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Publié le
23/09/2024

Jours chômés au Moyen Âge : entre dévotion et tensions économiques

L’évolution du nombre de jours chômés à la fin du Moyen Âge est un sujet complexe qui soulève des questions d’ordre spirituel, économique, et social. Christine Barralis, dans son étude, « L’évolution du nombre de jours chômés à la fin du Moyen Âge », explore ces dynamiques à travers l’exemple de la province ecclésiastique de Sens. Elle met en lumière la tension croissante entre la multiplication des fêtes religieuses et ses répercussions sur la vie laïque.

La multiplication des jours chômés : un débat religieux

La question de la multiplication des jours chômés au Moyen Âge est intrinsèquement liée à la christianisation du temps. Au cœur du débat, des humanistes parisiens du règne de Charles VI, dont Nicolas de Clamanges, s’insurgent contre l’augmentation constante des fêtes chrétiennes. Dans son traité de 1413, Contre l’institution des fêtes nouvelles, Clamanges critique l’instauration de nouvelles fêtes religieuses, soulignant leurs effets négatifs sur la société chrétienne.

La multiplication des fêtes religieuses est une tendance ancienne, ancrée dans l’histoire chrétienne médiévale. Dès le XIIIe siècle, des prélats tels que Guyard de Laon ou Humbert de Romans commencent à s’inquiéter de l’augmentation des jours chômés, notamment pour les fêtes des saints martyrs et confesseurs​(jours chomes). Toutefois, c’est avec Clamanges que ce débat atteint son apogée. Dans un contexte de crise sociale et politique, marquée par la guerre de Cent Ans, Clamanges voit dans la multiplication des jours de fête une source de désordre moral. Il fustige l’usage de ces journées comme prétextes à la débauche plutôt qu’à la dévotion, les qualifiant de moments où les fidèles se livrent à des excès de nourriture, de boisson, et de violence.

Il n’est pas seul dans cette croisade morale. D’autres figures comme Jean Gerson et Pierre d’Ailly se joignent à lui pour prôner la modération dans l’établissement de nouvelles fêtes, défendant la piété personnelle et le retour à une pureté chrétienne, fondée sur une introspection mystique plus que sur des festivités communautaires. Cette nouvelle spiritualité se distingue par un retour à la contemplation, délaissant les traditions de liesse populaires pour une dévotion plus intérieure.

Le contrôle ecclésial du temps : entre christianisation et oisiveté

La christianisation du temps au Moyen Âge se manifeste par la structuration des calendriers autour des fêtes religieuses. Le débat qui s’élève au XIVe siècle porte sur la manière dont l’Église doit contrôler le temps des laïcs. Traditionnellement, les jours fériés religieux servaient à consacrer du temps à Dieu et à renforcer le lien communautaire au sein des paroisses. Cependant, cette vision entre rapidement en conflit avec celle de théologiens comme Clamanges, qui préconisent un usage du temps plus strict et moral.

Clamanges et ses collègues humanistes soutiennent que les fêtes chômées, telles qu’elles sont pratiquées, sont sources de désordre. Les fêtes, censées être des moments de recueillement, deviennent, selon eux, des occasions de péché. Le travail, en revanche, est perçu comme un moyen de discipliner les âmes et de prévenir les excès. Dans cette vision, la productivité économique est valorisée non seulement pour ses bienfaits matériels, mais aussi pour ses effets moralisateurs.

La question centrale posée par Clamanges est donc celle de la nature du temps « christianisé ». S’agit-il d’un temps libéré des contraintes matérielles et dédié à la dévotion ? Ou bien d’un temps marqué par une conduite chrétienne dans les activités quotidiennes ? Cette conception spirituelle est en contradiction avec l’augmentation constante des fêtes religieuses, qui transforment de nombreuses journées en moments d’oisiveté plutôt que de recueillement. Les fêtes ne sont pas seulement des pauses dans le calendrier ; elles deviennent des occasions de relâchement moral, éloignant les fidèles de leur devoir chrétien.

