Le mariage de Louis XII et Anne de Bretagne

Bonjour, le 7 avril 1498, le roi de France Charles VIII décèda après s’être heurté la tête contre le linteau d’une porte au château d’Amboise. Il avait 27 ans. Aussitôt sa mort survenue, son épouse, Anne, héritière des Ducs de Bretagne, fille de François II et de Marguerite de Foix, reprit la tête de l’administration du duché de Bretagne. Quelques jours seulement après la mort du roi, le nouveau souverain Louis XII, âgé de trente six ans, fit savoir à la jeune veuve de 21 ans qu’il souhaitait l’épouser. Elle était belle, charismatique et puissante et le contrat de mariage était très clair : à la mort du roi, la veuve devait épouser l’héritier du trône. Mais le roi de France était marié depuis 1476 à la fille de Louis XI, Jeanne de France, et par conséquent l’annulation de son mariage était nécessaire avant d’en contracter un nouveau. Savez-vous comment s’est déroulé le mariage de Louis XII et d’Anne de Bretagne ? Non, je vous explique. 

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    Le 19 août 1498, Anne de Bretagne signa à Etampes une promesse de mariage avec le roi de France Louis XII, et une fois l’acte signé, elle s’en retourna en Bretagne. Louis XII devait trouver une solution pour faire annuler le mariage avec Jeanne de France sauf que Jeanne, dans son bon droit, se crut autorisée à refuser une rupture à l’amiable demandée par le roi. Jeanne de France, qui reçut le surnom de Jeanne la Boiteuse, ne fut pas réputée pour sa beauté physique. Le roi Louis XII n’en avait, semble-t-il, que faire du bon droit de son épouse, le riche duché de Bretagne semblait plus attrayant. Parmi les raisons qu’allégua Antoine de l’Estang, docteur en droit mandaté par le roi, pour annuler le mariage, il y eut celle qui stipula que le mariage ne fut pas consommé. Les défauts physiques de la reine furent avancés pour corroborer cette affirmation.

    « On me reproche, disait-elle, mes infirmités ; je ne les ignore pas ; mais je ne conviens pas qu’il en résulte l’impossibilité d’avoir des enfants : je sais que je ne suis ni si belle, ni si bien faite que la plupart des femmes ; mais je ne m’en crois pas moins propre au mariage ». 

    Et elle déclara sur les Evangiles que le roi avait usé envers elle de tous les droits que lui donnait son titre d’époux. Le pape Alexandre VI fut sollicité pour trouver une issue à l’affaire. Il nomma le 29 juillet 1498, trois commissaires pour trancher la question de la nullité du mariage de Louis et de Jeanne de France : les évêques de Séez et d’Albi, et le cardinal de Luxembourg, et évêque du Mans. Un tribunal ecclésiastique se réunit lors d’un procès à la cathédrale de Tours le 10 août 1498. Jeanne dut se confronter à de nombreux témoins parmi lesquels un maréchal de France, des seigneurs, des prêtres, le confesseur du feu roi, un médecin, et des femmes. Le calvaire de Jeanne ne fut pas terminé, après avoir été visitée par des matrones, elle décida de s’en remettre à la bonne foi de son époux : si ce dernier daignait, sous serment, attester le fait de non-consommation, elle se soumettrait à son sort. Louis XII prêta le serment demandé, et les évêques déclarèrent par conséquent le mariage nul. Il fut annulé le 17 décembre par la bulle pontificale d’Alexandre VI pour non-consommation. La pieuse femme vécut saintement à Bourges et fonda l’ordre monastique de l’Annonciade destiné à honorer la Sainte Vierge Marie et le mystère de l’Annonciation.  Elle fut canonisée le 28 mai 1950 par le pape Pie XII. 

    Revenons à notre mariage. Louis XII fut donc autorisé à contracter une nouvelle union. Le 7 janvier 1499, à Nantes, le contrat de mariage entre Anne de Bretagne et Louis XII fut signé, neuf mois seulement après la mort de son époux Charles VIII. Le lendemain, le 8 janvier, le mariage fut célébré dans la chapelle du château ducal de Nantes. Les conditions du contrat n’étaient pas les mêmes que celles signées lors de son mariage avec Charles VIII. Elle était pleinement et seule héritière du duché de Bretagne et jouissait du titre de duchesse. Lors de son précédent mariage, Charles VIII lui avait interdit de porter le titre de duchesse de Bretagne. Il s’agissait d’une union entre deux couronnes ; ducale et royale. Louis XII devait également respecter les privilèges bretons et les institutions du duché comme son Parlement, sa Chancellerie, sa Chambre des Comptes et sa Trésorerie générale. Anne, en bonne souveraine, tenait à l’indépendance de sa chère Bretagne.

    « Les états du pays, ajoutait le contrat, seront régulièrement convoqués, et aucun impôt ne sera levé sans leur consentement ; la noblesse bretonne ne sera point obligée de servir le roi à la guerre hors de la province, excepté dans les cas d’une extrême nécessité, et avec le consentement de la reine et des états. Les bénéfices situés en Bretagne ne pourront être conférés qu’à des nationaux. »

    Ce mariage politique finit par devenir un mariage d’amour, Louis XII aimait éperdument celle qu’il surnommait « sa Bretonne » et Anne aimait, elle aussi,  profondément son roi.

    Anne de Bretagne, épuisée, s’éteint le 9 janvier 1514 au château de Blois. Elle fut inhumée dans la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Affaibli par l’âge, Louis, âgé de 52 ans, et atteint par la goutte, meurt le 1er janvier 1515. Il faudra attendre le règne de François Ier pour voir la Bretagne rattachée officiellement à la France via un traité d’union qui perdura jusqu’en 1789.