Extrait du livre : Ce qu’était un roi de France / Brentano
Après être remonté aux sources du pouvoir royal en France, voyons-en la mécanique, comme aurait dit
Saint-Simon. Rien n’est plus difficile, pour un esprit moderne, que de se représenter ce qu’était dans l’ancienne France la personnalité royale, le caractère des rapports qui unissaient le prince et ses sujets. Balzac, en son génie historique, l’a entrevu : « Alors, écrit-il, l’intérêt général est comme un intérêt de famille. » Et Rétif de la Bretonne : « Le premier roi fut un père de famille. » Justes vues de grands romanciers que vient confirmer l’érudition moderne. Paul Viollet, professeur à l’École des Chartes parle de notre ancienne monarchie : « Le pouvoir royal et le pouvoir patriarcal sont à l’origine apparentés de très près » ; et Jacques Flach, professeur au Collège de France : « Le principe royal était alors familial ; le roi est le père de famille. »
Aussi sa femme, comme en une maison bien ordonnée, doit-elle avoir part à l’administration. Elle tient le « ménage de la royauté », pour reprendre l’expression des chansons de geste. Paraissant devant le roi, elle peut dire en le saluant : Vechi la vostre amie et vostre trésorière. Le chambrier – nous dirions le « ministre des Finances » – est son subordonné. Robert le Pieux se plaît à louer l’habileté de la reine Constance dans la gestion des deniers publics ; quant à Bertrade d’Anjou, que Philippe Ier a fait asseoir sur le trône, elle faisait peut-être trop bien, du moins Ive de Chartres lui reproche de trafiquer des évêchés et dignités ecclésiastiques, pour alimenter le trésor royal.
Quand Philippe Auguste écarta les femmes du gouvernement, sans doute sous la répulsion que lui inspirait Ingeburge, il rompait avec une tradition deux fois séculaire. Car la monarchie française, tout en développant à travers les siècles les éléments qu’elle tenait de ses origines, n’en a pas moins été, comme tout organisme vivant, en transformation continue ; mais, ici encore, on trouvera jusqu’aux derniers temps de la dynastie les traces des conditions premières : en l’absence de Louis XIV, ce sera la reine qui signera les ordres du roi, autrement dit les lettres de cachet. Auprès du père et de la mère, le fils aîné. Dès l’enfance, il figure dans les chartes royales, Philippe Auguste à peine âgé de cinq ans, Louis VI dès sa huitième année.
L’accord de ces trois volontés – roi, reine, fils aîné, – est maintes fois exprimé dans les diplômes royaux. Réunis, ils constituaient ce que nous appellerions « la couronne » ; jouissant de cette inviolabilité, de cette suprême autorité que les hommes du Moyen Âge attribuaient à la trinité capétienne. Au père, en fait au roi, à la mère et au fils vient se joindre, si elle vit encore, la reine mère, la « reine blanche » comme on avait coutume de l’appeler, car elle portait en blanc le deuil du roi défunt son époux. Sous le règne de son fils, elle continue de participer au pouvoir. Puis les frères. Leurs droits, dans les premiers temps de la monarchie, sont beaucoup plus étendus que ceux dont ils jouiront plus tard sous le nom d’apanages. On est en famille et, pour privilégié que soit l’aîné, les cadets n’en ont pas moins leur part dans une gestion commune. Ainsi, pour nous résumer, dans les premiers âges de la monarchie, ce fut la famille royale qui administra le pays sous la direction de son chef.
À la famille immédiate du prince se joint son Conseil, qui comprend, comme le conseil du seigneur féodal, les parents du suzerain, « messeigneurs du sang », ses alliés et des personnages de confiance ; mais ces derniers, par cette même extension des cadres de la famille qui a produit la mesnie et le fief, sont eux-mêmes assimilés à des parents. À l’image du conseil féodal, celui du prince est ainsi composé de ses proches et des principaux barons, en tête desquels viennent les pairs de France, qui sont pour le roi des cousins – dit Louis V, – des parents, des conseillers, des serviteurs ; car tout se confond et s’unit en l’esprit familial qui régit les relations de l’époque. La réunion en formera la cour du roi, curia regis.
