Comment voyageait-on au Moyen Âge ?

Dans le cadre du nouveau programme de Seconde, Storiavoce propose aux professeurs d’Histoire mais aussi aux passionnés, une série en trois volets consacrée à la Méditerranée médiévale. Au cours de cette deuxième partie, nous abordons la question des voyages et des voyageurs sur cet espace géographique. Est-ce que l’on voyage déjà au Moyen-Âge? Qui sont ces voyageurs et pourquoi voyagent-ils? Combien de temps voyage t-on? Existait-il des “guides de voyage”? Comment accueillait-on le voyageur et comment le voyageur voyait-il l’étranger qu’il rencontrait? Médiéviste, Pauline Guéna répond aux questions de Christophe Dickès.

Notre professeure : doctorante en Histoire médiévale à Paris IV Sorbonne (direction d’Elisabeth Crouzet-Pavan), Pauline Guéna enseigne en cours de licence (ATER). Elle est co-auteur avec Florian Besson, Catherine Kikuchi et Annabelle Marin, d’Actuel Moyen-Âge – Et si la modernité était ailleurs? paru chez Arkhé édition. Elle anime le site Actuel Moyen-Âge. Membre du groupe de chercheurs médiévistes Questes, elle a participé au livre Le bathyscaphe d’Alexandre, l’homme et la Mer au Moyen-Âge paru aux éditions Vendémiaires. Sa thèse porte sur Venise à l’époque médiévale.

Le voyage au Moyen Age
Le voyage au Moyen Age

Le voyage au Moyen Âge

Au Moyen Âge, les modes de voyage étaient limités par rapport à ceux d’aujourd’hui. Les déplacements dépendaient souvent de la classe sociale, des ressources financières et des besoins spécifiques. Voici quelques exemples de moyens de voyage au Moyen Âge, avec quelques anecdotes :

  1. À pied :
    • La plupart des gens, en particulier les paysans et les artisans, se déplaçaient à pied. Les voyages pouvaient être longs et épuisants.
    • Anecdote : Les pèlerins se rendant à des sanctuaires religieux marchaient souvent sur de longues distances, parfois des centaines de kilomètres, pour accomplir leurs vœux.
  2. À cheval :
    • Les chevaux étaient un moyen de transport plus rapide, utilisé principalement par la noblesse et les chevaliers. Cela permettait de couvrir de plus grandes distances.
    • Anecdote : Les messagers royaux ou les chevaliers errants parcouraient le pays à cheval pour transmettre des messages, délivrer des nouvelles ou participer à des tournois.
  3. En charrette ou en carriole :
    • Les charrettes et les carrioles étaient utilisées pour transporter des marchandises ou pour permettre à des personnes de se déplacer plus confortablement sur de courtes distances.
    • Anecdote : Les marchands ambulants utilisaient des charrettes pour transporter leurs marchandises d’un marché à l’autre, contribuant ainsi aux échanges commerciaux.
  4. En bateau :
    • Les rivières, les canaux et les mers étaient des voies de transport importantes. Les navires à voile étaient couramment utilisés pour le commerce, les pèlerinages et les déplacements le long des côtes.
    • Anecdote : Les Vikings étaient connus pour leurs expéditions maritimes audacieuses à bord de drakkars, explorant et commerçant à travers l’Europe.
  5. En litière ou en palanquin :
    • Les personnes de haut rang social pouvaient se déplacer confortablement dans des litières portées par des serviteurs ou des animaux de bât.
    • Anecdote : Les reines et les dames de la noblesse utilisaient parfois des litières richement décorées lors de déplacements officiels ou de cérémonies.

Ces modes de voyage étaient souvent lents, inconfortables et dangereux, en particulier sur des routes non entretenues. Les voyages étaient également influencés par des facteurs tels que la sécurité, les conditions météorologiques et les conflits militaires.

Le voyage d’Aldric au Moyen Âge

Un jeune forgeron du nom d’Aldric, vivant dans un petit village médiéval niché au cœur de la campagne. Aldric, avide de découvrir le vaste monde qui s’étendait au-delà de son horizon familier, décida de se lancer dans un voyage.

Son désir de voyager était motivé par la quête de nouvelles techniques de forge, d’inspiration artistique et, surtout, par la promesse de rencontrer des maîtres forgerons légendaires dont il avait entendu parler dans les récits de voyageurs de passage.

Aldric prépara soigneusement son modeste équipement de voyage : une besace contenant quelques pièces d’or, des provisions, une carte grossière dessinée par le vieux cartographe du village, et une dague que son père lui avait forgée. Il enfila sa cotte de mailles, emprunta le vieux cheval de labour de son père, et partit à l’aube, laissant derrière lui les champs familiers et la quiétude de son village.

Son voyage le conduisit à travers des sentiers boueux, de vastes étendues de forêts mystérieuses et des rivières tumultueuses. Il rencontra des marchands ambulants transportant des marchandises rares, des moines errants en quête de spiritualité, et des groupes de ménestrels animant les places des villages.

Aldric s’arrêta dans des villes fortifiées où il échangea des histoires avec d’autres artisans, apprit de nouvelles techniques de forge et améliora ses compétences. À la lueur des feux de camp partagés avec des compagnons de voyage, il découvrit la richesse des récits sur des contrées lointaines et des aventures épiques.

Son périple le conduisit finalement à une cité réputée pour ses forgerons émérites. Là, il rencontra un maître forgeron dont les compétences dépassaient tout ce qu’Aldric aurait pu imaginer. Les deux hommes partagèrent leurs connaissances, et le jeune forgeron retourna chez lui enrichi de nouvelles techniques et d’une amitié forgée dans le feu de la créativité.

