L’époque médiévale, période de chevaliers, de châteaux forts, et de joutes verbales, a laissé dans notre langue des expressions aussi fascinantes que méconnues. Plongeons dans cet héritage linguistique pour découvrir 50 expressions françaises d’antan, dont les origines révèlent des anecdotes surprenantes.
- Manger à la gamelle : Cette expression provient du contexte militaire où les soldats partageaient un récipient commun pour se nourrir, souvent dans des conditions rudimentaires. La gamelle désigne le récipient métallique utilisé pour la nourriture, d’où l’idée de se nourrir de manière simple et collective.
- Battre le pavé : L’expression date du XVIe siècle et fait référence à l’action de marcher longuement sur les rues pavées des villes, souvent en quête de quelque chose (fortune, aventure, ou même simplement pour errer).
- Être sur le qui-vive : Cette expression remonte aux sentinelles médiévales qui devaient être en alerte. Le “qui-vive” était le cri lancé par le garde pour demander l’identité de ceux qui approchaient, incitant à la vigilance.
- Avoir maille à partir : La maille était une petite monnaie de peu de valeur au Moyen Âge. Avoir “maille à partir” avec quelqu’un signifie avoir un différend même pour une chose insignifiante, ici représentée par une maille.
- Tirer son épingle du jeu : Cette expression vient des jeux de société anciens où il fallait retirer une épingle sans faire bouger les autres. Elle symbolise l’idée de se sortir habilement d’une situation compliquée sans dommage.
- Faire ripaille : “Ripaille” vient du nom d’une abbaye en Savoie connue pour ses festins abondants. Faire ripaille signifie donc festoyer de manière copieuse et joyeuse.
- Passer sous les fourches caudines : Cette expression tire son origine d’un événement historique en 321 av. J.-C., lorsque les Romains furent humiliés par les Samnites sous les Fourches Caudines (deux fourches plantées en terre), devant passer courbés sous une lance en guise de soumission.
- Se tailler la part du lion : L’expression vient d’une fable d’Ésope où le lion, partageant un butin, prend la meilleure part pour lui-même. Cela symbolise l’action de prendre la plus grande ou la meilleure part.
- Mettre la main à la pâte : Originaire du métier de boulanger où l’on pétrit la pâte à la main, cette expression signifie participer activement à une tâche.
- Jeter le gant : Au Moyen Âge, les chevaliers lançaient leur gant pour défier un adversaire en duel. L’expression signifie donc défier quelqu’un.
- Faire le pied de grue : Inspirée par la grue, l’oiseau qui reste souvent sur une patte immobile pendant longtemps, cette expression signifie attendre longtemps, souvent dans l’ennui.
- Clocher du collet : “Clocher” signifie ici tromper ou faire semblant, et le “collet” désigne un piège à collets utilisé pour attraper le gibier. L’expression signifie donc tromper ou tricher.
- Prendre la mouche : Cette expression signifie s’emporter soudainement, comme un cheval qui, dérangé par une mouche, réagit brusquement.
- Avoir le cœur sur la main : L’expression renvoie à l’idée de générosité visible, d’une personne prête à donner ou aider facilement.
- Porter le chapeau : Cette expression provient de l’idée de désigner un coupable, à qui l’on fait “porter le chapeau”, symbolisant la responsabilité ou la culpabilité.
- Courir la prétentaine : L’expression vient de “prétantaine”, une corde utilisée pour attacher les animaux. “Courir la prétentaine” signifie alors se libérer de ses attaches, souvent pour courir après des aventures.
- Donner le change : Cette expression est liée à la chasse, où l’on trompe les chiens en leur faisant croire que la proie est ailleurs. Donner le change signifie donc tromper quelqu’un.
- Vouer aux gémonies : Les Gémonies étaient des escaliers à Rome où l’on exposait les corps des condamnés à mort. Vouer quelqu’un aux gémonies signifie donc le condamner publiquement à la honte.
- Être né coiffé : Cette expression remonte à une ancienne croyance selon laquelle naître avec une membrane sur la tête (coiffé) était un signe de chance.
- Lever l’oriflamme : L’oriflamme était un étendard sacré des rois de France, levé pour appeler au combat. L’expression signifie donc déclencher une action ou un combat.
- Se faire des cheveux blancs : Les cheveux blancs sont associés au stress et à l’inquiétude. Se faire des cheveux blancs signifie donc se faire du souci.
- Crier haro sur le baudet : “Haro” était un cri d’appel à la justice au Moyen Âge. “Baudet” désigne l’âne, souvent symbole d’innocence. Crier haro sur le baudet signifie accuser quelqu’un injustement.
- Être dans de beaux draps : “Draps” désigne ici les vêtements ou la situation. Se retrouver dans de beaux draps signifie être dans une situation embarrassante ou compliquée.
- En avoir pour son argent : Cette expression provient du commerce et signifie recevoir la juste valeur de ce que l’on a payé.
- Donner un coup de main : Cette expression vient du travail manuel, où l’aide est souvent apportée par les mains. Donner un coup de main signifie donc aider quelqu’un.
- Jouer des coudes : Cette expression tire son origine des situations où les gens se retrouvent dans une foule ou un espace restreint, comme les marchés ou les spectacles, et doivent utiliser leurs coudes pour se frayer un chemin. Elle symbolise la lutte pour atteindre un objectif ou obtenir quelque chose dans un environnement concurrentiel.
