Charité de saint Grégoire le Grand

La vie très catholique du pape saint Grégoire le Grand

Pape saint Grégoire le Grand

Fils d’un sénateur immensément riche, de la famille Anicia, Grégoire, le grand homme de son siècle, fut d’abord préteur de Rome. Dans l’exercice de cette magistrature, il gagna le cœur des Romains et prit goût au luxe et à l’éclat des grandeurs terrestres. Mais Dieu l’appelait à une vie toute céleste. Cédant aux attraits de la grâce, il rompt brusquement ses liens, consacre ses richesses à fonder six monastères en Sicile, en établit un septième dans son propre palais à Rome, sur le mont Cœlius, et s’y fait moine lui-même. Il vend tout le reste de son patrimoine pour le distribuer aux pauvres ; et Rome, qui avait vu le jeune et opulent patricien parcourant ses rues dans des habits de soie et tout couvert de pierreries, le revoit avec admiration vêtu comme un mendiant, et servant lui-même les mendiants dans l’hôpital de son monastère.

Une fois, raconte le diacre Jean, un malheureux se présente devant saint Grégoire et implore sa charité. On lisait toutes les souffrances qu’il avait endurées sur son visage pâle et amaigri ; ses vêtements en lambeaux disaient assez combien sa misère était grande. C’était un marchand qui avait fait naufrage ; la mer avait englouti tout ce qu’il possédait, et lui-même n’avait échappé que grâce à la protection du ciel. Saint Grégoire, saisi de compassion à la vue d’une si grande infortune, lui fit donner six pièces d’argent. Quelques jours se passent; nouvelle visite du marchand, nouvelle aumône de saint Grégoire. Enfin il se présentait une troisième fois :

« Ses ressources étaient épuisées, » disait-il ; « il ne lui reste plus qu’à mourir, si celui qui l’a secouru avec tant de bienveillance ne vient pas de nouveau à son aide. »

Saint Grégoire appela l’intendant du monastère et le pria de faire l’aumône à ce malheureux. Mais les coffres du couvent étaient vides ; la charité du saint eût épuisé tous les trésors.

« Ne reste-t-il donc aucun vase de prix, aucun bijou ? » demanda-t-il.
— Nous avons encore une écuelle d’argent dans laquelle votre mère envoie les légumes qui servent à votre nourriture.
— Cherchez-la donc, mon frère, » répliqua le saint avec joie, et donnez-la promptement à cet homme, de peur de renvoyer triste celui qui est venu ici chercher la consolation. »

Le pauvre, ajoute l’historien qui raconte ce fait, reçut avec plaisir un présent si considérable et ne revint plus pour demander l’aumône à Grégoire, mais plutôt pour l’enrichir et le combler de dons et de grâces. En effet, on remarqua que, depuis ce moment, il fit de grands miracles, et l’on crut que c’était un don que l’ange, travesti en marchand, lui avait procuré par reconnaissance et pour récompense de sa libéralité.

La charité enseignée aux enfants