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Publié le
13/04/2022

Philippe-Auguste à Bouvines

27 juillet 1214 - Le dimanche de Bouvines

C’est au quinzième et au seizième siècle que commença cette grande conspiration de l’erreur et du mensonge contre la vérité, signalée avec tant d’éloquence par l’illustre comte Joseph de Maistre. Au quinzième siècle, les Protestants – d’abord, – pour mieux faire pénétrer le trouble dans les cœurs, cherchèrent à inaugurer dans les intelligences le mépris et l’oubli des traditions si éminemment chrétiennes dont, à chaque page, notre histoire nationale est semée. Puis, au seizième siècle, vinrent les Humanistes qui achevèrent l’œuvre de la prétendue réforme, en cherchant à dramatiser nos annales, à les tailler à la Plutarque et à mettre, à la place des vieilles et augustes vérités, de nouveaux et ridicules mensonges de mise en scène. Au dix-huitième siècle, les Sophistes – fidèles disciples des Protestants et des Humanistes, – « déchristianisèrent » de plus en plus l’histoire et surtout celle des nations catholiques, comme la France l’avait été si profondément dès l’origine de la prédication des apôtres jusqu’à la fin de ce grand et glorieux Moyen Âge dont, chaque jour, nous sommes assez heureux pour voir « réhabiliter » et remettre en lumière quelques-unes des nombreuses illustrations en tout genre.

Mais, quel chaos reste encore à débrouiller, – chaos résultant des altérations, des bévues, des erreurs et (qui pis est !) des mensonges et des calomnies accumulés par l’esprit du quinzième, du seizième et surtout du dix-huitième siècle ! …
Il n’est qu’une seule voie pour sortir de ce chaos, – le retour aux sources originales, dont les historiens en faveur depuis le XVIIe siècle se sont de plus en plus écartés : un changement total est indispensable dans la manière de présenter les moindres faits historiques. Il faut que la réforme descende des ouvrages scientifiques dans les écrits purement littéraires, des histoires dans les abrégés, des abrégés dans ces espèces de catéchismes qui servent à la première instruction. En fait d’ouvrages de ce dernier genre, ce qui a maintenant cours dans le public réunit d’ordinaire à la plus grande vérité chronologique, la plus grande fausseté historique qu’il soit possible d’imaginer. Là se trouvent énoncées d’une manière brève et péremptoire, comme des axiomes mathématiques, toutes les erreurs contenues dans les gros livres ; et pour que le faux puisse, en quelque sorte, pénétrer par tous les sens, souvent de nombreuses gravures travestissent pour les yeux, sous le costume le plus bizarre, les principales scènes de l’histoire.

Feuilletons le plus en vogue de ces petits ouvrages, si chers aux mères de famille, vous y verrez… Philippe-Auguste en armure d’acier à la mode du XVIe siècle, posant sa couronne sur un autel, le jour de la bataille de Bouvines (1214).

M. Augustin Thierry

Ainsi s’exprime – avec un sentiment d’indignation qui semble exagéré, – M. Augustin Thierry ; et il poursuit en ces termes, qui ne sont que l’expression de la vérité la plus exacte :

Je ne puis m’empêcher d’insister sur ce dernier trait, dont la popularité chez nous est « une sorte de scandale historique.

M. Augustin Thierry

C’est sans doute une action très édifiante, que celle d’un roi qui offre publiquement sa couronne et son sceptre au plus digne ; mais, il est extravagant de croire que de pareilles scènes aient jamais été jouées ailleurs que sur le théâtre. Et comme le moment est bien choisi pour cette exhibition en plein air de tous les ornements royaux ! c’est l’instant où l’armée française est attaquée à l’improviste ; et que cela est bien d’accord avec le caractère du roi Philippe Auguste, si habile, si positif et si prompt en affaires ! « La première mention de cette bizarre anecdote » se trouve dans une chronique contemporaine, il est vrai, mais écrite par un moine qui vivait hors du royaume de France, au fond des Vosges, sans communication directe ou indirecte avec les grands personnages de son temps. C’était un homme d’une imagination fantasque, ami du merveilleux, écoutant volontiers les récits extraordinaires et les transcrivant sans examen. Entre autres circonstances de la bataille de Bouvines, il raconte sérieusement que le porteur de l’oriflamme transperça le comte Férand d’outre en outre, de manière que l’étendard ressortit tout sanglant par-derrière. Le reste du récit est à l’avenant ; il est impossible d’y trouver un seul fait vrai ou probable ; et, pour en revenir à la fameuse scène de la couronne, voici les paroles du chroniqueur :

Philippe Auguste harangue ses chevaliers avant la bataille de Bouvines

Le roi de France, Philippe Auguste, ayant assemblé les barons et les chevaliers de son armée, debout sur une éminence, leur parla ainsi :

– Ô vous ! braves chevaliers, fleur de France, vous me voyez portant la couronne du royaume ; mais, je suis un homme comme vous ; et si vous ne souteniez cette couronne, je ne saurais la porter. Je suis roi. Et alors, ôtant la couronne de sa tête, il la leur présenta, en disant :
– Or, je veux que vous soyez tous rois, et vraiment vous l’êtes ; car, roi vient de régir, et, sans votre concours, seul je ne pourrais régir le royaume… Soyez donc gens de cœur, et combattez bien contre ces méchants. J’ordonne à tous vassaux et sergents, et cela sous peine de la corde (il avait fait d’avance élever plusieurs gibets), qu’aucun de vous ne se laisse tenter de prendre quoi que ce soit aux ennemis avant la fin de la bataille, si ce n’est des armes et des chevaux. Et tous crièrent d’une seule voix et assurèrent qu’ils obéiraient de bon cœur à l’exhortation et à l’ordonnance du roi.

