La bataille de Castillon sonne la fin de la Guerre de Cent Ans

Quand commence la bataille de Castillon ?

Depuis le début de la Guerre de Cent Ans, les forces françaises et anglaises n’ont eu de cesse de s’affronter pour le plus grand malheur des populations. La succession au trône de France et une guerre territoriale étaient en jeu. La Guyenne, actuelle Aquitaine, était encore occupée par les Anglais, situation que le souverain français, Charles VII, ne pouvait tolérer. Le 17 juillet 1453, les troupes anglaises et françaises vont se battre dans ce qui est connu dans l’histoire comme la dernière bataille de la Guerre de Cent Ans : la bataille de Castillon.

Où se passe la bataille de Castillon ?

Le souverain français, Charles VII, accumulait victoire sur victoire. Le 15 avril 1450, à Formigny près de Bayeux en Normandie, puis dans la foulée toute la vallée de la Basse-Seine, les troupes françaises contraindront les Anglais par les armes à repasser la Manche et, tranquillement, toutes ces régions reconquises entreront dans le giron français. Charles VII, accompagné de son ost royal, s’en alla vers le sud-ouest, aux bords de la Dordogne, à deux encablures du petit village de Castillon.

Quelle est la dernière bataille de la guerre de Cent Ans ?

John Talbot chef anglais

Le comte de Penthièvre fut missionné par le roi pour reprendre Bordeaux et toute la Guyenne. En 1451, il entre dans Bordeaux et oblige les Gascons à signer un traité favorable à la couronne de France. Jean Bureau, trésorier général de France, devient maire de la ville, et avec le soutien de son frère Gaspard, grand maître de l’artillerie, pressurise la ville à l’excès. Il n’en faudra pas plus pour soulever des révoltes parmi la population. L’Anglais était définitivement « bouté hors de France ».

Les marchands Bordelais, qui commerçaient beaucoup avec l’Angleterre, ne voyaient pas d’un bon œil les restrictions imposées par le roi de France. Toucher aux droits communaux de la population présentait un risque de soulèvement sérieux. Une délégation de bordelais mit les voiles vers l’Angleterre pour demander l’intervention d’Henri VI d’Angleterre. L’héritier de la dynastie des Lancastre ne pouvait se résigner à abandonner sa chère Guyenne même si la période n’était pas la plus propice, Henri VI s’embourbait dans la guerre que l’on appellera la guerre des Deux-Roses. Une troupe riche de trois milles hommes, sous les ordres de John Talbot, comte de Shrewsbury, fut envoyée sur le continent pour en découdre.

Le comte anglais Talbot est certes un chef de guerre expérimenté mais son grand âge, il a 80 ans, fait douter quant à sa capacité à affronter des Français, alliés des Bretons, aguerris et prêt à en découdre. Il posa un pied sur la terre ferme le 20 octobre 1452 et l’accueil, que les Bordelais et les seigneurs lui firent, fut excellent. Avec l’alliance des Gascons, le comte Talbot réussit à mobiliser plusieurs milliers d’hommes, auxquels s’ajouteront deux milles soldats fraîchement arrivés d’Angleterre et conduits par le propre fils de Talbot.

Le roi de France était focalisé sur cette région qui avait l’outrecuidance de résister au pouvoir français. Aux premiers rayons de soleil de l’année 1453, Charles VII mobilisa neuf mille hommes et les fit descendre la vallée de la Dordogne. Les maréchaux Lohéac, Culant, les frères Bureau et le célèbre Dunois prirent la tête des opérations. Ils préférèrent s’établir un peu en amont de Bordeaux, près de Castillon, plutôt que de bondir sur Bordeaux. Chaque camp se préparait à une bataille décisive. Les Bordelais et leurs alliés étaient préparés à maintenir le siège de la ville, Talbot s’organisait ; nourriture, fortifications, armes, chaque homme était réquisitionné.