On la voit fonctionner aux XI et XIIe siècles. Souvent aussi la nomme-t-on « la Chambre du roi », à cause du lieu, « la Chambre » où elle se réunissait, distinguée de « la Salle » qui est destinée aux audiences publiques. Dans les circonstances importantes, le roi désire que son Conseil soit en nombre et il convoque ses grands vassaux. À cette occasion, la « Chambre » a été encourtinée, tendue de cendal (étoffes de soie) et de tapis. Le roi est assis dans un fauteuil, sous un dais ; les seigneurs présents prennent place à terre « sur la jonchée ». Au moment de prendre la parole, chacun d’eux se lève ; pour se donner une contenance, quelques-uns s’appuient contre le mur. Arrivent des messagers qui apportent des nouvelles jugées urgentes, relatives parfois à l’objet de la délibération. « Pierre de Mont-Rabei est descendu de cheval. En le voyant Charles fut tout joyeux :
– Pierre, avez-vous des nouvelles de Girard ?
– Oui, comme d’un félon et d’un chien. »
Ces mots agitent l’assemblée, au point que le comte Manecier se lève :
« Sire, faites taire tout ce monde, calmez le bruit et le tumulte et faites asseoir Pierre. »
Comte Manecier
Pierre prit place auprès du roi ; autour de lui les chevaliers étaient assis par terre. Or écoutez les nouvelles qu’il apporta… (Girard de Rousillon.)
D’autres fois, le roi délibère avec son Conseil dans l’une des cours du palais, ou sur la terrasse : « Un pin protégeait contre la chaleur et la bise soufflait doucement, une fontaine coulait par la gueule d’une chimère au préau où le roi tenait son parlement (délibération) avec son Conseil….» En été, il arrive que le prince convoque son Conseil hors du palais, sous les arbres du verger. Joinville a laissé une vivante peinture de la manière dont se tenaient ces assemblées. La délibération se déroula dans les circonstances les plus dramatiques. À Saint-Jean-d’Acre, saint Louis reçoit une lettre de sa mère qui lui demande de revenir en France, l’état de son royaume le réclame. Certain dimanche – nous sommes en août 1250, – le roi réunit ses frères et ses barons pour leur dire :
« Seigneurs, Madame la reine, ma mère, me prie tant qu’elle peut que je revienne en France…. Ceux de cette terre-ci (Palestine) à qui j’en ai parlé m’ont dit que si je m’en allais elle était perdue… Pensez-y, je vous prie, et parce que la besogne est grosse je vous donne répit pour me répondre jusque d’aujourd’hui en huit. »
Louis IX
Extrait du livre : Ce qu’était un roi de France / Brentano
La propagande révolutionnaire et plus de deux siècles construits sur ce socle bien tassé font que, depuis longtemps, plus personne en France ne sait exactement ce qu’était un roi de France, pas plus que comment ces rois étaient considérés par leurs sujets, nos ancêtres.
Et bien juste pour vous dire que vous faites un travail formidable, saint, j’ai même envie de dire. Je n’ai pour l’instant que deux livres de votre collection mais je compte bien en ajouter d’autres prochainement. Merci car je peux, grâce à vous, approfondir sérieusement mes connaissances avec des livres toutefois très accessibles.
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Continuez à faire de si beaux livres !
Je vous remercie pour votre travail et les ouvrages passionnants proposés
Merci pour votre travail de réédition, je viens de finir le péril cathare que j’ai beaucoup apprécié. Ces lectures me font découvrir à quel point nous avons une belle et grande histoire. Merci à vous.
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Des livres de qualité je recommande fortement pour les passionnés d’histoire de France
impeccable pour nos jeunes à qui l’éducation nationale supprime des pans entiers de notre histoire.
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