Au XVe siècle, en pleine Guerre de Cent Ans, Gilles de Rais, celui qui allait devenir le puissant chevalier et seigneur de Bretagne, d’Anjou, du Poitou et du Maine, naît au château de Champtocé-sur-Loire. La vie aussi glorieuse que criminelle du personnage a fait couler beaucoup d’encre au fil des siècles. Lors de ses procès, à Nantes, le seigneur de Rais déplora l’influence néfaste de son grand-père, Pierre de Craon, sur son éducation. L’ailleul de Gilles de Rais s’était illustré dans la tentative d’assassinat du connétable Olivier de Clisson en 1392.
À 24 ans, en 1428, le baron de Rais se met au service de son cousin, le grand chambellan Georges de la Trémoille. L’homme était proche de la cour de Charles VII et le chef d’un parti de cour. Le sieur de Rais, qui dégageait un parfum de faste et de richesse, a très vite intégré le clan des fidèles de la cour du roi de France.
En 1429, Gilles de Rais va connaître son moment de gloire aux côtés de sainte Jeanne d’Arc lors du siège d’Orléans. Quand Jeanne arrive à Vaucouleurs pour rencontrer le seigneur Baudricourt, Gilles est à Chinon aux côtés du dauphin Charles. Le seigneur breton fait partie des familiers du futur Charles VII. Quand soudain, sainte Jeanne d’Arc et ses compagnons d’armes mettent le siège devant Orléans, Gilles de Rais s’illustre dans la bataille et la ville est libérée des Anglo-bourguignons. Peu de temps après, fidèle à sa mission, sainte Jeanne conduit le dauphin Charles dans la capitale du sacre, à Reims. Nul ne peut prétendre à la couronne de France sans être, préalablement, passé devant l’autel. Lors du sacre, survenu le 17 juillet 1429, aidé par Georges de la Trémoille et auréolé de quelques faits d’armes notables, Gilles de Rais reçoit l’insigne honneur d’être fait maréchal de France. Il avait 25 ans. Il reçut également la lourde et importante mission d’aller chercher la sainte ampoule à l’abbaye de Saint Remy. Il s’y rendit en grande pompe, bannière au vent. Gilles de Rais était au sommet de sa gloire.
Mais le prestige du baron breton ne dura pas longtemps. Lorsque sainte Jeanne d’Arc, reçut, d’un chevalier anglais, un carreau d’arbalète en pleine poitrine, Gilles de Rais s’en était déjà retourné rejoindre le camp royal ; il n’était qu’un chevalier, un chef de guerre, certes il fut un compagnon momentané de sainte Jeanne d’Arc, mais la mission surnaturelle de la Pucelle ne le concernait pas. Le preux breton guerroyait de Blois à Orléans, de Reims à Paris, en homme fidèle de Charles VII. C’est à partir de cette époque que Gilles connut des moments incertains et difficiles. Sa richesse était réelle mais était-elle suffisante pour soutenir, à ses frais, la solde de ses hommes pendant si longtemps ? Car dans ces derniers temps médiévaux, le seigneur devait subvenir aux frais de ses hommes. Gilles de Rais, soumis aux ordres d’un protecteur plus puissant que lui, Georges de la Trémoille, n’avait pas les moyens de mener une politique personnelle. Très vite, il se fait oublier, sa fortune fragile ne lui permet pas de rester dans le premier cercle du pouvoir. De plus, la perte progressive d’influence de la Trémoille auprès du roi entraîna inévitablement sa propre chute.