Les enjeux économiques : la pression laïque sur le calendrier religieux

Outre les préoccupations spirituelles, la multiplication des jours chômés engendre des enjeux économiques majeurs. Clamanges et d’autres critiques de l’époque dénoncent les répercussions matérielles du chômage des laïcs, surtout dans un contexte économique difficile. Le paysan, qui travaille déjà dur pour subsister, voit son quotidien davantage affecté par ces interruptions imposées, qui peuvent aggraver sa misère.

Les jours chômés, en particulier, posent problème pour les ouvriers payés à la journée. Dans des villes comme Paris, où la main-d’œuvre salariée est prépondérante, l’impact est considérable. Par exemple, Françoise Autrand estime que 60 % de la population active parisienne à l’époque de Charles VI est composée de journaliers​. Cette dépendance économique aux salaires journaliers rend chaque jour chômé particulièrement lourd à porter pour ces travailleurs.

L’opposition entre l’otium (loisir) et le negotium (travail) est donc au cœur des tensions sociales à la fin du Moyen Âge. Les fêtes religieuses, en créant de l’oisiveté dans une société qui valorise de plus en plus le travail, exacerbent les conflits entre les attentes spirituelles de l’Église et les besoins matériels des laïcs. Les transgressions, notamment celles de manouvriers qui continuent à travailler durant les jours chômés, sont fréquentes, et les autorités ecclésiastiques peinent à imposer leur autorité dans ce domaine.

Les réponses de l’Église : des ajustements ponctuels et locaux

Face à ces tensions croissantes, l’Église adopte des solutions diversifiées. En général, les prélats ne privilégient pas la suppression des jours chômés, mais ajustent le calendrier pour mieux répondre aux réalités locales. Dans la province de Sens, étudiée par Christine Barralis, on observe des variations importantes d’un diocèse à l’autre. Par exemple, dans le diocèse de Troyes, le nombre de jours d’obligation diminue de manière significative entre le XIIIe et le XIVe siècle​(jours chomes). D’autres diocèses, comme celui d’Auxerre, sous l’influence de figures humanistes telles que Michel de Creney, connaissent des ajustements similaires.

Cependant, ces ajustements restent ponctuels et répondent rarement aux critiques formulées par Clamanges et ses collègues. L’Église semble hésitante à réduire drastiquement le nombre de jours chômés, malgré les critiques économiques et spirituelles. La fête reste perçue par de nombreux prélats comme un moment essentiel de la vie chrétienne, et les tentatives de réforme sont limitées. Par exemple, dans le diocèse de Meaux, une augmentation significative du nombre de jours chômés est observée au XIVe siècle, avant qu’une réduction n’intervienne seulement à la toute fin du XVe siècle​(jours chomes).

Les réponses apportées par les évêques révèlent donc une attitude pragmatique. Plutôt que de supprimer les fêtes, ils cherchent à les encadrer plus strictement. Par exemple, l’interdiction des œuvres serviles est souvent rappelée dans les synodes diocésains, mais avec des concessions pour certaines activités essentielles, comme la moisson ou les vendanges​(jours chomes). Ce compromis entre les nécessités économiques et les exigences spirituelles montre bien la difficulté à concilier les attentes de l’Église et les besoins de la société laïque.

Une réforme en demi-teinte

Le débat sur les jours chômés à la fin du Moyen Âge reflète une période de transition, où les tensions entre le sacré et le profane se font de plus en plus vives. Les humanistes parisiens, dont Nicolas de Clamanges, tentent d’imposer une nouvelle vision de la piété, plus introspective et centrée sur la réforme des mœurs. Cependant, cette vision peine à s’imposer face à une Église attachée aux festivités communautaires, qui voient dans la multiplication des fêtes un moyen d’encadrer la société chrétienne.

Sur le plan économique, la pression laïque sur le calendrier religieux reste forte, mais les réponses apportées sont locales et limitées. Ce n’est qu’au XVIe siècle, avec l’émergence de la Réforme et de l’humanisme renaissant, que des changements plus significatifs interviennent, notamment en Angleterre et en Allemagne. En France, les réformes calendaires ne s’imposeront que plus tard, sous l’autorité d’Urbain VIII en 1642​(jours chomes). Cette lente évolution montre à quel point la question des jours chômés est restée un enjeu central dans les débats religieux et sociaux du Moyen Âge et au-delà.

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