Le commun des hommes de ces temps-là, quand ils étaient descendus dans la tombe, ne laissaient aucune trace de leur existence au delà de la génération qui les avait accompagnés dans la vie. Rien d’eux ne passait à la postérité, ni même à leur descendance, et leur nom, — ce nom unique, tout personnel et pas encore héréditaire, — ne devait se révéler par aucun caractère d’affinité à leurs arrière-petits-fils, si parfois ils le rencontraient mentionné, comme accessoire d’un domaine, dans quelque charte de propriété. Isolement des classes superposées et des générations successives, tel est le caractère de ces siècles de transition. Aussi voyons-nous avec étonnement surgir subitement et sans préparation, dans les chroniques, les noms des personnages illustres.
Nul détail contemporain, le plus souvent, sur leur famille, leur patrie, leurs antécédents : ils apparaissent tout à coup et avec leur œuvre achevée. Ces immortels ouvriers de la pensée et de la prédication ne sont nés pour la postérité qu’eu atteignant à la renommée ; il ne nous est donné d’admirer que leur maturité féconde, sans pouvoir, à l’ordinaire, étudier le développement de leur génie. L’obscurité qui les entoure comme hommes, concession faite sans doute par les contemporains à leur modestie, a profité à leur gloire. Ils ont plané au-dessus de leur âge dans un isolement idéal : le nom même qu’ils ont glorifié était communément emprunté à l’abbaye ou au siège épiscopal qui fut le théâtre de leur célébrité, et cette célébrité ne rejaillit que sur leur famille spirituelle et sur leur patrie adoptive. Ainsi nous apparaissent lumineuses, dans la nuit des âges lointains, les figures des maîtres de la philosophie et de l’éloquence, des créateurs et des réformateurs d’ordres religieux, des pontifes éminents, sortes de météores dont la carrière n’offre dans son éclat limité ni croissance ni défaillance sensibles. lui, n’eut pas tout à fait cette haute mais incomplète fortune, qui du reste allait moins à sou rôle et nous eût voilé une partie de ses mérites. Dans un temps de régénération, quand la Providence dotait avec profusion et discernement la jeune nation française, les saints et courageux prélats, les moines, pères de la dialectique et du mysticisme, furent l’âme et le génie du peuple nouveau qui naissait à la civilisation ; les héros des croisades en furent le bras fort et intelligent ; Suger en fut la raison froide, calme, pénétrante et fertile en institutions vivaces. Le génie créateur se peint lui-même dans ses œuvres, c’est toute son histoire : la chronique minutieuse et froide enregistre les prouesses des hommes d’épée, serviteurs des grandes causes.
Mais l’histoire d’un homme politique fie peut être faite qu’après une observation attentive du caractère de la société contemporaine de cet homme ; et le récit des événements auxquels il fut mêlé a besoin d’être éclairé par le commentaire de ceux qui furent clin témoins intéressés de ces événements. Ces éléments d’une histoire de Suger, nous les avons, et en grande partie fournis par Suger lui-même. Dans sa Vie de Louis le Gros, il a noté, apprécié l’apparition et l’avènement graduel de la politique nouvelle, méthodique et réfléchie, qu’il éleva lui-même, du premier coup, à la hauteur d’un système. Comme homme d’État, il s’est peint lui-même dans sa correspondance : la plupart de ses actes, du reste, appartiennent à l’histoire générale. Nous le connaissons, comme abbé, par les Chartes émanant de son autorité, et par son mémoire sur son administration à Saint-Denis.
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Suger naquit en 1082, sur le territoire de Saint-Omer, dans une condition qui ne faisait pas présager de hautes destinées. Son père, Hélinand, appartenait à la classe inférieure des hommes libres, celle des roturiers.
L’avenir tracé d’avance à un enfant de cette condition quasi servile était de cultiver toute sa vie, comme tenancier, le domaine d’autrui, sous la charge des redevances, des tailles arbitraires et des innombrables obligations féodales, pénibles, humiliantes ou odieuses. D’un berceau indigent à une tombe sans souvenir, soixante ans peut être de cette existence de misère et d’angoisses formaient la perspective d’un roturier de ce temps. Pour comble, le jeune Suger, voué ainsi par sa naissance aux rudes travaux des mains et aux souffrances de la pauvreté, avait des membres grêles et un tempérament débile. La vivacité précoce de son esprit, loin d’être une compensation aux disgrâces de la nature, lui préparait une souffrance de plus, en lui faisant mieux apercevoir la disproportion entre ses aptitudes, ses aspirations, et le but ingrat imposé à sa carrière.
Par bonheur, en dehors de la société civile parquée dans ses catégories infranchissables et purement matérielles, l’Église offrait aux déshérités de la fortune et de la force, quand Dieu semblait les avoir marqués de son sceau, un refuge pour la faiblesse, un patrimoine pour l’indigence et des horizons à leur mesure pour les facultés supérieures. Seule habile à discerner le mérite et à l’employer, l’Église se mêlait à toutes les classes, et, les dominant toutes, recherchait partout les intelligences d’élite, les vertus les plus rares, et les attirait à elle. Et, comme il faut au monde des guides éclairés, elle conduisait souvent, par la force même des circonstances, les plus dignes et les meilleurs au faîte des honneurs, de la puissance, par la voie du renoncement. Les dispositions du jeune Suger, qui seraient demeurées sans objet dans le monde, semblaient donc le destiner à la vie religieuse. Sa famille le comprit, et, devançant même le choix spontané de l’enfant, quand il eut atteint sa dixième année, son père alla le présenter comme oblat au maître-autel de l’abbaye de Saint-Denis en France.
C’était un usage fréquent alors, mais que des abus faciles à comprendre ont fait plus tard proscrire par l’Église, que des familles offrissent ainsi leurs enfants à Dieu, dans un âge où il était encore impossible de discerner en eux les traces d’une vocation ecclésiastique. Aux yeux de ces hommes d’une foi sincère, une telle offrande, faite pour le rachat des péchés de toute la famille, devait être agréée par Dieu et tourner au profit de son service. L’histoire montre, du reste, que la Providence justifiait presque toujours cette confiance des simples.
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