En août 1432, Gilles de Rais se montre à nouveau vaillant lors de la bataille de Lagny, près de Paris. Jean de Lancastre, duc de Bedford, et régent du royaume de France nommé par Henri VI, le roi d’Angleterre, assiège la ville. L’ost royal réussit à en venir à bout, Bedford se retire de Paris et abandonne la ville aux vainqueurs. Gilles de Rais, par cette victoire, redore un peu son blason quelque peu écorné. Au même moment, Georges de la Trémoille, voulant soutenir son protégé breton, lui avance dix mille pièces d’or pour que le sieur de Rais s’engage auprès du duc de Bourbon pour libérer la ville de Grancey, assiégée par les Bourguignons. Gilles, ragaillardi par la victoire récente à Lagny, lève des troupes en Bretagne mais décide finalement de renoncer et confie ses troupes à son frère, René de la Suze. La ville finit par se rendre, sans combat, à Philippe le Bon, le duc de Bourgogne.
L’homme était un seigneur prestigieux et un vaillant combattant mais ses échecs militaires successifs et sa façon désinvolte de gérer ses héritages vont rapidement lui attirer une mauvaise réputation. Une faillite personnelle était en cours. Ne pouvant assumer de si lourdes dépenses militaires, Gilles de Rais ne s’engagea plus dans les grandes entreprises militaires royales. Lors de la signature de la paix d’Arras, entre Charles VII et Philippe le Bon, son patronyme ne figure pas sur les registres.
Âgé de trente ans, Gilles de Rais laisse le métier des armes au service du roi, sûrement par manque de sollicitation, et entre progressivement dans une déchéance politique et sociale. Rapidement, son manque cruel d’argent, va le transformer en chef de bande, et s’adonner avec ses comparses, à des raids de brigandage à travers la Bretagne. Ses préoccupations ne sont plus de briller à la cour de Charles VII, ni de combattre aux côtés de son roi, mais de maintenir ses prérogatives territoriales sur ses terres. La gloire du combat laissait la place aux razzias et aux rançons. La bande de routiers, hommes sans honneur et sans foi, œuvrant au service des ambitions et des caprices du sieur de Rais, traînait une triste réputation à travers le pays. Gilles les avait à sa solde. Ils pillaient les villes, rançonnaient les campagnes, et pouvaient même lancer des raids sur la ville d’Orléans récemment libérée.
La vie de Gilles de Rais ne prenait pas une tournure vertueuse. Ses héritiers, le 2 juillet 1435, rédigèrent un Mémoire dont le but était de convaincre le roi de mettre le seigneur breton sous tutelle, et de lui interdire de vendre ses biens, de négocier sans autorisation royale. Gilles fut averti et les lettres affichées et criées partout en Bretagne. Le duc Jean V n’en tint pas compte et continua d’acheter ses terres. Des querelles entre Bretons et Français étaient en passe de renaître. Le baron de Rais était plus insensé et excessif qu’incapable.
Le XVe siècle, crépuscule d’un Moyen Âge hautement chrétien, est une époque charnière. Des seigneurs pouvaient à la fois s’adonner à de vils besognes et témoigner d’une profonde et sincère foi en Dieu. Quand la foi s’éloigne du pouvoir, fatalement, elle s’éloigne également des cœurs. Gilles de Rais, à ce moment de sa vie, était encore de ces hommes-là. Un cartulaire de Rais témoigne, qu’en juillet 1427, à Bourgneuf-en-Retz, le seigneur breton avait fondé, sur son propre domaine, une aumônerie ainsi qu’un hôpital et un Hôtel-Dieu pour recueillir les pauvres. Une chapelle avait même été érigée pour y dire trois messes par semaine. Deux autres maisons étaient prévues pour aider les pauvres femmes de la région. Le 26 novembre 1432, il décida de réparer les torts commis par son grand-père, Pierre de Craon, envers l’aumônerie du Loroux-Bottereau. Ses œuvres pieuses ne vont pas s’arrêter là. Il fonde la chapelle de Machecoul en mémoire des saints Innocents et la dote de généreuses rentes, revenus et possessions. La chapelle comprend un vicaire, un doyen, un archidiacre, un trésorier, des chanoines, un chapitre et un collège. Malheureusement, ses largesses spirituelles étaient tentées d’ostentation et d’orgueil. Le 15 août 1434, il se fait recevoir comme chanoine dans le chapitre de la cathédrale Saint-Hilaire de Poitiers. Il s’y était rendu en compagnie de chapelains et de chantres. Un véritable coup d’éclat ! Même les ducs d’Aquitaine n’avaient pas osé se faire chanoine en cette cathédrale. Désormais, il allait faire parler de lui non plus sur le champ militaire mais sur le champ spirituel.