Talbot écouta les conseils de son entourage et prit la décision de foncer sur les Français avant qu’ils ne puissent rassembler tous leurs alliés. La défaite fut totale. Face à la hargne des Français, tous réclamaient l’intervention du chef anglais. Faut-il y voir une faiblesse de l’âge ? Talbot, le 16 juillet 1453, prend la décision d’intervenir. Anglais et Gascons reçurent l’ordre de battre en retraite et de faire route vers Libourne. Après une nuit de repos pour certains de beuverie pour d’autres, le lendemain, le 17 juillet 1453, piétons et chevaliers prennent de nouveau la route vers Castillon. La météo désastreuse des derniers jours rendait les routes et les sols peu praticables.

Bataille de Castillon

Les Français furent avertis du retour des Anglais. L’artillerie se mettait petit à petit en place, ils se préparaient à les recevoir. Talbot se méfiait des Français. Ses informateurs lui rapportèrent que les Français avaient levé leur camp alors le chef anglais décida d’attaquer et de prendre les fuyards en chasse. Les Anglais et les Gascons, leurs alliés, n’avaient plus l’énergie des débuts, éreintés, désordonnés, ils se mirent malgré tout en marche, conformément aux ordres reçus. Talbot découvrit à sa plus grande stupéfaction, des Français solidement campés derrière leurs défenses.

Talbot fut fort ébahi quand, de ses yeux, il vit les belles fortifications qu’avaient faites les Français. Cependant, Talbot et sa compagnie arrivèrent droit à la barrière, croyant forcer d’emblée l’entrée du parc. Alors commença grand et terrible assaut, où se passèrent de grandes vaillances de part et d’autre ; où il fut merveilleusement combattu, main à main, à coups de hache, de guisarme, de lance et de traits, moult vaillamment. Ce chaplis [ce combat] dura l’espace d’une grosse heure ; car les Anglais y revenaient toujours avec grande ardeur, et aussi les Français ne s’épargnaient pas à bien les recevoir.

Comte Talbot

Les artilleurs français positionnent leurs canons. Les Anglais se font attaquer presque à bout portant. Une gerbe de flammes s’abat sur les hommes de Talbot. La cavalerie et les piétons sont foudroyés sur place. Les chevaliers sont contraints à poser pied à terre et à combattre au corps à corps. C’est à ce moment là que les Bretons tapies dans le lit de la Lidoire, surgissent et soutiennent l’assaut français. L’Anglais prend la fuite, certains périront dans la Dordogne.

Mort de Talbot

La mort de Talbot à la bataille de Castillon

Le cheval de Talbot succombera sous les tirs de couleuvrine. Touché au fémur dans la chute, le comte Talbot sera achevé à la hache par les Français.

Ainsi finit ce fameux et redouté chef anglais qui passait depuis si longtemps pour l’un des fléaux les plus formidables et un des plus jurés ennemis de la France.

Jean Chartier

Deux des fils du vieux Talbot succomberont lors de cette bataille ainsi qu’un grand nombre de ses compagnons d’armes.

Le bilan est catastrophique pour les Anglais : 4000 blessés, 300 tués contre une centaine de blessés et de tués côté Français. Les troupes du roi de France entrent dans la ville de Castillon trois jours plus tard ; la ville de Bordeaux ouvrira ses portes sans coup férir courant octobre 1453.

Les conséquences pour Bordeaux seront désastreuses : retrait des franchises et des privilèges et fin des liens de commerce privilégiés avec l’ Angleterre. La ville se verra encerclée de fortifications : fort Louis au sud, fort du Hâ vers l’ouest et, du côté de la Garonne, château Trompette. Le parlement et les privilèges ne leurs seront rendus que sous le règne de Louis XI. La terre de Guyenne est désormais française mais les cœur, eux, malgré l’issue de la bataille, restent pour un long moment anglais.

Castillon-la-Bataille fête la célèbre bataille médiévale

Depuis 1976, les habitants de Castillon-le-Bataille commémorent chaque année la bataille de 1453 en assistant à un magnifique spectacle nocturne au sein d’un décor naturel époustoufflant. Pendant 1h35, au pied du château de Castegens, 600 bénévoles, 40 chevaux et attelages s’activent pour faire revivre aux spectateurs la bataille qui mit fin à la Guerre de Cent Ans. Pyrotechnie, cascades au service d’un son et lumière à la hauteur de l’une des plus épique et importante bataille de notre Histoire. Réservez vos places pour le plus grand spectacle d’Aquitaine