la terre sacrée où le Christ fut crucifié. À partir de cet instant, mesurant l’importance de son entreprise, son comportement changea ; finies les tenues d’apparat, le moment de la modestie était venu. Roi depuis vingt-deux ans, arrivé à la moitié de son règne, Louis prit un chemin qui allait le mener à la sanctification. Le long périple commençait. Il se mit immédiatement en route vers Corbeil pour faire ses adieux à sa chère et tendre mère, Blanche, à qui il confia le royaume en son absence. Après l’avoir consolée avec tendresse, il reprit son chemin et fit une halte à Sens, puis continua sa chevauchée vers Lyon avant de descendre le Rhône pour rejoindre le port d’Aigues-Mortes.

Le 25 août 1248, accompagné de toute sa famille hormis sa mère et ses jeunes enfants, il embarqua en direction de l’Égypte. À bord des trente-huit grands vaisseaux et des centaines d’embarcations plus modestes, quelque 2 500 chevaliers, 10 000 fantassins, 5 000 arbalétriers et 8 000 chevaux prirent le large. En l’absence de vent, le départ définitif aura lieu le 28 août 1248. Les croisés, avant de débarquer sur les terres d’Afrique, jetèrent l’ancre à Chypre ; conquise par Richard Cœur de Lion en 1191, l’île servit de base aux opérations de la croisade. Le 17 septembre 1248, l’armée croisée débarqua dans le port de Limassol à Chypre, puis elle hiverna jusqu’au 30 mai 1249.

La paix avec Henri III, roi d’Angleterre

Par ce traité, conclu à Paris le 28 mai 1258, Henri III renonçait définitivement à la Normandie, à l’Anjou, à la Touraine, au Maine et au Poitou.

Dès 1254, alors que le roi Louis venait juste de poser le pied sur la terre de sa douce France, Henri III, toujours roi d’Angleterre, séjourna à Bordeaux pour mater une révolte des barons gascons. Une fois l’affaire résolue, voulant rentrer en Angleterre, il demanda l’autorisation à Louis de visiter l’abbaye de Fontevraud près d’Angers, alors en territoire français. L’abbaye, nécropole de ses ancêtres, abritait Aliénor d’Aquitaine son illustre grand-mère. Non seulement Louis IX accepta, mais il en profita pour le convier à célébrer la fête de Noël 1254. Les quatre soeurs de Provence étaient présentes : Marguerite, reine de France, Aliénor, reine d’Angleterre, Sancie, femme de Richard de Cornouailles et Béatrice, femme de Charles d’Anjou. L’entente entre les deux rois était cordiale si bien qu’il le raccompagna à Boulogne où le roi d’Angleterre embarqua vers son île. Peu de temps après, en guise d’amitié, Louis lui offrit l’éléphant qui lui avait été offert par le sultan d’Égypte lors de son séjour en Terre sainte. Le charme de Noël avait réussi à gagner les coeurs des deux rois autrefois ennemis. Aussitôt, Henri III demanda le renouvellement des trêves de paix à Louis IX qui les lui accorda volontiers. Dès 1257, l’évêque de Winchester fut chargé par Henri III de proposer à Louis IX un véritable traité de paix plutôt que des trêves précaires. Par ce traité, conclu à Paris le 28 mai 1258, Henri III renonçait définitivement à la Normandie, à l’Anjou, à la Touraine, au Maine et au Poitou. De son côté, Louis IX donnait au roi d’Angleterre ses domaines dans les diocèses de Limoges, de Cahors et de Périgueux. L’officialisation de leur amitié et surtout de la paix véritable allait mettre fin aux querelles vieilles de cent ans. Le 4 décembre 1259, dans le jardin du palais, le roi d’Angleterre prêta hommage au roi de France en mettant un genou en terre et ses mains dans celles de Louis IX.

Son dernier acte de bâtisseur

Le roi, à la foi si vive, était très attaché à la basilique Saint-Denis, si bien qu’il voulut en faire une nécropole royale.

Le roi, à la foi si vive, était très attaché à la basilique Saint-Denis, si bien qu’il voulut en faire une nécropole royale. À partir de l’année 1263, Louis commença à réorganiser les tombeaux et fit retrouver seize dépouilles royales mérovingiennes, carolingiennes et capétiennes puis en fit réaliser des gisants. Par cet acte de foi, mais aussi politique, il cherchait à établir une continuité dynastique incontestable et voulait rattacher sa famille à la plus illustre figure médiévale : Charlemagne. Les gisants vêtus à la mode du temps ne furent pas représentés morts mais les yeux ouverts, tournés vers l’Est, vers le soleil levant dans l’attente de la Résurrection. La commande dite de saint Louis fut le plus grand programme funéraire du Moyen Âge européen. Le royaume était désormais apaisé, réformé, la succession était assurée et la dynastie inscrite dans le cours de l’histoire ; dorénavant, le roi pouvait prendre la mer pour son ultime voyage. Mais avant cela, la justice l’appelait encore et toujours.