Ne pouvant plus briller à la cour par son faste, Gilles de Rais décida de briller auprès de ses sujets. Exemple de ses excès, le jeune Rossignol, chantre dans le chœur de la cathédrale de Poitiers, allait goûter des largesses du sieur de Rais. Il le fit venir à Machecoul, le combla, lui et ses parents, de terres situées près du château. Cette généreuse dotation suffisait à nourrir la famille. Il n’en fallait pas plus pour faire naître de redoutables rumeurs. Ses dépenses excessives et déraisonnables étonnaient, choquaient la population. Fallait-il y voir un moyen pour lui de retrouver un faste perdu ?
De septembre 1434 à août 1435, Gilles de Rais se trouve à Orléans, là où il avait un temps fait montre de bravoure. Non satisfait de se promener en permanence avec sa chapelle et ses hommes de combat, tel un baron de haute lignée, Gilles va aggraver sa situation financière en organisant un spectacle en son honneur. Depuis la victoire de sainte Jeanne d’Arc sur les Anglais, les orléanais fêtaient la libération en organisant des fêtes en plein cœur de la ville. Gilles de Rais engage de lourdes dépenses dans l’organisation du Mystère d’Orléans, spectacle retraçant la libération de la ville. Le seigneur breton n’hésite pas à se mettre en scène tel un général romain victorieux. Il joue un rôle de premier plan. Le présence d’un capitaine breton dans Orléans ne manque pas d’étonner les habitants. Le Mystère d’Orléans rencontre un vrai succès. L’homme est plus endetté que jamais. A l’été 1435, il est contraint de mettre en gage chez des aubergistes : du mobilier et des pièces de sa chapelle, un reliquaire de saint Honoré, des vêtements liturgiques, et d’emprunter de l’argent auprès de changeurs de la ville. Incapable de rembourser un certain Jacques Boucher, il lui laisse en gage un cheval. Acculé, il est rapidement obligé de vendre ses terres et ses seigneuries de l’Ouest de la France.
Gilles de Rais, au fil du temps, se fait maître dans le vice. En mai 1436, il entra dans la ville d’Angers, enleva le prêtre d’une paroisse, et demanda rançon pour sa libération. Le seigneur de Rais reprochait au clerc, Michel de Fontenay, d’avoir soutenu contre lui les Angevins, le roi et les Laval. Il fallut l’intervention du duc d’Anjou, de l’évêque et des maîtres de l’université pour voir le prêtre libéré des griffes du Breton. Ses poussées démoniaques gagnaient en intensité. Avec ses hommes de main, Gilles se rendit à Pallau et aux Essarts pour en découdre, il soupçonnait les châtelains de vouloir s’emparer de son château de Saint-Etienne-de-Mer-Morte. Il demande conseil à Prelati, son fidèle compagnon. Ce dernier, après avoir interrogé les démons, lui assura qu’il ne rencontrerait aucun parti ennemi. Alors ils firent demi-tour.
Le maréchal de France, présent aux côtés de sainte Jeanne d’Arc, n’était plus. Fini les grandes expéditions, les honneurs de la cour, Gilles de Rais était devenu un brigand, un brigand endetté. Ses terres étaient si éloignées les unes des autres qu’il ne pouvait convenablement les administrer. Ses besoins financiers l’ont même obligé à vendre ses terres et ses exploitations aux vignerons de sa région, leur permettant au passage de s’enrichir.
