La première croisade (1095-1099), prêchée par le souverain pontife Urbain II, fut un succès éclatant pour les sujets de la Croix. Godefroid de Bouillon, Baudoin de Boulogne, Adhémar de Monteil, Alain de Bretagne, Bohémond de Tarente et Raymond de Toulouse sont autant de noms valeureux à avoir participés à la libération du Christique Tombeau. Déterminés à servir leur foi et attachés à leur promesse, ils réussirent la prouesse d’évincer les sarrasins de nombreux territoires. Ils seront appelés : « Les États latins d’Orient ».
Cinquante ans se sont écoulés après les retentissantes victoires chrétiennes sur les ennemis de la Foi. Les États latins d’Orient, sécurisés par la gouvernance de rois chrétiens, se font surprendre en 1144 par l’offensive de l’atabeg Seldjoukide de Mossoul. Édesse tombe. Les mains de ses bourreaux répandirent quantité de sang chrétien, ce qui ne manqua pas d’ébranler de stupeur toute la Palestine. Les hurlements de terreurs, venus bourdonner aux oreilles du pape d’Eugène III, motivèrent le pape de charger Saint Bernard (Bernard de Clairvaux) de prêcher en Europe, alors déjà troublée par d’innombrables affaires, la deuxième croisade ! Elle fut proclamée le 25 décembre 1145.
Grand saint qu’il fut, par ses miracles et ses vertus incontestées de pitié, de génie et d’éloquence, il alla d’abord prêcher en France, royaume du roi Louis VII. Ce dernier, aimé pour ses nombreuses qualités de bon chrétien, accueilli Bernard de Clairvaux avec grand enthousiasme. Le bon roi souffrait de mauvaise conscience. Il est vrai que l’incident de Vitry ne cessa de le tourmenter. Lui, défenseur de la veuve et de l’orphelin, du petit et de l’opprimé et pieux roi, était accusé d’avoir brûlé une église pleine de mille cinq cents personnes. Ce désastre eut court lors de son conflit l’opposant au comte Thibaud de Champagne. Après le siège de la triste ville, un petit détachement de son armée s’engouffra seul dans les recoins de la ville et commis ce dont on accusa le roi. Louis, arrivant sur place, ne s’en remit jamais. Et, c’est en raison de cette funeste étape que le roi écouta Bernard de Clairvaux avec toute la disposition d’une âme tourmentée en quête de rédemption. Quand Bernard lui fit la confidence d’un salut par la prise des armes, Louis se dressant devant le Saint, reçu la croix. Sa majesté pontifical, Urbain III, la posa sur son épaule, puis convainc Aliénor d’Aquitaine, son épouse, de le suivre en croisade. Elle accepta. Enfin, il se rendit à Saint Denis saisir l’Oriflamme.
L’étendard de Charlemagne en sa possession, Louis convoqua l’ensemble de sa baronnie à Vézelay. Le pieux roi laissa Saint Bernard tenir ces quelques mots :
Ne tentez plus d’apaiser la colère du Ciel par des gémissements stériles. Ne vous couvrez plus du cilice, mais de la cuirasse et du bouclier. Le bruit des armes, les dangers, les travaux, les fatigues de la guerre, chrétiens, voilà la pénitence que Dieu vous impose. Rachetez vos fautes par des victoires. Que la délivrance des lieux saints soit le fruit de votre repentir. Qu’une sainte colère vous anime au combat ; que le monde chrétien retentisse de ces paroles du prophète : – Malheur à celui qui n’ensanglante pas son épée !
Saint Bernard
La foule rétorquait gaiement : « Dieu le veut ! »
Le feu sacré brûlant de son ardent brasier, le cœur des vaillants de France se répand à travers l’Europe par les Saintes éloquences de Bernard. L’Allemagne de Conrad III et Les Pays-Bas se croisent. Ces croisades exhortées réveillent les rébellions des Espagnols qui combattent et remportent de précieuses batailles sur l’envahisseur Maures. Batailles dont les répercussions aboutiront à la Reconquista en 1492. Le voisin Portugais, Alphonse 1er, comte de Portugal, se fit proclamer roi sur les bords du Tage, après avoir triomphé des chefs Maures qui tenaient le pays. La domination reste importante, mais c’est un grand progrès. Non loin de la péninsule ibérique, les Siciliens se débarrassent également des envahisseurs sarrasins. La croisade des territoires européens se perpétue jusque dans les Balkans, où ce sont, cette fois-ci, des païens qui sont combattus. Tous ces peuples se souvinrent des mots d’Urbain II :
Dieu n’oubliera pas ceux qu’Il aura vu sous sa bannière !
