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Bonjour, à la fin du VIIIe siècle, le monde chrétien est composé de deux grandes puissances spirituelles et deux grandes puissances temporelles. L’Église d’Occident est dirigée par le pape à Rome et l’Église d’Orient est dirigée par le patriarche de Constantinople. Charlemagne, l’éminent roi des Francs et Constantin VI l’empereur de Constantinople, quant à eux, sont les deux principales puissances temporelles. En ce VIIIe siècle finissant, le patriarche de Constantinople jouissait encore d’un immense prestige comparé à son homologue romain. Les richesses et l’autorité de Byzance demeuraient prégnantes. Pour contrecarrer l’aura byzantin, le pape de Rome devait, au même titre que le patriarche de Byzance a pu le faire avec l’empereur, s’appuyer sur un pouvoir temporel fort. Le grand Charlemagne, tout comme son fervent père Pépin le Bref, s’était toujours positionné en dévoué défenseur de la foi catholique. Le pape allait pouvoir compter sur ce monarque chrétien tout-puissant. La chrétienté bascula quand le 25 avril 799, le pape de l’Église catholique, Léon III, fut victime d’un attentat perfide. Doucement les deux puissances, l’une romaine et l’autre franque, allaient nouer une relation indéfectible pour la plus grande gloire de la chrétienté. Savez-vous dans quel contexte Charlemagne fut-il couronné et sacré empereur ? Non ? Je vous explique.
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Quand le pape Léon III monta sur le trône de Saint-Pierre, le 26 décembre 795, s’engagèrent alors des luttes de pouvoir entre différentes factions. Le nouveau Saint-Père écrivit immédiatement à Charlemagne pour l’informer de son intronisation. Pendant ce temps, dans l’ombre, deux factieux mirent sur pied un attentat visant à assassiner le pape. Au moment où Léon III s’approcha d’une église, ceux-ci se jetèrent sur lui, le molestèrent et essayèrent de lui crever les yeux et de lui couper la langue. Fort heureusement, grâce au duc de Spolète et aux missi dominici carolingiens, le pape, enfermé dans un monastère, réussit à s’échapper, il se rendit immédiatement auprès de Charlemagne, protecteur de la chrétienté. Les opposants du pape l’accusèrent des pires insanités mais le souverain carolingien n’en croyait rien. Le pape Léon III, rentré à Rome le 29 novembre 799 accompagné de seigneurs francs, put se défendre avec énergie lors d’une commission organisée au Latran et retrouva son prestige et son honneur.
Charlemagne, qui avait projeté de se rendre dans la Ville éternelle pour défendre le pape contre ses adversaires, s’y rendit finalement que le 24 novembre 800. Il y séjourna à quelques lieux de la Ville sainte. Une assemblée, regroupant des clercs romains et carolingiens ainsi que des laïcs, et présidée par le glorieux Charlemagne, fut rassemblée dans la basilique de Saint-Pierre ; le but était clair : arbitrer le conflit opposant le pape Léon III et ses assaillants. Les agresseurs se rétractèrent sans difficultés, désemparés, ils renoncèrent aux accusations formulées contre le pape. De son côté, Charlemagne refusa de juger le pape, alors ce dernier put se purger par serment des accusations de parjure et d'adultère portées contre lui. Dans un premier temps condamnés à mort, les auteurs de l’attentat ne furent que bannis sur le champ. Nous sommes le 23 décembre 800.
L'Empire byzantin, depuis qu’Irène son impératrice avait déposé son fils et lui avait crevé les yeux en 797 pour s’emparer du pouvoir, était vacant. Alors au sein de l’assemblée du 23 décembre 800, l’idée d’offrir la couronne impériale à Charlemagne fut évoquée pour la première fois par les prélats présents. Le lendemain, jour de Noël, dans la basilique Saint-Pierre, Charlemagne, alors en train de prier, reçut des mains du souverain pontife la couronne impériale. Le nouvel empereur franque fut quelque peu décontenancé du déroulé de la cérémonie car le pape ne s‘était pas agenouillé devant Charlemagne et il avait posé lui-même la couronne sur la tête de l’empereur. Le message était limpide : le pouvoir spirituel, par l’intermédiaire du souverain pontife, devait rester au-dessus du pouvoir temporel. Les fidèles romains présents ne cachaient pas leur joie de voir accéder au titre impérial un souverain qui avait toujours témoigné son amour pour la sainte Église romaine et pour son vicaire.
Voici le récit de la cérémonie tiré des Annales royales :
« En ce très saint jour de la Nativité du Seigneur, comme le roi venu pour la messe se relevait après avoir prié devant la confession de l'apôtre saint Pierre, le pape Léon lui posa sur la tête une couronne; et le peuple romain tout entier poussa l'acclamation : « A Charles, auguste, couronné par Dieu grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire ! » Et après les acclamations, il fut adoré par l'Apostoile à la façon des anciens princes ; et, son titre de patrice enlevé, il fut appelé empereur et auguste. »
Plus tard, au cours de l’année 813, Charlemagne, se souvenant de son sacre impérial, changea, en faveur de son fils Louis le Pieux, le cérémonial qui l'avait heurté. Désormais, la couronne était posée sur l'autel et ce fut Louis lui-même qui la plaça sur sa tête, le tout sans intervention du pape. Un avant-goût des querelles qui allaient animer la papauté et l’Empire au cours des siècles suivants.
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