Les exactions du sire de Rais commençaient à se faire connaître un peu partout dans la région. Gilles, en rupture totale avec la société, multiplie les forfaits avec ses hommes. En plus de s’adonner aux pillages et aux razzias, Gilles de Rais s’intéressait beaucoup à l’alchimie et à la sorcellerie. Il rêvait de pouvoir fabriquer de l’or. Pour y parvenir, il n’allait reculer devant rien. A Angers, il acheta un livre d’alchimie à un prisonnier jugé coupable d’hérésie et tenta de lui octroyer quelques formules magiques. Une autre fois, en 1436, il recruta un orfèvre qui s’était présenté comme maître alchimiste. Gilles l’enferma dans une chambre d’auberge et lui donna un peu d’argent en contrepartie de la fabrication d’or. L’alchimiste dépensa tout en boisson et se fait expulser de l’auberge. Gilles de Rais était obnubilé par l’alchimie. Il alla partout en France et en Europe à la recherche de personnes capables de la maîtriser. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et bien vite, des hommes malintentionnés venaient dans le pays de Rais dans l’intention de vendre leur service démoniaque. Son cousin, Gilles de Sillé, fut missionné par le sieur breton pour parcourir le monde à la recherche d’un bon alchimiste. De Sillé demanda à son tour à Eustache Blanchet, un autre fidèle de Gilles de Rais, de se rendre en Italie et à Florence dans le même but. Rapidement, Gilles de Rais fut entouré par trois mages italiens : Antoine de Palerme, François Lombard et surtout François Prelati, ce dernier était un intime des Médicis. Prelati ne connaissait rien, il était venu d’Italie avec un pauvre livre d’alchimie dans les mains dans lequel figurait quelques formules faisant appel aux démons. L’Italien menait Gilles en bateau, les trois mages n’ont jamais rien obtenu. Prelati n’était pas un novice quand, en 1438, il se présenta en Bretagne. Depuis quatorze ans déjà, l’homme pratiquait les évocations démoniaques. Le sieur de Rais, lors de ses procès, confessera avoir appelé des orfèvres, des nécromanciens et des magiciens du grand ouest capables d’entrer en contact avec le démon. Gilles de Sillé, de son côté, affirma avoir rencontré deux femmes lui ayant confié que le seigneur de Rais n’arriverait à rien tant qu’il n’aura pas détourné son âme de l’Église. Dans les villages bretons, Eustache Blanchet, moine défroqué et confesseur du seigneur de Rais, était au courant de l’existence d’orfèvres, de forgerons qui pratiquaient la sorcellerie. D’ailleurs bon nombre d’entre eux avait été condamnés pour magie et sorcellerie. Au château de Tiffauges, les pratiques démoniaques étaient courantes. Gilles de Rais ne vivait que dans l’espoir de trouver de l’or. Ses protégés et ses serviteurs abusaient de sa folie. Prelati confia à Gilles qu’il avait tout appris d’un médecin italien qui l’avait initié en le menant dans une chambre au milieu de laquelle il dessina un cercle et posa un pot de terre en son centre. Il fait brûler de l’encens, de la myrrhe quand soudain des corbeaux lui apparurent. Prelati évoqua les démons : Barron, Oriens, Belzébuth et Bélial. L’histoire fait sensation sur Gilles de Rais. Prelati réussit à le séduire, son emprise était totale. Tout fut parfaitement décrit par Prelati lors du procès civil en 1440.
Dans le même esprit que le médecin italien, Prelati emmena Gilles dans une chambre du château de Tiffauges, des cierges à la main, traça plusieurs cercles avec la pointe de son épée, alluma des charbons, jeta de l’encens, de la myrrhe et de l’aloès, puis appela les démons en prononçant des formules magiques. Même si rien ne se passa, l’opération fut inlassablement renouvelée. Gilles était fasciné par Prelati. Une autre fois, Prelati plaça Poitou, un compagnon du seigneur de Rais, au milieu d’un cercle, avec dans les mains, une lettre rédigée par Gilles, laquelle faisait appel aux démons. Un violent orage gronda si brutalement que les deux hommes s’enfuirent immédiatement.
