Depuis la chute de Louis XVI le 21 janvier 1793, la France était traversée par le chaos. Pour faire face à la baisse importante d’effectif dans l’armée révolutionnaire française, la Convention décréta la levée de 300 000 hommes en âge de se battre parmi la population. Ce fut l’étincelle à un soulèvement populaire qui gagna de très nombreuses régions françaises. Parmi elles, les vendéens de la Vendée militaire. Face à la tyrannie égalitariste républicaine, le conventionnel Carrier déclara dans ce sens : “nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière et de manquer le but que nous nous sommes proposés”, les insurgés vendéens menèrent un combat pour la liberté de conscience individuelle. D’un simple soulèvement populaire dans ses débuts, l’insurrection vendéenne évolua vers une guerre civile pour finir en véritable génocide perpétré notamment par les colonnes infernales de Turreau.
Les insurgés vendéens, de simples paysans soumis à un joug que le bonheur dont ils jouissaient auparavant rendait plus pesant, se mirent en route à la recherche de chefs pour mener à bien le combat. Aucun noble n’y croyait, il fallu les menacer de mort pour qu’ils daignent y aller. Cette réticence chez les nobles fera émerger des généraux issus du peuple tels que Cathelineau ou Stofflet.
De 1793 à 1796, les soldats Républicains et les paysans de l’armée catholique et royale vendéens mèneront des combats des plus féroces. Parmis les illustres généraux vendéens tels que De la Rochejacquelin, d’Elbée ou encore Charette, il y en eut un qui s’illustra par sa bonté et sa miséricorde, cet homme c’est Charles Melchior Artus, marquis de Bonchamp, né en 1760 à Juvardeil en Anjou. Nous sommes le 17 octobre 1793 à Cholet. 24 000 républicains affrontent 40 000 vendéens peu disciplinés et mal équipé en arme. Les combats faisaient rage, Kléber dira “Les rebelles combattaient comme des tigres et nos soldats comme des lions”. La victoire sera républicaine. Les vendéens prirent la fuite en laissant 8000 des leurs monter au ciel. Gravement blessé, le général Bonchamp et ses hommes se retirèrent à Saint-Florent-le-Vieil accompagnés de leur 5000 prisonniers républicains. Excédés d’avoir perdu 8000 des leurs sur le champs de bataille et ulcérés de rage quand ils apprirent l’état de santé de leur général, les paysans vendéens se préparaient à venger leur frères d’arme en exécutant les 5000 prisonniers. Mais le coeur chrétien de Bonchamp allait parler. Quand il apprit le macabre projet des siens, Bonchamp fut outré. Il dut déjà, par le passé, rappeler à ses soldats la responsabilité morale qui incombe à tout chrétien :”« Dieu, mes enfants, a pardonné à ses bourreaux ; comme lui, pardonnez aux vôtres. ». Chaque minute qui passait le rapprochait de Dieu. Dans un ultime effort, il dit à un officier à son chevet : « Mon ami, c’est sûrement le dernier ordre que je vous donnerai, laissez-moi l’assurance qu’il sera exécuté ». Et il demanda la grâce pour les 5000 prisonniers républicains. L’ordre se répandit comme une traînée de poudre chez les soldats : « Grâce ! Grâce ! Bonchamps l’ordonne ! ». Et les prisonniers furent libérés.
Décontenancés par un cet acte d’amour, tel le Christ sur la Croix exhortant “Pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font”, les républicains reprirent les armes contre ceux qui les avaient graciés et reçurent l’ordre de leurs supérieurs de ne pas faire mention de cet acte de charité. La consigne fut de dire que les 5000 prisonniers républicains avaient été sauvés par l’armée républicaine…Son geste de clémence offrit la plus belle des réponses à la folie meurtrière de la Révolution.
Avant de mourir, il déclara : “J’ai servi mon Dieu, mon Roi, ma patrie. J’ai su pardonner”. Charles de Bonchamps meurt le lendemain, le 18 octobre près de Varades, il avait 32 ans. Son tombeau se trouve dans l’abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil.
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