Urbain II
C’est ainsi que les querelles européennes furent captivées par un ennemi commun : l’hérétique. Les Saintes croisades ne manqueront pas de soldats ! La volonté fut si forte, qu’il y eut autant de croisés qu’à la première croisade et se joint à eux un bataillon d’amazones chrétiennes sous la coupelle de la « Dame aux jambes d’or », nommée ainsi en raison de l’éclat de ses bottines dorées.
À la tête de quatre-vingt mille croisés, Louis, accompagné d’Aliénor d’Aquitaine, prit la route empruntée jadis par Godefroid de Bouillon pour arriver à Constantinople (1148), suivi par une armée forte en nombre de Conrad III. Les voilà arrivés dans la ville de l’empereur Manuel Comnène, un Grec schismatique, qui ne se trouva être autre chose qu’un ennemi malicieux. Des croisés ayant perdu leur chemin se firent égorger par ses hommes. On vendait aux chevaliers à la cape brodée de la farine au sein de laquelle de la chaux y avait été perfidement ajoutée. Et, comble de trahison, les musulmans étaient prévenus par l’empereur de la venue de l’armée de Dieu. S’en était trop pour l’Évêque de Langres qui voulut que l’on châtiât les « grecs perfides ». Mais les armées croisées n’avaient que Jérusalem en tête. Notre roi Louis VII ne manifesta aucune confiance en ces Grecs. Son intuition se révéla lumineuse. Il apprit que l’armée allemande, qui voulut prendre route sans attendre l’armée française en se faisant guider par des Grecs, fut prise au piège dans la Cappadoce ; et la moitié des phalanges germaniques furent massacrée par les Turcs. Conrad III, blessé par deux flèches, déplore la mort de trente milles de ses hommes en raison de la faim. Louis se porta au secours de son allié et ramena ce qu’il restait de la courageuse armée allemande à Constantinople. Puis, le roi se lança sur les bords du Méandre défaire l’adversaire turc qui sombra dans le fleuve. Une fois celui-ci franchi, le roi triompha des Turcs une nouvelle fois montrant ainsi des qualités de grand commandant. Mais le pieux souverain ne s’arrêta pas à ce jour de gloire, il se dirigea vers Satalie et soudain, devant eux, se dressèrent des monts interminables : les monts Cadmus. Les chemins sont étroits, fragiles ; les escarpements sont des bords d’estomacs sans fond. Après avoir donné l’ordre de faire halte, un corps d’expédition du roi ne reçut point l’information et, s’engouffrant dans la montagne, se vit surprendre par des Turcs méfiants postés sur les hauteurs. Ces derniers lancèrent des pierres faisant s’écrouler hommes et montures. Le monarque Français, dit le jeune, ne craignant rien, montant sur les hauteurs avec quelques hommes, se fendit sur l’ennemi avec une vaillance incroyable. Un témoin oculaire raconte la scène :
Oubliant sa propre vie pour la foule qui périssait, le roi s’était donc précipité dans les rangs de l’armée musulmane, et, à force de peines et d’efforts, il était parvenu à dégager la multitude des pèlerins. L’armée française avait à soutenir les attaques d’un ennemi cent fois supérieur en nombre ; l’escorte du roi périt toute entière dans cette mêlée. Louis, conservant toujours un cœur de roi, s’accroche aux branches d’un arbre et s’élance sur le haut d’une roche. Là, les flèches des Turcs viennent frapper inutilement sa cuirasse ; debout sur son rocher, comme sur un mur ou sur une tour de guerre, le roi de France fait tomber autour de lui les têtes et les bras de ceux qui l’assiègent.
Un témoin
Arrivant à Antioche le 19 mars 1148, Louis VII et Aliénor sont accueillis par Raymond de Poitiers, oncle de cette dernière. Ce dernier expose ses vues à Louis concernant la suite des opérations dans le but de reprendre Edesse. Il suggère au roi de prendre Alep sur la route menant à Édesse. Mais Louis, soupçonnant une relation trop ambiguë entre son épouse et son oncle, qui ne cessait de parler en leur langue maternelle du Langue d’oc, ne consentit pas à écouter une autre voix que celle du pèlerin qu’il était en quête de l’étape finale : Jérusalem. Aliénor s’étant rangée de l’avis de son oncle menaça Louis de faire annuler leur mariage. Arriver à Jérusalem, Louis part de nuit en direction d’Antioche, accompagné d’Aliénor en direction de Tripoli. Les époux arrivent à Jérusalem en avril 1148. La dissension entre les époux semble inéluctable.