En route vers Tunis

Il se rendit à Saint-Denis, reçut le bâton de pèlerin ainsi que l’oriflamme et, après avoir fait ses adieux à son épouse Marguerite à Vincennes, prit la route vers Aigues-Mortes. Chaque étape était une occasion pour lui de faire un pèlerinage et de saluer son peuple qui l’avait tant aimé et qu’il avait tant aimé.

Son périple le fit passer par Melun, Sens, Auxerre, Vézelay, Lyon… Il n’avait pas oublié, sur la longue route qui le menait au port royal, de s’arrêter au monastère de Longchamp fondé par sa soeur Isabelle, seule fille de la fratrie qui consacra sa vie à Dieu. Elle avait quitté ce monde le 23 février 1270. Le 1er juillet 1270, avant de monter avec peine sur sa nef, la Montjoie, il fit appeler ses fils, Jean-Tristan, Philippe et Pierre.

« Au nom du Christ, je renonce à tout, richesse et honneur, pour m’exposer à tout, corps et âme. Je vous emmène avec moi, vous, mes chers enfants, ainsi que votre soeur aînée, et j’aurais emmené mon quatrième fils s’il avait été plus avancé en âge. »

Au cours des mois de mai et de juin 1270, une grande armée fut rassemblée à Aigues-Mortes. Comtes, barons, chevaliers, hommes, femmes, tous aspiraient à la même chose : voir Jérusalem. Et ils prirent la mer.

Le 25 août 1270, à Carthage près de Tunis, le soleil était brûlant. Le silence régnait dans la tente royale ; entouré d’une foule attristée, le saint roi agonisait. Allongé sur un lit de cendre, la maladie le rongeait, son corps était faible mais sa foi plus puissante que jamais.

« Ô Jérusalem ! Ô Jérusalem ! Beau sire Dieu, ayez pitié de ce peuple qui demeure ici et donnez-lui votre paix. Qu’il ne tombe en la main de ses ennemis et qu’il ne soit pas contraint de renier votre saint Nom…Père, je remets mon âme entre vos mains.»

Le Christ avait prononcé ces derniers mots à la même heure au Golgotha. Sa fin était toute proche. Afin de rester en la seule compagnie de Dieu, il exigea avec le peu de force qu’il lui restait : Désormais que personne ne m’adresse plus la parole. Puis, il confia au Seigneur :

« Seigneur, c’est assez ; j’ai combattu jusqu’ici, j’ai travaillé jusqu’à présent à votre service de toutes mes forces, j’ai servi tant que j’ai pu votre peuple et votre royaume que Vous m’avez confiés ; maintenant en votre clémence, rappelez-moi à vous corporellement, je Vous prie, je Vous supplie ; soyez, Seigneur, Sanctificateur de leurs âmes et gardien de leurs corps, je les remets à Votre pitié. »

Les bras croisés sur la poitrine, tenant la croix, il s’endormit dans le Seigneur.

Le 11 août 1297, le pape Boniface VIII prononça la canonisation du roi sous le nom de saint Louis de France

La canonisation de Louis IX

Le 11 août 1297, le pape Boniface VIII prononça enfin la canonisation du roi sous le nom de saint Louis de France par la bulle Gloria Laus. Ces quelques mots extraits de la bulle de canonisation résument à eux seuls toute la vie du roi :

Sans conteste possible, il était illustre par sa naissance, éminent par sa puissance, riche dans ses ressources, excellent par ses vertus, correct dans ses mœurs, remarquable par sa noblesse d’âme, étant donné que tout ce qui était déshonnête et honteux était banni de sa présence.

Le 25 août 1297, jour de sa fête, en la basilique de Saint-Denis, ils étaient tous là pour honorer le saint roi. Le roi Philippe IV le Bel son petit-fils, Jean de Joinville son ami et bien d’autres prélats, barons, clercs et gens du peuple ; tous allaient assister à l’élévation et au placement des ossements de saint Louis dans une châsse derrière l’autel.


Bibliographie

Jacques Legoff – Saint Louis – (Éditions Folio Histoire)
Dom Guéranger – Saint Louis et la papauté (Association Saint Jérôme)
David O’Connell – Les propos de Saint Louis – (Éditions Folio Histoire)
Régine Pernoud – La Reine Blanche (Le livre de poche)
Albert Lecoy de Lamarche – Saint Louis son gouvernement et sa politique – (Éditions Saint-Remi)
Marie Dejoux – Les enquêtes de Saint Louis, gouverner et sauver son âme (Presse Universitaire de France)
Jean de Joinville – Vie de Saint Louis (Éditions Jacques Monfrin)
Gérard Sivéry – Blanche de Castille (Éditions Fayard)
Régine Pernoud – Saint Louis et le crépuscule de la féodalité (Éditions Albin Michel)

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