On croit rêver en lisant ces lignes, et on serait tenté de soupçonner que la traduction est infidèle ; pour prévenir un tel soupçon, nous publions le texte latin ci-dessous. Il est impossible de travestir d’une façon plus odieusement burlesque le caractère français et le mobile de cette bravoure désintéressée et chevaleresque que l’étranger a toujours admirée en notre nation. Velly – au dix-huitième siècle, – embouchant la trompette tragique, a traduit ou plutôt paraphrasé et arrangé ainsi cette page de nos annales :

On dit que quelques heures avant l’action, il mit une couronne d’or sur l’autel où l’on célébrait la messe pour l’armée, et que la montrant à ses troupes (pas l’armée, – la couronne), il leur dit : – Généreux Français, s’il est quelqu’un parmi vous que vous jugiez plus capable que moi de porter ce premier diadème du monde, je suis prêt de lui obéir ; mais, si vous ne m’en croyez pas indigne, songez que vous avez à défendre aujourd’hui votre roi, vos familles, vos biens, votre honneur. » On ne lui répondit que par des acclamations et des cris de : « Vive Philippe ! qu’il demeure notre roi ; nous mourrons pour sa défense et pour celle de l’État. Aussitôt, les soldats, saisis d’un transport nouveau, se prosternent à ses pieds, et demandent sa bénédiction qu’il leur donne sans hésiter.

« Sans hésiter, » est ineffable de la part de Velly, qui cite à l’appui de sa mise en scène le chroniqueur Rigord, contemporain et biographe de Philippe-Auguste, – lequel Rigord n’a jamais raconté la bataille de Bouvines, qui eut lieu en 1214 : l’ouvrage de ce moine s’arrête à l’an 1208. En attribuant à Rigord la suite de la vie de Philippe- Auguste, due à la plume de Guillaume le Breton, chapelain de ce roi, Velly est tombé – à la suite de Pithou, – dans une erreur grossière, que la lecture des premières phrases de Guillaume le Breton suffisait pour prévenir. Quant à Guillaume le Breton, il ne dit rien de la mise en scène de la couronne et du discours emphatique et absurde que Velly a prêté au roi de France. Après Velly, Anquetil a trouvé moyen de surenchérir, en fait de bévues prétentieuses. « Comme le roi (dit Anquetil, qui ne cite aucun auteur), soupçonnait des traîtres dans son camp, il imagine de les lier par une espèce de serment qu’ils auraient honte de rompre. Ce monarque fait poser son sceptre et sa couronne sur un autel portatif, à la vue de son armée ; puis, élevant la voix :

– Seigneurs français, dit-il, et vous, valeureux soldats, qui êtes prêts à exposer votre vie pour la défense de cette couronne, si vous jugez qu’il y ait quelqu’un parmi vous qui en soit plus digne que moi, je la lui cède volontiers, pourvu que vous vous disposiez à la conserver entière et à ne pas la laisser démembrer par ces excommuniés.
– Vive Philippe ! vive le roi Auguste ! (s’écrie toute l’armée) ; qu’il règne et que la couronne lui reste à jamais ! nous la lui conserverons au dépens de nos vies.

« Ils se jettent ensuite à genoux, et le roi attendri leur donne sa bénédiction, qu’ils demandent. » « Interrogez maintenant – dit M. A. Thierry, – le récit d’un témoin oculaire, chapelain du roi Philippe Auguste, homme du XIIIe siècle, qui n’avait pas, comme nos historiens modernes, traversé trois siècles de science et un siècle de philosophie, vous n’y trouverez rien de ce désintéressement de parade, ni de ces exclamations de loyauté niaise : tout est en action, comme dans une grande journée, où personne n’a de temps à perdre. Le roi et l’armée sont à leur devoir ; ils prient et se battent : ce sont des hommes du Moyen Âge, mais ce sont des figures vivantes et non des masques de théâtre :

« Nous nous avançâmes vers un pont appelé Bovines placé entre un endroit appelé Sanghin et la ville de Cisoing. Déjà la plus grande partie de l’armée avait passé le pont, et le roi avait quitté ses armes ; mais, il n’avait pas encore traversé le pont, ainsi que le pensaient les ennemis, dont l’intention était, s’il l’eût traversé, ou de tuer sans pitié oude vaincre, comme ils l’auraient voulu, ceux qu’ils auraient trouvé en-deçà du pont. »


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