Bonjour, nous sommes au XIIe siècle, en 1137, et le règne du roi Louis VI est sur le point de s’achever. Louis VI, que l’on appelait le Batailleur tout au long de sa vie, allait rester pour la postérité Louis VI le Gros, en raison de son obésité qui s’était aggravé avec l’âge. Ses jours étaient désormais comptés, et en bon capétien, fidèle à sa foi, il tenait à mourir en chrétien. A l’article de la mort, il convoqua son fils Louis, quelques abbés, des chevaliers et quelques prêtres autour de lui. Après que le roi eut confessé ses péchés à voix haute, l’abbé Suger, son fidèle ministre et ami, le reçut en confession et lui donna l’absolution. Savez-vous dans quelles circonstances est mort le roi Louis VI ? Non, je vous explique. 

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Le pieu roi demanda immédiatement le saint Viatique. Quand soudain, il entendit la sainte Eucharistie arriver en procession dans la pièce voisine des mains de l’évêque. Il ne put s’empêcher, avec le peu de force qu’il lui restait, de se lever de son lit, et de filer au devant de la procession. L’homme si puissant hier, constatait avec humilité l’homme pécheur qu’il était, si près du trépas. Revenu dans son lit, il fit appeler son fils Louis le Jeune et lui passa l’anneau royal au doigt.

Mon fils, vous voici roi. Promettez-moi sous la foi du serment, de veiller sur l’Eglise de Dieu, sur les pauvres et les orphelins ; de garder à chacun son droit.

Louis VI le Gros

Louis le Jeune prêta serment sur les Évangiles. Puis vint le moment où Louis VI distribua les trésors du royaume : or, argenterie, étoffes, vases ; à l’Eglise et aux pauvres. Puis il fit venir les trésors spirituels de son royaume : ornements liturgiques, livres sacrés, vases sacrés et en fit don à l’abbaye de Saint-Denis. Allégé de toutes ses richesses royales, il demanda à ce que soit célébrée la sainte Messe. Quand le prêtre s’approcha pour lui donner la sainte communion, le roi tint à renouveler sa profession de foi. La communion transforma le visage du roi. Au moment où il regagna son lit, il demanda, en pénitent, à s’allonger sur une simple couche de toile et consola son ami Suger submergé par l’émotion :

Ne pleurez pas sur moi, mon très cher ami, mais plutôt réjouissez-vous hautement de ce que la miséricorde divine m’a permis de me préparer à me présenter devant elle.

Louis VI le Gros

Mais la mort, que tous redoutaient, ne venait pas alors il demanda à rejoindre la ville de Melun comme l’avait fait son père. Pour alléger la difficulté du voyage, il fut transporté par bateau. La population, de toutes les conditions, se regroupait sur la rive et acclamait ce roi qu’elle aimait tant. A la moitié du chemin, Louis VI demanda à être débarqué, et qu’on lui apporta un destrier. Le roi voulait aller rendre visite aux Saints Martyrs à l’abbaye de Saint Denis. Son entourage était persuadé que ce voyage soudain allait lui être fatal. On le hissa avec peine sur le cheval et le roi ventripotent et mourant prit la route avec le peu de force qu’il lui restait. Arrivé devant le tombeau de Saint Denis, entouré d’abbés et de prêtres, il s’exclama de joie : 

Voici que j’ai accompli mon vœu. J’avais promis de me rendre en ce lieu en action de grâces pour les bienfaits reçus du Ciel pendant mon règne, et le supplier de continuer à veiller sur mon royaume.

Louis VI le Gros

Le roi, à qui la mort se refusait encore, continua de visiter son domaine autour de Paris. Quand soudain, alors que le roi se trouvait à Paris, des messagers envoyés par le duc d’Aquitaine vinrent l’informer que ledit duc voulait instituer sa fille aînée comme héritière du duché à la condition qu’elle épousât le fils héritier Louis, futur Louis VII. Le roi de France ne put contenir sa joie. Après avoir offert des cadeaux de circonstance aux envoyés du duc, une délégation du royaume de France s’en alla en direction de l’Aquitaine. Louis VI, avant leur départ, leur déclara ceci : 

Au nom de mon autorité royale, je vous adjure de ne rien prendre dans tout le duché d’Aquitaine, de ne porter aucun dommage ni à la terre ni aux pauvres gens, de ne pas transformer nos amis en ennemis.

Louis VI le Gros

Le mariage de Louis et Aliénor fut célébré le 25 juillet 1137 en la cathédrale Saint André en présence de tous les vassaux d’Aquitaine.

À Paris, la chaleur était à la limite du supportable. Louis VI, dont l’état de santé empirait au fil des jours, sentait son heure arriver. Il appela l’évêque de Paris, Étienne de Senlis, l’abbé de Saint Victor, Guilduin, à qui il se confessa et demanda la communion en viatique. Le roi demanda à ce qu’un tapis de cendre en forme de croix soit déroulé et qu’on l’y posât. Nous étions le 1er août 1137. Louis VI rendit son âme à Dieu. Au même moment, son fils Louis le Jeune, célébrait sa noce mais à l’annonce de la nouvelle, épris d’une profonde tristesse, il ordonna à ce que toutes les réjouissances cessèrent immédiatement. Il demanda dans le même temps qu’une messe soit célébrée pour le repos de son âme. Louis VI fut inhumé à l’abbaye de Saint-Denis auprès des siens. 

Source : Ivan Gobry – Histoire des rois de France, Louis VI père de Louis VII