Les corporation de métiers au Moyen-Âge

Déjà sous l’empire romain, au coeur de la gaule romaine, des armateurs-mariniers gaulois puissants s’étaient regroupés en confrérie : les nautes de Lutèce. Il s’agissait de marchands de l’eau qui avaient la responsabilité d’approvisionner l’ancienne ville de Paris – Lutèce – par voies fluviales. Cette confrérie traversera le temps et survivra à l’invasion franque. Il fallut attendre l’année 1160 pour retrouver sa trace, nous sommes sous Louis VII le Jeune. Ainsi le royaume de France verra éclore, au fil du temps, des communautés de métiers qui au XVIIIème siècle seront plus connues c sous le nom de corporation de métiers. Qu’étaient ces communautés de métiers ? C’est ce que nous allons voir, bon épisode.

A partir du XIIème siècle, des artisans d’une même profession allaient se regrouper volontairement pour défendre leurs intérêts. Petit à petit, ces corps de métiers ou hanses ou gildes selon la situation géographique se feront reconnaître par le seigneur puis par le roi lui-même. La communauté était dotée d’un règlement qui au début était rudimentaire mais qui sera par la suite plus richement fourni. Personne ne pouvait s’installer et vendre une marchandise sans appartenir au métier et y être passé maître. Les communautés de métiers connurent leur période de maturation au XIIIème siècle grâce à Etienne Boileau, nommé prévôt de Paris par Saint Louis. En 1268, il rédigea le livre des métiers qui permit de répertorier tous les métiers de Paris accompagnés de leurs coutumes et de leurs règlements. Les droits des ouvriers allaient être protégés par un ordre social chrétien.

De qui étaient composées les communautés de métiers ?

L’apprenti. gé entre 10 et 15 ans, l’apprenti signait devant le notaire son contrat d’apprentissage et se formait, pendant plusieurs années, à un métier. En plus de sa formation, l’apprenti était logé, nourri et habillé par le maître, il était traité comme un membre de la famille. La communauté veillait à la protection et à la formation professionnelle du jeune homme.

Le compagnon. Une fois la période d’apprentissage terminée, le jeune homme devenait compagnon, véritable classe ouvrière de l’ancien régime. Engagés pendant un an, renouvelable par le maître, certains d’entre eux entamaient un tour de France pour parfaire leurs techniques, leur expérience et ainsi, de chantiers en chantiers, découvrir de nouveaux savoir-faire et aspirer à devenir l’élite ouvrière du temps. Ensuite, les compagnons se divisaient en deux catégories : ceux qui allaient devenir maîtres et ceux qui resteront compagnons. Une fois compagnon, l’ouvrier ne connaissait pas le chômage. Propriétaire de son métier, la corporation lui fournira toujours du travail.

Les maîtres. L’ouvrier voulant accéder à la maîtrise devait passer un examen devant un jury pour prouver sa capacité et produire un “chef d’oeuvre”. Terme qu’il faut dissocier de l’oeuvre d’art, le chef d’oeuvre était la preuve manifeste de la haute valeur professionnelle du candidat. Une fois réussi, le nouveau maître prêta serment sur les reliques des saints ou des Évangiles. Une fois reçu, il lui restait plus qu’à s’acquitter des droits de maîtrise et de s’installer à son compte.

Les jurés. Véritables administrateurs du corps de métiers, élus chaque année en jurandes jusqu’au XVème par les apprentis, les compagnons, les maîtres, plus tard seuls les maîtres pourront voter, ils ont pour mission de juger les difficultés entre patrons et ouvriers, de défendre les droits et les privilèges du corps qu’ils représentent. Et oui, à la Révolution, nous avons aussi aboli les privilèges…des ouvriers. Ils visitent les ateliers afin de vérifier la conformité du règlement celui-là même qui fixait de manière très minutieuse la fabrication, les salaires, les prix, les heures de travail et punissait les malfaçons et les fraudes.

Les confréries. Les confréries organisaient la vie religieuse des membres d’un métier et assumaient l’organisation de l’assistance matérielle et morale pour l’ensemble de ses membres pauvres, malades, vieillards, veuves ou orphelins. Le but spirituel de la confrérie était évidente, chacunes d’elles avaient un saint pour patron et élisaient domicile dans la chapelle d’une église paroissiale. Elles furent une magnifique illustration de la charité chrétienne, véritable structure de cohésion et de charité entre les hommes.

Puis arriva progressivement la Renaissance accompagnée de son appétit grandissant pour l’argent. Colbert, à la fin du XVIème, réglementa et contrôla les communautés de métiers. Le déclin s’annonça. Quesnay puis plus tard Turgot, véritables ennemis de ces associations, en bons libéraux séduits par les théories libérales anglaises, amorcèrent la fin de cet âge d’or. Les communautés ou corporation de métiers furent abolies en 1791 par la loi d’Allarde. Désormais sans protection, la vie des ouvriers connut la chute des salaires, la désorganisation de la production, la pénurie et la hausse des prix.