Les frasques de Gilles de Rais commençaient à faire désordre et à apeurer toute la région. Le duché de Bretagne mena une enquête du 18 septembre au 8 octobre 1440. Plus de quarante personnes furent interrogées par le pouvoir civil. Les dépositions rejoignent celles recueillies par la justice de l’évêque, consignée par trois notaires. Les familles de victimes, qui venaient témoigner de la disparition d’un enfant, affirmaient que les enlèvements eurent toujours lieu dans les environs des châteaux du seigneur ou proches de son hôtel de la Suze à Nantes. Les parents, désabusés, n’en finissaient plus de chercher leur enfant, de questionner les habitants. Beaucoup de familles attestaient que l’enfant jouait souvent à proximité du château de Tiffauges par exemple. Parfois, l’enfant allait même mendier au château ou allait proposer ses bras pour travailler, puis disparaissait. Henriet Griart, un complice de Gilles, confessa lors de son procès que nombre d’enfants ont été pris au moment où ils venaient quémander du travail ou du pain devant le château ou devant l’hôtel. Comme le seigneur de Rais avait une réputation de protecteur des pauvres, certains parents ou enfants refusaient de croire les rumeurs qui couraient depuis longtemps sur son compte. Les procès révèleront que les enfants étaient souvent de jeunes et beaux garçons. De jours en jours, l’étau se resserrait pour Gilles et les siens, quelques-uns d’entre eux avaient préféré fuir avant d’être pris, quand d’autres préféraient tout avouer. Face à un seigneur de la trempe de Gilles de Rais, beaucoup n’osaient pas aller témoigner à la cour ducale ou épiscopale. Les proches du seigneur de Rais réussissaient à faire taire les plus téméraires.
Pourquoi lui a-t-on donné le surnom de Barbe Bleue ? Sa vie tumultueuse, ses crimes et sa mort vont inspirer deux siècles plus tard la légende de « Barbe-bleue ». Charles Perrault, un écrivain du temps de Louis XIV, raconte ainsi dans son célèbre recueil des Contes de ma mère l’Oye l’histoire d’un féroce seigneur qui tuait ses épouses successives. Mais Gilles de Rais, le véritable Barbe-bleue, préférait quant à lui les garçonnets ! Lire l’article
Lors de son procès, Gilles ne pouvait dire combien d’enfants avaient été tués. Poitou, son fidèle, affirma qu’à Machecoul, les ossements d’une quarantaine d’enfants avaient été extraits d’une tour du château dans le but de les brûler. Henriet Griart parle, lui, d’une quarantaine d’enfants offerts à Gilles de Rais puis tués par ses soins. Les différents témoignages recueillis lors des procès semblent indiquer que les premiers enlèvements datent de 1432 et se poursuivent jusqu’au procès en 1440.
Comment expliquer une telle décadence ? L’homme, aidé par des forces maléfiques, était orgueilleux, ne cachant pas son goût pour la parade, le mysticisme, les passions homosexuelles, son amour de la beauté enfantine, le sadisme. Ses compagnons, lors des procès, ont témoigné de son goût à voir couler le sang de ses jeunes victimes et, comble de l’horreur, d’assister à leur agonie. Poitou, affirme lui, qu’il lui arrivait parfois de s’asseoir sur le ventre de l’une d’elle et le regardait mourir. Gilles de Rais suppliait Prelati de demander aux démons ce qu’ils voulaient, l’un d’entre eux, nommé Barron, demandait, pour obtenir de l’or, un bras ou une jambe d’enfant. Ne constatant aucun résultat probant, les membres furent rapportés au château, enveloppés dans un linge, et enterrés dans la cour du château de Tiffauges, près de la chapelle Saint-Vincent. Gilles confia que le crime de sodomie précédait toujours les appels aux démons.
