8 mars — St. Jean de Dieu. 1550

Extrait du livre : la vie des saints pour tous les jours de l’année

Le 8 mars 1495 était né au bourg de Montemayor-el-Nuovo, en Portugal, Jean Cindad. Ses parents, plus riches des biens du ciel que de ceux de la terre, semaient avec amour dans sa petite âme les germes féconds de leurs vertus. Un jour, l’humeur aventureuse de l’enfant rompit brusquement leur bonheur : Jean, âgé de neuf ans à peine, s’était sauvé de leurs bras pour suivre un étranger. Arrivé en Castille, son guide inhumain l’abandonna, et le fugitif dut garder les moutons pour manger un morceau de pain noir. Douze ans plus tard, il était soldat, et, à travers la vie des camps, récitait le rosaire chaque jour. Surpris dans une guerre par l’ennemi, qui lui enleva une partie du butin confié à sa vigilance, le malheureux engagé fut condamné au supplice de la corde. Son général ayant obtenu de commuer cette peine en un simple renvoi, Jean dut retourner à ses moutons. Sa nature ardente s’accommodant peu de ces loisirs, il s’enrôla des premiers dans une expédition contre les Turcs. Les combats finis et les troupes une fois licenciées, il revint en Portugal, mais trop tard pour revoir ses vieux parents.

Sa mère était morte du chagrin de sa fuite, et son père, entré en religion, venait de succomber sous la même douleur. La conscience bourrelée de remords, Jean reprit une troisième fois son métier de berger, passant jour et nuit dans les larmes, la prière et les jeûnes. Sa vie lui semble encore trop douce, et il s’expatrie alors en Afrique pour cueillir les palmes du martyre. Les exhortations de son confesseur le ramènent en Espagne. Arrivé à Grenade, il entend un sermon du célèbre Jean d’Avila. Son âme est si touchée qu’il remplit l’église de ses cris et de ses sanglots, se frappe la poitrine, s’arrache les cheveux, se déchire le visage et se met à suivre les places publiques criant : « miséricorde ! miséricorde ! » À quelque temps de là, on le voyait nu-pieds, la tête découverte, parcourant la ville de Grenade, une hotte sur le dos, une sébile à la main, en disant :

« Faites du bien pour vous, Messieurs, faites du bien pour vous ! »

Saint Jean de Dieu

Jean venait d’établir le berceau des Frères de la Charité.et il mendiait pour ses protégés les malheureux. Alors lui fut donné par l’évêque de Tuy, avec l’habit de son ordre, le nom de Jean de Dieu. Usé par le travail et les austérités, le zélé serviteur allait mourir. Marie s’était montrée à lui, une couronne d’épines à la main, et lui avait dit :

« Jean, les douleurs et les souffrances formeront au ciel ta couronne de gloire. »

Vierge Marie

« Bonne Mère, avait répondu le saint, venant de votre main, ces épines et ces croix servent de belles fleurs, de très agréables roses, fleurs pourprées du calvaire, roses de l’amour et du salut. »

Saint Jean de Dieu

Un autre jour l’homme de Dieu trouva un pauvre à toute extrémité ; il le chargea sur ses épaules, le mit dans un lit et, voulant lui laver les pieds, les trouva percés de plaies.

« Jean, » lui dit Jésus, « c’est moi.

Notre Seigneur Jésus-Christ

Tout ce que tu fais aux pauvres, c’est à moi que tu le fais. » La vision disparut, mais pour revenir, le 8 mars 1550, prendre dans ses bras l’âme de ce grand saint. Ses épreuves étaient finies, et le ciel s’ouvrait pour les couronner.

Réflexion pratique — Aimons Dieu, aimons Marie, aimons nos frères, et les épines de ce monde seront pour nous des roses. L’amour possède la vertu de cette pierre philosophale que l’on cherche vainement, et qui changerait en or tous les métaux.

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