- Être à la noce : Cette expression provient des anciennes noces, des fêtes de mariage qui étaient des moments de grande réjouissance. Être “à la noce” signifie donc être en fête ou profiter d’un moment de bonheur.
- Broyer du noir : Cette expression évoque l’idée de travailler dans des conditions sombres, ce qui rappelle les tâches pénibles et déprimantes, comme les moulins où l’on broyait des substances. Par extension, “broyer du noir” signifie être plongé dans la tristesse ou la dépression.
- Mener quelqu’un en bateau : Cette expression trouve son origine dans les tromperies en mer, où les marins pouvaient être dupés par des promesses ou des actions fallacieuses. Elle signifie tromper quelqu’un ou lui faire croire quelque chose de faux.
- Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : Cette expression vient des chasseurs qui faisaient des projets sur les bénéfices qu’ils tireraient de la vente de la peau d’un ours avant même d’avoir réussi à le chasser. Elle signifie qu’il ne faut pas faire des projets sur des choses non encore acquises.
- Être à cheval sur les principes : L’expression provient de la rigueur des cavaliers médiévaux, qui devaient maintenir une posture ferme et inflexible. Être “à cheval sur les principes” signifie donc être rigide et intransigeant sur ses valeurs ou règles.
- En avoir plein les bottes : Cette expression fait référence aux bottes lourdes que portaient les soldats ou les travailleurs, souvent chargées de boue ou d’eau, symbolisant la fatigue ou l’épuisement après un dur labeur.
- Faire le beau comme un paon : Inspirée par le paon, qui est connu pour sa majestueuse roue de plumes qu’il déploie pour impressionner, cette expression signifie se montrer avec ostentation ou se vanter de manière excessive.
- Jouer la comédie : L’expression est directement issue du théâtre, où les acteurs simulent ou feignent des émotions. “Jouer la comédie” signifie donc simuler un comportement ou feindre une émotion dans la vie réelle.
- Mettre les pieds dans le plat : Cette expression fait allusion à l’acte de déranger un plat en préparation, causant du désordre. Elle signifie aborder un sujet délicat de manière maladroite, causant souvent un malaise.
- Être aux abois : L’expression provient de la chasse, où une bête traquée est en détresse, au point d’être prête à se défendre désespérément. Elle signifie être dans une situation difficile ou désespérée.
- Crier comme un putois : Cette expression n’est pas liée au cri du putois mais plutôt à l’idée de faire beaucoup de bruit ou de protester fortement, en référence à l’odeur désagréable que cet animal peut produire lorsqu’il est menacé.
- Avoir la main heureuse : Cette expression signifie réussir facilement dans ses entreprises, comme si la chance souriait à chaque tentative, souvent associé à des jeux de hasard ou des décisions fortuites.
- Passer à la trappe : Cette expression vient des trappes des châteaux où l’on jetait les prisonniers ou les condamnés, souvent oubliés par la suite. “Passer à la trappe” signifie être oublié ou négligé.
- Être de mise : L’expression trouve son origine dans les règles de la cour, où certaines tenues ou comportements étaient appropriés ou convenables. “Être de mise” signifie donc être approprié ou accepté dans un certain contexte.
- Avoir la tête en l’air : Cette expression décrit quelqu’un qui est distrait ou rêveur, comme s’il avait la tête ailleurs, flottant au-dessus des réalités concrètes.
- Faire des châteaux en Espagne : Cette expression remonte au Moyen Âge, où les terres espagnoles étaient un lieu d’aventures et de rêves pour les chevaliers. Construire des châteaux en Espagne signifie se livrer à des rêves impossibles ou irréalisables.
- Être en bon lieu : Cette expression fait référence aux positions avantageuses des nobles ou des courtisans dans les cercles de pouvoir. Être “en bon lieu” signifie donc être en bonne position ou situation.
- Mettre un frein à quelque chose : Cette expression est directement liée à l’utilisation des freins pour ralentir ou arrêter les chevaux, symbolisant l’acte de limiter ou d’arrêter une action ou un comportement.
- Se battre comme un lion : Le lion est depuis l’Antiquité un symbole de courage et de force. Se battre comme un lion signifie donc combattre avec une grande bravoure et détermination.
- Monter sur ses grands chevaux : Cette expression fait référence aux nobles qui, montés sur leurs grands chevaux, prenaient une posture autoritaire et hautaine. Elle signifie adopter une attitude arrogante ou se mettre en colère de manière exagérée.
- Avoir les dents longues : L’expression provient de l’idée de la voracité, où les “dents longues” symbolisent l’ambition ou l’avidité d’une personne cherchant à obtenir plus.
- Faire le gros dos : L’expression est inspirée des animaux qui se font les épaules larges pour se protéger ou se rendre plus impressionnants, symbolisant l’idée de se faire discret ou de se protéger des critiques.
- Rien de nouveau sous le soleil : Cette expression est tirée de l’Ecclésiaste dans la Bible, où il est dit que rien de ce qui arrive n’est vraiment nouveau. Elle signifie que rien n’a changé, malgré le passage du temps.
- Échapper de peu : Cette expression fait référence à l’idée d’une échappée dans une situation dangereuse, comme dans une bataille où l’on évite de justesse un danger ou un problème.
Ces expressions médiévales, bien que nées il y a plusieurs siècles, continuent de colorer notre langage quotidien, nous rappelant l’influence persistante de notre histoire linguistique.
Merci beaucoup pour vos posts toujours très intéressants.