Quelque temps après, l’armée de Louis VII ainsi que celle de Conrad III, rejoignent l’armée de Thierry d’Alsace pour prêter mainte forte au roi Baudouin III qui tentait, en 1148, d’assiéger Damas. Après avoir été victorieux des alentours de la ville, et avant l’assaut final sur la grande ville de Syrie, une réunion des princes croisés s’élabore. En effet, beaucoup d’entre eux revendiquent la ville, et la décision définitive appartient aux rois de France et d’Allemagne, les deux grands monarques de la deuxième croisade. Le choix se porta sur celui qui ne manda rien, le comte de Flandre. Mais cette décision arrêtée par les monarques ne fut pas du goût de tous, et la jalousie de certains princes conduira à des situations peu glorieuses. Corruption, retrait des troupes et conseils frauduleux sont les fléaux de l’armée croisée. Les décisions funestes, inspirées par des chevaliers corrompus, mèneront inéluctablement à la défaite puisque après avoir triomphé près de Damas, et à quelques pas de la victoire, les intrigues nombreuses causèrent l’inévitable obligation de lever le siège de Damas. Les jardins et les rivières se vidèrent et la bonne étoile changea de camps.
De retour en Europe, les rois reviennent exténués. Bien que la deuxième croisade eut pour principale réussite d’apaiser les vives tensions sur le sol européen, son expédition en Terre sainte fut un échec. Édesse ne fut pas reprise et les États latins continuèrent d’être harcelés par les mahométans Turcs. La décadence de ces États ira croissante, de nombreux hommes perdirent la vie et les ressources des pays princiers d’Europe s’étaient amoindries. Nous pouvons ajouter les paroles de Maimbourg :
« Ainsi Jérusalem, qui avait été si heureusement délivrée de la tyrannie des Sarrasins par les premiers princes croisés, sous le pontificat d’Urbain II, et gouvernés par neufs rois chrétiens durant quatre-vingt-huit ans, depuis Godefroid de Bouillon jusqu’à Guy de Lusignan, fut reprise par les barbares sous le pontificat d’Urbain III et soumise à Saladin. »
Maimbourg
L’échec de la deuxième croisade et la séparation des époux royaux furent d’autant plus dommageables qu’ils entraîneront la perte d’innombrables terres d’Aliénor d’Aquitaine sur le continent. Ce désastre est encore plus préjudiciable puisque c’est avec l’ennemi de toujours qu’Aliénor va s’unir et permettre à la perfide Albion de posséder de larges territoires sur le sol franc. Ce sont là, les prémices d’une guerre qui durera 116 ans… Si l’on s’arrête à ce constat, il est vrai que la deuxième croisade fut un échec, mais elle n’a pas été veine pour autant et cela pour plusieurs raisons. Malgré les dernières défaites en Terre sainte, la religion catholique reprit ses droits notamment sur le sol européen. Les saxons obtiennent des conversions des païens slaves, ce qui conduit à l’expansion de la Foi dans ce lieu du monde. La réussite des fronts espagnols et portugais sont une victoire de la Croix sur le Croissant. Et bien que le royaume de France fut le plus grand perdant de la croisade, il est incontestable que le plus brillant des princes engagés fut notre roi Louis VII. Sa vaillance, sa force, son cœur et sa grande piété ainsi que ses nombreuses victoires maintiendront ses ennemis en respect. Bien des Français accompagnant le roi se sont illustrés et partout l’on raconte les histoires qui entourent nos chevaliers. La légende de Sire du Créquy en est une parfaite illustration. Et n’oublions pas, surtout en ces jours présents : Gesta Dei per Francos *! Amen. L’Action de Dieu passe par les Francs ! Ainsi soit-il.
Article signé : Benjamin Aubert
– Deuxième croisade — Wikipédia (wikipedia.org)
• La deuxième croisade (1147-1149) (histoire-pour-tous.fr)
• Les Templiers et les Croisades
• Base de recherche de livres traitant de la foi | Bibliotheque-catholique
• Jacques Collin de Plancy – Légendes des Croisades (bibliotheque-catholique.com)
Pages 135 à 200.
Et bien juste pour vous dire que vous faites un travail formidable, saint, j’ai même envie de dire. Je n’ai pour l’instant que deux livres de votre collection mais je compte bien en ajouter d’autres prochainement. Merci car je peux, grâce à vous, approfondir sérieusement mes connaissances avec des livres toutefois très accessibles.
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J’aimerais vous remercier, car grâce à vous, je redécouvre (et étudie) avec joie la beauté de l’Histoire de la France, la grandeur de la Fille Aînée de l’Église (qui je l’espère, retrouvera ses lettres de noblesse et sa Foi).
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Des livres de qualité je recommande fortement pour les passionnés d’histoire de France
impeccable pour nos jeunes à qui l’éducation nationale supprime des pans entiers de notre histoire.
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