C'est la guerre la plus longue et la plus meurtrière du règne de Charlemagne. Il aura fallu trente-deux ans de campagnes impitoyables pour que le roi franc ne vienne à bout de ce peuple irréductible. Aujourd'hui encore, la plaie n'est pas refermée et le débat divise toujours le monde germanique et romain, mais aussi les païens et les chrétiens.
Charlemagne a-t-il été le « boucher » des Saxons, tel que certains voudraient nous le présenter ? Pourquoi intervient-il en Saxe à partir de 772 ? Dans cette vidéo, je mets les choses au clair !
Bibliographie :
- « Charlemagne », de Georges Minois (Tempus Perrin, 2014)
- « Charlemagne », de Jean Favier (Tallandier, 2019)
- « Charlemagne », d’Arthur Kleinclausz (Éditions Phoenix, 2022)
Le règne de Charlemagne, empereur des Francs et premier empereur du Saint-Empire romain germanique, est marqué par une mission de conquête et d'unification de l'Europe, mais aussi par une dimension profondément religieuse : celle de la christianisation des peuples païens. L'un des épisodes les plus controversés de son règne est le massacre des Saxons à Verden, en 782, un événement souvent interprété à la lumière des tensions entre la foi chrétienne et les croyances païennes. Si cet épisode choque par sa violence, il est important, dans une perspective catholique, de le comprendre dans le cadre plus large de l'implantation de la foi chrétienne et de la volonté de Charlemagne de créer une Europe unifiée sous la bannière de l’Église.
Les Saxons, peuple germanique païen, représentaient l'un des principaux obstacles à l'expansion du royaume chrétien des Francs sous Charlemagne. Pendant près de trois décennies, de 772 à 804, Charlemagne mène des campagnes répétées contre eux pour soumettre leur territoire à la couronne franque et à la foi chrétienne. Les Saxons, profondément enracinés dans leurs croyances païennes, pratiquaient des cultes polythéistes et refusaient de se convertir au christianisme, entraînant des révoltes successives contre les tentatives d'évangélisation.
Dans ce contexte, le massacre de Verden en 782 s'inscrit dans un conflit à la fois politique et religieux. Après une défaite franque lors de la bataille du Süntel, Charlemagne ordonna l'exécution de 4 500 prisonniers saxons à Verden. Ce massacre est perçu comme un tournant dans les efforts pour pacifier la région et y imposer le christianisme.
Du point de vue de la foi catholique, l'action de Charlemagne peut être vue à la lumière de sa mission perçue comme divine. Charlemagne se considérait non seulement comme un roi, mais aussi comme le défenseur et propagateur de la foi chrétienne, chargé d'amener les peuples païens à la connaissance du salut en Jésus-Christ. Dans cette optique, ses campagnes militaires contre les Saxons n’étaient pas uniquement des conquêtes territoriales, mais des croisades avant l'heure, visant à apporter la lumière de la foi à des peuples encore plongés dans l'idolâtrie.
Le massacre de Verden, bien qu’il apparaisse excessivement violent, doit être replacé dans ce cadre de l'époque où le pouvoir et la religion étaient étroitement liés. L’ordre de Charlemagne répondait aussi à une révolte ouverte des Saxons, menée par leur chef Widukind, qui avait refusé de respecter les traités de paix antérieurs et continuait d’inciter son peuple à renier la conversion au christianisme. Le roi franc, qui voyait dans la rébellion une menace non seulement politique mais aussi spirituelle, a jugé nécessaire de frapper fort pour s’assurer que les Saxons comprennent la gravité de leur défiance vis-à-vis du christianisme et de son autorité.
L'Église catholique, tout en reconnaissant la dureté des événements, a toujours vu dans Charlemagne un instrument de la Providence. Il fut couronné empereur en 800 par le pape Léon III, notamment pour ses efforts dans la diffusion de la foi. Après le massacre de Verden, Charlemagne a également poursuivi une politique de conversion active et a établi des églises, des monastères et des écoles sur les territoires saxons. La soumission des Saxons permit ainsi leur intégration progressive dans la chrétienté, marquant une étape importante dans l’unification de l’Europe chrétienne.
Il est clair qu’un jugement moderne sur l’événement diffère des interprétations de l’époque. Aujourd'hui, beaucoup voient dans le massacre de Verden un acte brutal. Toutefois, la vision catholique traditionnelle insiste sur la nécessité de comprendre le contexte du VIIIe siècle, où la guerre et la religion étaient indissociables, et où l’unité chrétienne était perçue comme la garantie d’une paix durable. Le règne de Charlemagne, bien que parfois sévère, fut motivé par un idéal de civilisation chrétienne, et c’est ce dernier qui prédomine dans la mémoire catholique.
En fin de compte, si le massacre des Saxons peut susciter des débats, l'œuvre de Charlemagne, tant sur le plan spirituel que temporel, reste une pierre angulaire dans la construction de l'Europe chrétienne, qui reconnaît en lui un empereur juste, unificateur et fidèle serviteur de l'Église.
"Vous devez dire aux Français qu'ils fassent leurs trésors des Testaments de Saint Remi, de Charlemagne, de Saint Louis, qui se résument par ces mots si souvent répétés par l'Héroïne d'Orléans : Vive le Christ qui est Roi des Francs ! " À ce titre seulement la France est grande parmi les nations. À cette clause, Dieu la protégera et la fera libre et glorieuse.
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