La révocation de l’Édit de Nantes – édit de Fontainebleau / Louis XIV

Bonjour à tous, le 30 avril 1598, le roi de France Henri IV, protestant converti au catholicisme peu de temps avant son sacre, décida de mettre fin à près de trente ans de guerres de religion entre catholiques et protestants en signant un ensemble de textes connus sous le nom d’Edit de Nantes. Presque cent ans plus tard, le 18 octobre 1685, à Fontainebleau, son petit-fils, le roi Louis XIV révoqua cet édit et de fait, signifia qu’en dehors de la religion catholique aucune autre n’était autorisée. Symbole du fanatisme de l’église pour certains historiens ou intellectuels modernes, faute politique pour d’autres, qu’en est-il vraiment ? Pourquoi Louis XIV a-t-il révoqué l’Edit de Nantes ? Quelles en furent les conséquences ? C’est ce que nous allons voir tout de suite mais avant permettez-moi de vous rappeler la sortie de mon premier livre Ainsi était Saint Louis disponible dès maintenant sur mon site Edition Voxgallia, merci pour vos commandes ! Allez retournons au XVIIe siècle. Bon épisode. 

Sous Henri IV le royaume de France comptait plus d’un million de protestants. Ils jouissaient d’une véritable liberté de culte. Dans certaines villes comme Montauban ou la Rochelle, ils étaient même pourvu de leurs propres soldats. Ces puissances locales étaient vu par certains comme un réel état dans l’état. Leur assurance entraîna plusieurs révoltes contre l’autorité royale si bien qu’à l’époque, le roi Louis XIII leur avait supprimé des privilèges, sans toucher à leur liberté de culte, par l’édit de grâce à Alès en 1629. Pendant près d’un siècle, inlassablement, que ce soit l’autorité royale ou les clercs, tous les moyens avaient été entrepris pour ramener les protestants à la religion catholique. Des controverses, des conférences entre pasteurs et prêtres, l’envoie de missionnaires (capucins et jésuites) ou encore la participation d’intellectuels comme Richelieu ou Bossuet étaient mobilisés pour extirper l’hérésie protestante du royaume. Dès 1666, le jeune Louis XIV, dont le conseil était constitué à 50% de protestants, travaillait à la réunion entre les deux cultes. Ne voyant pas de résultats probants, impatient, à partir de 1661, il passa à la vitesse supérieure en réduisant leur liberté religieuse. Les temples protestants furent interdits si bien que le nombre de temples passa de 760 sous Henri IV à 173 sous Louis XIV. Mais fallait-il révoquer alors que la plupart des temples avaient disparu ? En 1685, Louis XIV n’avait pas le choix. Les protestants ne pouvaient plus avoir d’existence civile car les baptêmes, les mariages et les sépultures étaient enregistrés dans les temples. Louis XIV devait soit leur rendre leurs temples soit révoquer l’édit de Nantes. Le chancelier de Louis XIV Michel le Tellier rédigea alors 12 articles. Ceux-ci stipulaient que le culte protestant était interdit, que les pasteurs avaient l’obligation de quitter le royaume sous 15 jours sous peine de galère, que les écoles protestantes étaient supprimées et que les fidèles protestants avaient interdiction de sortir du royaume et devaient faire baptiser leurs enfants et les élever dans la religion catholique. Les membres de la Religion Prétendue Réformée RPR comme ils se faisaient appelés, pouvaient cependant conserver leur commerce et jouir de leurs biens. Toute la société de l’époque, clergé, politique, intellectuels, applaudit l’initiative.

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    Mais alors, s’agit-il d’une faute politique ou d’un acte légitime ? Le roi de France, lors de son sacre, s’engage à défendre l’église, la foi catholique et promet d’extirper l’hérésie dans son royaume. Par l’édit de Nantes, Henri IV a donc rompu son engagement et a enfreint les lois du royaume quand Louis XIV, par l’édit de Fontainebleau, s’y est conformé. Les persécutions de catholiques par certains protestants, les insultes, les irrévérences, les blasphèmes, l’obligeait à agir. Par contre, la conversion – forcée – de 400 000 protestants dont des enfants sans l’accord de leurs parents, eut des conséquences délétères. Forcer un homme à se convertir était strictement interdit dans le catholicisme. Ces conversions n’étaient évidemment pas sincères. De plus, pour parachever ce simulacre de conversion, le roi faisait loger de force à travers le royaume des soldats chez les protestants. Cette initiative était appelée des dragonnades. L’édit de Fontainebleau a également entraîné un désastre économique et politique par le départ du royaume de 200 000 protestants : artisans, marin, professeur etc. et par l’hostilité de certaines puissances étrangères à notre égard.   

    En 1670, le royaume de France comptait 800 000 protestants en 1789, plus que 500 000. La révocation a-t-elle été à l’origine de la chute du culte protestant ? Nous l’avons vu, l’édit de Fontainebleau, légitime dans son principe, par le fanatisme de certains, a entraîné beaucoup de fausses conversions. Alors que les curés de paroisse et les missionnaires, par leur travail colossal, ont entraîné, eux, de vraies conversions. L’archevêque de Paris par exemple envoya pas moins de 800 prédicateurs dans les provinces pour prêcher l’Évangile, 600 jésuites ont été délégués par leur compagnie et des milliers de capucins ont, avec une incroyable patience, ramené en masse des huguenots à la foi catholique. Les moyens utilisés pour extirper l’hérésie protestante a eu pour conséquence, non la destruction du protestantisme, mais l’affaiblissement du catholicisme.