Le procès de Galilée : le 22 juin 1633

Bonjour, le 22 juin 1633 prit fin le procès de Galilée devant le Saint Office à Rome. Le savant Italien Galilée fut convoqué par le Saint-Office pour avoir affirmé l’héliocentrisme comme une vérité non comme une hypothèse. Ce procès a été, et est encore dans l’esprit de tout un chacun, un procès de la foi contre la science. La preuve ultime de l’obscurantisme et de la tyrannie de l’Eglise catholique. Qu’en est-il vraiment ? Je vous explique. 

    Recevez les missives des éditions catholiques et royales dans vostre boîte aux lettres !



    Au XVème siècle, le polonais Nicolas Copernic, chanoine et scientifique de renom, avance sans la prouver, la théorie selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil allant à l’encontre de l’opinion alors admise que la Terre était centrale et immobile. A partir de cette idée, il construit un modèle mathématique : l’héliocentrisme. Copernic n’est pas l’inventeur de cette théorie. Il admet lui-même s’être inspiré de l’astronome et mathématicien Nicolas Oresme et d’auteurs de l’Antiquité. Copernic a simplement actualisé une idée ancienne. La mobilité de la Terre était connue depuis longtemps : Nicolas Oresme l’évoque dans son Traité du Ciel et du Monde en 1377. Rome accueille plutôt favorablement la théorie de Copernic contrairement à Luther, et une bonne partie des adeptes de la Réforme, qui considéra Copernic comme un doux dingue. D’ailleurs, bon nombre de savants, ne pouvant s’exprimer librement dans plusieurs grandes villes d’Europe, trouvent refuge en Italie, à Florence et à Rome, où règne un climat intellectuel plus libre. 

    Mais alors pourquoi pendant des siècles, l’Église catholique fut-elle accusée d’obscurantisme, elle qui a d’ailleurs, au moment des faits, eu plutôt tendance à protéger les scientifiques contre les adversaires de l’héliocentrisme. Le protestant Allemand Kepler fut de ces intellectuels qui trouvèrent refuge chez les Jésuites après avoir fait des découvertes complémentaires à la théorie de Copernic. 

    A la lecture des thèses avancées par Copernic, l’Italien Galilée, mathématicien de profession, matière qu’il enseigne d’ailleurs dans plusieurs universités, à Pise comme à Rome, est convaincu de l’héliocentrisme. La première mention de l’héliocentrisme chez Galilée a lieu dans son ouvrage intitulé Lettres de 1613. Sa notoriété grandit rapidement. Il est même nommé philosophe et astronome en chef de Florence par Côme de Médicis, le grand-duc de Toscane. Mais si l’Eglise catholique soutient les théories scientifiques avancées par les savants du temps, pourquoi condamner Galilée ?

    Tout d’abord le style de Galilée est volontairement polémique. Malgré la protection du cardinal Barberini, futur pape Urbain VIII, dont bénéficie Galilée, il provoque ses adversaires dans ses écrits en affirmant plutôt qu’en démontrant ses hypothèses. En 1616, l’Église demande à Galilée de ne pas présenter ses écrits comme étant la vérité, mais uniquement comme une théorie car ni lui ni Copernic n’ont pu prouver leurs thèses. Il lui sera également demandé de ne pas mélanger les saintes Ecritures à ses travaux. Son grand tort sera de vouloir se mêler de théologie et d’interpréter les Écritures, comme le stipule le Canon du Concile de Trente : « Seule l’Église catholique a le droit d’interpréter les Écritures ». Pendant sept ans, il se conformera à la demande romaine. En 1624, celui qui fut son protecteur, le cardinal Barberini, est élu pape de l’Eglise catholique et romaine sous le nom d’Urbain VIII. Galilée lui soumet alors son projet de livre comparant les différents systèmes : ceux de Ptolémée, Copernic ou encore ceux de Kepler. Le Pape le soutient dans cette initiative mais lui demande à nouveau de présenter ces systèmes comme des théories et de ne surtout pas y mêler la religion. Galilée, une fois le livre terminé, sollicite l’imprimatur au Saint Office. L’imprimatur signifie que le livre doit être validé par Rome et imprimé à Rome. Sa demande est acceptée. Le Saint-Office lui demande simplement d’apporter quelques modifications et quelques rajouts comme une préface et une conclusion indiquant que le système n’était présenté qu’à titre d’hypothèse, ce qu’il accepta. Mais contrairement à son engagement, Galilée imprime son livre à Florence avec l’imprimatur de Rome, et en ayant totalement changé le texte. Lui qui s’était engagé à ne pas enseigner la doctrine héliocentrique comme vraie mais seulement comme hypothétique avait failli à son engagement. Il est donc tout à fait recevable, d’un point de vue juridique, qu’il soit jugé. Urbain VIII voulait simplement qu’il puisse s’expliquer devant une commission. Fin 1632, Galilée est convoqué à Rome pour répondre aux questions du Saint-Office. Le premier interrogatoire a lieu le 12 avril 1633 dans les appartements de l’inquisiteur, le père Vincent Maccolano.

    Le pape, qui lui porte une grande amitié, va demander à ce que les règles juridiques soient adoucies. Le jugement est finalement rendu le 22 juin 1633, au couvent de Sainte-Marie sopra Minerva. Que lui reproche-t-on ? Tout d’abord son manque d’obéissance, son mensonge, son absence totale de preuves dans ce qu’il avance comme des vérités, l’ajout dans son livre : Le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, d’un personnage idiot et simplet, Simplicius, portrait de son ami le pape Urbain VIII. Leur amitié est consommée. Enfin, l’utilisation et l’interprétation des Ecritures dans ses travaux qui le font condamner pour hérésie formelle. 

    Nous pouvons facilement constater qu’à aucun moment l’héliocentrisme n’a été un chef d’accusation. Ses juges lui reprochent essentiellement de ne pas avoir présenté l’héliocentrisme comme une hypothèse. Ce qui est un minimum quand à aucun moment vous en apportez la preuve. 

    Quelles sont les sanctions ? Interdiction d’enseigner le mouvement de la Terre et de se livrer à l’interprétation des Ecritures, mise à l’index de son livre le Dialogue, une peine de prison (il sera assigné à résidence chez l’ambassadeur de Florence pendant 5 mois), et la récitation hebdomadaire pendant trois ans des psaumes de la pénitence. Galilée n’exécuta même pas sa pénitence, ce sera sa fille aînée religieuse qui le fera à sa place. Voilà ce que subit Galilée, grand martyr de la science.

    Non, Galilée n’a pas été torturé par l’Inquisition, ni croupi dans ses geôles, pas plus qu’il n’a prononcé “et pourtant elle tourne” phrase apocryphe de l’italien Giuseppe Baretti écrite à Londres en 1757.

    Qu’enseigne-t-on à l’école sur le sujet ? Jean Sévillia dans son livre ‘Historiquement incorrect’ rappelle ce qu’écrivait Arthur Koestler dans Les somnambules en 1961 : « Galilée n’a pas inventé le télescope. Ni le microscope, ni le thermomètre. Ni l’horloge à balancier. Il n’a pas découvert la loi d’inertie ; ni le parallélogramme de forces ou de mouvements ; ni les taches du soleil. Il n’a apporté aucune contribution à l’astronomie théorique, il n’a pas laissé tomber de poids du haut de la tour de Pise, il n’a pas démontré la vérité du système de Copernic.