Le vase de Soissons : quand Clovis rompt avec la tradition franque

Nous sommes en 486 et l’europe est composée de divers royaumes. L’un d’entres eux allait marquer à jamais l’histoire de France : le royaume des Francs.

Clovis, alors roi des francs, mena une guerre acharnée contre le général romain Syagius, son principal ennemi, à Soissons. Après cette victoire implacable, le lendemain vient le moment du partage du butin, la tradition franque veut qu’il soit partagé à parts égales entre tous les guerriers quelque soit la condition de celui-ci. C’est le sort qui décidera de ce qui revient à qui.

En ce temps là, après une bataille victorieuse, le pillage et le saccage sont courants. C’est ainsi que fut volé dans un édifice religieux situé à Reims près de Soissons, alors sous le contrôle d’un évêque qui allait devenir célèbre, saint Remi, des ornements, des vases liturgiques en argent d’une beauté extraordinaire. L’évêque Remi envoya alors un émissaire à Clovis pour lui demander de lui restituer, à défaut de tout le reste, un vase si précieux à ses yeux. Clovis invita l’évêque Remi sur le lieu du partage et lui promis de lui restituer le vase tant désiré dès qu’il sera en sa possession.

Contrevenant à la tradition franque, Clovis demanda à ses guerriers de lui céder le vase en plus de sa part : « Je vous prie, mes braves guerriers, de vouloir bien m’accorder, outre ma part, ce vase que voici. ». Ses hommes lui répondirent : “Tout ce que nous voyons ici est à toi, glorieux roi, et nous sommes nous-mêmes soumis à ton autorité. Agis maintenant comme il te plaira, personne ne peut te résister.” C’était sans compter sur un des guerriers qui ne goûtait guère cette demande du roi. Il s’avança et frappa d’un grand coup de francisque le vase et dit à Clovis : « Tu ne recevras que ce que le sort t’attribuera vraiment ! ». Clovis ne dit rien, restitua le vase endommagé à l’évêque et garda la blessure de cet affront au fond de lui.

Un an plus tard, en 487 sur le champs de mars, clovis passa ses troupes en revue et passant devant celui qui jadis s’était opposé à lui lui fit remarquer le mauvais état de sa tenue, de ses armes. Il lui arracha sa francisque des mains et la jeta à terre, le guerrier se baissa pour la récupérer. Clovis lui asséna alors un grand coup de francisque qui lui fendit le crâne et dit « Ainsi as-tu traité le Vase de Soissons ! » Désormais, l’autorité de clovis ne sera plus jamais contestée.

Par cette anecdote célèbre, Clovis révèla sa volonté de s’éloigner de la tradition franque pour instituer progressivement une autorité royale et centrale. On y voit également les prémices d’une alliance indéfectible entre l’Eglise et le royaume. Sa détermination à vouloir restituer le vase à l’évêque alors qu’il n’était qu’un païen manifeste d’une bonté naturelle et d’un attachement envers le clergé qui allait dix ans plus tard, grâce à sa femme Clotilde et à cet évêque Remi, l’amener au baptême. Dès lors la France sera ce royaume chrétien pendant plus de dix siècles.