La chute de Gilles de Rais était imminente. En plus de ses effroyables crimes, le seigneur breton s’était mis à dos de puissants personnages. En vendant ses terres et ses domaines à qui était prêt à payer, certains ont craint pour leur intégrité territoriale. Ses terres, pour certaines d’entre elles, étaient à la frontière entre le duché et le royaume. Un scandale éclata quand Gilles voulut s’emparer, les armes à la main, de la seigneurie de Saint-Etienne-de-Mer-Morte. Gilles l’avait vendu à Guillaume le Ferron, archidiacre, puis évêque de Léon et surtout frère du trésorier du duc. Guillaume prit possession du château et le duc demanda aux habitants de ne plus payer l’impôt à Gilles. Le 25 mai 1440, Gilles avec ses hommes, jour de la Pentecôte, entoura le château, et fit irruption dans l’église pendant la sainte messe, l’épée à la main. Il demanda au prêtre, Jean le Ferron, de sortir. Gilles l’emprisonna. Il avait rompu l’immunité ecclésistique. Le prétexte fut trouvé pour l’évêque. Le duc le somma de libérer le prélat mais Gilles aggrava la situation en emprisonnant le frère du prisonnier venu le secourir, ainsi que le receveur de taxe du duc et le sergent général du duché. Le 15 septembre, le capitaine d’arme du duc, Jean Labbé, avec quelques hommes d’armes, se présente devant le château de Machecoul et signifia la citation à comparaître devant le tribunal ecclésiastique de Nantes. Plusieurs de ses soutiens avaient fui.
La troupe de Rais prit le chemin de Nantes avec Prelati, Poitou, Henriet et Blanchet. Conscient de ce qui l’attendait, Henriet tenta de se suicider. Avant l’intervention ducale au château de Machecoul, des enquêtes avaient été menées sur son compte, et les rumeurs avaient été vérifiées. Le résultat des enquêtes et le crime de Saint-Etienne-de-Mer-Morte furent suffisants pour intervenir. Le 30 juillet 1440, l’évêque publiait une lettre constatant que Gilles et ses complices s’étaient rendus coupables de meurtres d’enfants, de crime contre nature et d’évocation aux démons accompagnés d’offrandes et de sacrifices. La justice séculière du parlement avait mené son enquête et arrivait aux mêmes conclusions.
Bien plus tard, certains avaient crié au scandale et au procès truqué sauf que la famille de Gilles, Catherine de Thouars, son épouse, Marie de Craon, sa fille, n’ont jamais contesté les procès ou crié au déni de justice. Pour les proches parents du seigneur de Rais, ils ont simplement revendiqué leur part d’héritage. Tout au plus accusent-ils le duc, alors que Gilles ne semblait pas en pleine possession de ses moyens, d’avoir profité de l’occasion pour saisir ses possessions. Le procès ecclésiastique ne relevait pas de l’Inquisition mais simplement de la cour de justice épiscopale. La procédure ecclésiastique semble d’ailleurs mieux menée que la justice civile. Les dépositions sont consignées par écrit et les contenus et les noms communiqués à l’accusé. Le tribunal ecclésiastique ne traitait que les crimes relevant de sa juridiction à savoir l’apostasie, l’hérésie, les pratiques magiques et divinatoires, le commerce avec le diable, et la sodomie. Gilles est emprisonné dans une des chambres hautes du château de la Tour Neuve de Nantes quant à ses serviteurs, ils sont enfermés dans les cachots ordinaires. Lors des procès, les débats étaient publics et de nombreux témoins, licenciés en droit, chanoines, dignitaires de l’église, notables et marchands de la ville, étaient appelés pour entendre les dépositions des plaignants. La lecture des accusations, les réponses de Gilles puis ses aveux furent prononcés devant un public nombreux de nobles et de gens du peuple. Les actes étaient rédigés en français pour la cour ducale et en latin pour la cour ecclésiastiques.
