Le mariage de Blanche de Castille et Louis VIII

Bonjour, je vous emmène à la toute fin du XIIème siècle. Richard Coeur de Lion, roi d’Angleterre depuis 1189 et Philippe II Auguste roi de France depuis 1180 se sont livrés pendant de longues années des guerres infructueuses. Philippe II Auguste tentait vainement de reprendre la Normandie et le Maine au Plantagenêt. A la mort de Richard Coeur de Lion, en 1199, Jean sans Terre, son frère, monta sur le trône d’Angleterre. L’arrivée du nouveau souverain anglais ne ralentit pas pour autant les velléités capétiennes. Cependant, chacun dû affronter de grandes difficultés : la légitimité de Jean sans Terre était mise à mal par Arthur de Bretagne, fils du défunt frère du roi alors pour se renforcer Jean noua une alliance avec l’empereur du Saint Empire, Otton de Brunswick et Philippe II Auguste subit de la part du pape l’interdit sur le Domaine royal en raison de sa situation conjugale irrégulière. Il avait répudié son épouse légitime Ingeburge de Danemark pour épouser Agnès de Méranie. Alors plutôt que de persister dans l’affrontement, les deux rois décidèrent de s’entendre…pour le moment. Quoi de plus naturel, pour cette époque, que de sceller un accord par un mariage. Le fils de l’un épousera la nièce de l’autre. Comment s’est déroulé ce mariage ? c’est ce que nous allons voir tout de suite. Bon épisode.

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    Quand arriva la Noël 1199, les deux rois se rencontrèrent près d’Andelys en Normandie. L’accord conclu prévoyait ceci : Philippe II Auguste devra reconnaître Jean comme roi d’Angleterre et recevra son hommage vassalique pour les territoires Plantagenêts en France. Quant à Jean, il devra verser au roi de France la somme de 30 000 marcs d’argent et lui céder la châtellenie de Gisors et le Vexin. Pour sceller l’accord, le prince de France Louis devra épouser une des filles d’Aliénor, la soeur de Jean sans Terre. Sans qu’il fut précisé laquelle…

    La ratification du traité avait été fixée au 1er juillet 1200. Le temps pressait. La très respectée Aliénor d’Aquitaine, mère du roi d’Angleterre et ancienne reine de France et d’Angleterre, devra se rendre en Castille afin de choisir une des filles d’Aliénor d’Angleterre et d’Alphonse VIII de Castille. Âgée de 80 ans, munie d’un sauf-conduit pour garantir sa sécurité, Aliénor d’Aquitaine traversa le royaume de France. Arrivée à Burgos, elle fut accueillie par sa fille Aliénor et par son époux le roi de Castille Alphonse VIII. La prestigieuse Aliénor d’Aquitaine dut choisir parmi deux jeunes filles : Urraca et Blanca. L’aînée Bérangère était déjà mariée au roi de Leon Alphonse IX. Urraca avait l’inconvénient d’avoir un prénom difficile à prononcer en dépit de ses qualités morales et physiques évidentes quant à Blanca, Blanche une fois francisée, Aliénor d’Aquitaine avait su déceler en elle des qualités personnelles et physiques mais surtout un caractère digne de la fonction qui l’attendait.

    En avril 1200, du haut de ses douze ans, la jeune Blanche se rendit, accompagné de sa grand-mère, en direction de son époux le futur Louis VIII âgé de treize ans. Aliénor d’Aquitaine, exténuée, s’arrêta à l’abbaye de Fontevraud et laissa sa petite-fille finir le voyage sans elle accompagnée de l’archevêque de Bordeaux et d’une petite escorte. La jeune fille arriva en Normandie où elle y rencontra pour la première fois son oncle, le roi d’Angleterre Jean sans Terre. En raison de l’interdit jeté sur le royaume de France par le pape, le mariage ne pouvait se dérouler en terre de France. C’est la raison pour laquelle ils durent se résoudre à le célébrer en Normandie, possession du roi d’Angleterre. Après avoir ratifié le traité le 22 mai 1200 près d’Andelys, Blanche, gage du rétablissement de la paix, pouvait épouser le prince Louis le lendemain, le 23 mai 1200 à Portmort.

    Une fois célébré, la jeune fille se rendit alors avec son jeune époux vers un Paris en plein chantier. L’interdit pontifical impliquait l’interdiction de toute célébration religieuse ; les cloches étaient silencieuses et les églises désertes. Le mariage, événement politique d’importance, fut donc accueillis dans l’indifférence totale des parisiens. Voulut comme un gage de paix, l’union n’empêchera pas les deux souverains de s’affronter violemment quatorze ans plus tard à Bouvines.