Aldric revint dans son village en tant que forgeron accompli, portant avec lui les souvenirs de son voyage, les histoires partagées autour des feux de camp et les techniques forgées au creuset de son exploration. Son désir de voyage avait transformé un simple forgeron en un artisan émérite, et son histoire devint un récit inspirant pour les générations à venir dans son village.

Le voyage médiéval
Le voyage médiéval

Quels étaient les risques des voyages au Moyen Âge ?

Les voyages au Moyen Âge étaient accompagnés de nombreux risques en raison des conditions de l’époque, des infrastructures limitées, des dangers naturels et des menaces humaines.

  1. Inconfort et Conditions Météorologiques : Les voyageurs devaient faire face à des conditions météorologiques souvent imprévisibles. Les routes pouvaient être boueuses, glissantes ou bloquées en raison de fortes pluies, de tempêtes de neige ou d’autres phénomènes météorologiques. Les voyages étaient souvent inconfortables, exposant les voyageurs aux éléments.
  2. Maladies : Les épidémies de maladies infectieuses étaient fréquentes, et les voyageurs étaient particulièrement vulnérables. Les conditions insalubres des routes, des auberges et des villes pouvaient favoriser la propagation de maladies telles que la peste bubonique et d’autres infections.
  3. Danger des Routes : Les routes médiévales étaient souvent mal entretenues et infestées de criminels. Les voyageurs risquaient d’être attaqués par des brigands, des bandits de grand chemin, ou des mercenaires. Les forêts, en particulier, étaient des endroits propices aux embuscades.
  4. Manque d’Infrastructures : Il y avait un manque d’infrastructures telles que des auberges, des relais de poste, ou des installations médicales le long des routes. Les voyageurs devaient être autonomes et se préparer à des périodes de voyage prolongées sans services.
  5. Conflits et Guerres : Les guerres étaient fréquentes au Moyen Âge, et les voyageurs pouvaient se retrouver pris entre les feux de conflits armés. Les frontières étaient souvent instables, et les territoires pouvaient changer de mains rapidement, exposant les voyageurs à des dangers inattendus.
  6. Absence de Cartes Précises : Les cartes étaient rares, imprécises et souvent basées sur des informations subjectives. Les voyageurs risquaient de se perdre, de prendre de mauvais chemins ou de manquer de ressources essentielles.
  7. Difficultés liées aux Transports : Les moyens de transport tels que les charrettes, les chevaux ou les navires étaient sujets à des pannes, des blessures, voire des naufrages. La nécessité de traverser des rivières pouvait également présenter des défis.
  8. Pèlerinages Risqués : Les pèlerinages vers des sites religieux étaient courants, mais les pèlerins étaient vulnérables aux mêmes risques que les autres voyageurs, en plus du fait qu’ils étaient souvent perçus comme des cibles de choix pour les criminels.

En raison de ces nombreux risques, les voyages au Moyen Âge étaient des entreprises périlleuses et réservées généralement à ceux qui avaient une raison impérieuse de se déplacer. Les histoires de voyages étaient souvent teintées d’aventure, de danger et d’exploits.

Qui est le pèlerin au Moyen Âge ?

Le pèlerin au Moyen Âge
Le pèlerin au Moyen Âge

Au Moyen Âge, le pèlerin était une personne qui entreprenait un voyage, généralement religieux, vers un lieu saint ou sacré pour des motifs de dévotion, de repentir ou d’accomplissement d’un vœu. Les pèlerinages étaient une pratique importante et répandue à cette époque, et les pèlerins venaient de toutes les classes sociales.

Voici quelques caractéristiques du pèlerin au Moyen Âge :

  1. Motivations Religieuses : La plupart des pèlerins étaient motivés par des convictions religieuses. Ils entreprenaient souvent des voyages vers des sanctuaires, des reliques ou des lieux saints associés à des figures religieuses, tels que Jérusalem, Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, ou encore le Mont-Saint-Michel en France.
  2. Repentir et Pardon : Certains pèlerins se lançaient dans un pèlerinage en signe de repentir pour leurs péchés, cherchant le pardon de Dieu. Le pèlerinage était considéré comme un acte de dévotion et de purification spirituelle.
  3. Accomplissement de Vœux : Certains pèlerins entreprenaient leur voyage pour accomplir un vœu formulé dans une période de crise, de maladie ou de danger. Accomplir le pèlerinage était vu comme une façon de remplir leur engagement envers Dieu.
  4. Expérience Personnelle : Le pèlerinage était également une quête personnelle. Les pèlerins cherchaient souvent à vivre une expérience spirituelle profonde, à renforcer leur foi et à se rapprocher de Dieu.
  5. Diversité Sociale : Les pèlerins provenaient de toutes les classes sociales, des paysans aux nobles. Certains étaient des ermites ou des moines errants, tandis que d’autres étaient des personnes ordinaires cherchant une expérience spirituelle particulière.
  6. Défis du Voyage : Les pèlerins étaient confrontés à de nombreux défis lors de leurs voyages, tels que les dangers des routes, les conditions météorologiques difficiles, et les risques de maladies. Certains pèlerins marchaient sur de longues distances, tandis que d’autres utilisaient des moyens de transport disponibles.
  7. Symboles de Reconnaissance : Les pèlerins étaient souvent reconnaissables par les insignes, coquilles ou emblèmes qu’ils portaient pour montrer qu’ils étaient en voyage sacré. Ces symboles facilitaient la reconnaissance entre pèlerins et renforçaient le sentiment de communauté.

Le pèlerinage au Moyen Âge était une pratique profondément enracinée dans la spiritualité et la culture de l’époque. Ces voyages étaient considérés comme des expériences transformantes et jouaient un rôle central dans la vie religieuse des individus.