« Cette idée diabolique me vint il y a huit ans, année où mourut le sire de Suze, mon parent. Me trouvant alors par hasard dans la bibliothèque de son château, je trouvai un livre latin sur la vie et les mœurs des empereurs romains, écrit par le savant historien Suétone. Cedit livre était orné de gravures fort bien peintes, montrant les coutumes de ces princes païens. Je lus dans ce beau livre d’histoire que Tibère, Caligula et autres Césars, jouaient avec des enfants et prenaient un plaisir singulier à les martyriser. Là-dessus, je décidai d’imiter lesdits Césars, et le même soir, je commençai à le faire en suivant les images reproduites dans le livre… » avoue Gilles de Rais lors de son procès.
Le 18 septembre 1440, Gilles de Rais comparaît pour la première fois devant la cour ducale. Lui sont reprochés les meurtres d’enfants et l’agression contre Jean le Ferron dans l’église. Quatre vingt deux personnes sont entendues.
Le lendemain, 19 septembre, Gilles entend le procureur de la cour épiscopale l’accuser d’hérésie.
Du 28 septembre au 11 octobre, l’évêque entend neuf personnes témoignant de la perte d’un enfant. Gilles récuse ses juges et fait appel au roi. La demande est rejetée.
Le 13 octobre, le procureur lit l’acte d’accusation comprenant 49 articles.
Les 16 et 17 octobre : ses compagnons sont entendus.
Le 21 octobre, menacé de subir la torture, Gilles de Rais confesse ses crimes, implore le pardon des parents, incrimine le désordre dans son éducation et ses excès de table. Plus tard, certains défendront que les aveux de Gilles, de ses hommes ont été receuillis sous la contrainte et la torture. Sauf que les témoignages, recueillis de façon séparée et à différents moments, correspondent tous et de façon précise. Les hommes du seigneur de Rais avouèrent, au moment du procès, avoir fait de belles promesses aux jeunes enfants et confessèrent leurs rapts et leurs assassinats.
Le 23 octobre : deux de ses compagnons, Henriet et Poitou, avouèrent leur participation. Ils furent pendus et brûlés. Prelati et Blanchet échappèrent à la mort.
Gilles de Rais est reconnu coupable. La sentence est prononcée devant une foule considérable. Le baron de Retz est accusé d’hérésie, d’apostasie, de commerce avec le démon et de crime et vice contre nature avec des enfants des deux sexes. Excommunié, il obtint de revenir dans l’Eglise après une confession à un religieux des Carmes. Pour les meurtres d’enfants, il est condamné à être pendu au gibet de la Biesse, et ensuite d’être brûlé. Il put se repentir et obtenir la garantie que son corps ne serait pas réduit en cendres mais enlevé à temps du bûcher et enseveli dans une église. Lors de la manipulation du corps, l’assistance « n’y voyait que du feu », c’est de cette événement que provient l’origine de l’expression.
Le 26 octobre, une procession autorisée par l’évêque parcourait les rues de la ville, regroupant une foule immense de gens du peuple priant pour l’âme de Gilles et de ses serviteurs. Un auteur rapporte, aux dires de plusieurs historiens, que père et mère de famille jeûnaient pendant trois jours pour mériter aux coupables la délivrance et le repos de leur âme. Trois gibets furent dressés, Gilles fut pendu le dernier. Le corps de Gilles fut conduit à l’église des Carmes.
Et bien juste pour vous dire que vous faites un travail formidable, saint, j’ai même envie de dire. Je n’ai pour l’instant que deux livres de votre collection mais je compte bien en ajouter d’autres prochainement. Merci car je peux, grâce à vous, approfondir sérieusement mes connaissances avec des livres toutefois très accessibles.
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impeccable pour nos jeunes à qui l’éducation nationale supprime des pans entiers de notre histoire.
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