La croisade de Saint Louis – 1248 – 1254

Bonjour, je vous emmène au XIIIème siècle, en 1242, Louis IX rentre de la bataille de Taillebourg. Le roi et son armée sont pris d’une violente épidémie de dysenterie. Bien qu’affaibli, il réussit à rentrer sur Paris, il guérit rapidement mais la dysenterie le reprit deux ans plus tard. Celle-ci était d’une violence telle que les médecins jugeaient son cas désespéré. Louis, se sentant condamné, commençait à faire ses adieux à son entourage. Puis il revenait timidement à la vie, il fit alors le voeu de se rendre en Terre sainte. Pour mener à bien sa croisade, il lui fallait une ouverture sur la Méditerranée, ce sera Aigues-Mortes. Voici le point de départ d’une croisade qui allait durer de 1248 à 1254. Comment s’est-elle déroulée ? c’est ce que nous allons voir, bon épisode.

Le 12 juin 1248, en ce jour de Pentecôte, Louis IX se rendit à Saint-Denis prendre l’oriflamme, l’écharpe et le bâton de la main du cardinal-légat Eudes de Châteauroux. L’heure était arrivée, après des années de préparation, il allait enfin pouvoir se rendre là où le Christ fut crucifié, là-bas en Terre sainte.

Le 28 août 1248, retardé quelques jours à cause du vent, il embarqua direction l’Égypte. A bord des trente-huit grands vaisseaux et des centaines d’embarcations plus modestes quelques 2500 chevaliers, 10 000 fantassins, 5000 arbalétriers, 8000 chevaux prirent le large. Avant de débarquer sur les terres d’Afrique, une étape se fera à Chypre, l’île avait été conquise par Richard Coeur de Lion en 1191. Le 17 septembre 1248, l’armée croisée débarqua à Chypre, et hiverna sur l’île jusqu’au 30 mai 1249, il était trop imprudent de prendre la mer à cette période de l’année.

Les croisés virent les côtes de Damiette le 4 juin 1249. Le lendemain, les frêles embarcations approchèrent du rivage et une fois le pied à terre, protégés par les arbalétriers, les chevaliers subirent les premiers assauts musulmans. Louis IX trépignait d’impatience, on dut le retenir mais sa fougue l’emportait, il sauta lui-même à la mer l’épée haute et la peur basse.

Les croisés repoussèrent les premiers assauts sans trop de difficultés. La déroute musulmane n’allait pas tarder, après quelques échecs cuisants, les troupes de l’émir se replièrent sur Damiette et plutôt que d’entrer dans la ville, pris de panique, beaucoup d’entre eux prirent la fuite. Le 6 juin 1249, Louis IX était maître de Damiette. Il lui fallait attendre les renforts rassemblés par son frère Alphonse de Poitiers avant de poursuivre sa route. Le 19 novembre 1249, l’armée croisée arriva devant la forteresse de Mansourah. Les troupes égyptiennes étaient là, prêtes à en découdre face aux preux chevaliers croisés. Le 2 février 1250, une information aussi déterminante que surprenante arriva aux oreilles du connétable Humbert de Beaujeu. Un bédouin convertit au christianisme vint le renseigner de la présence d’un gué en aval du camp des croisés. Etait-ce une ruse ennemi ? Le roi et son conseil décidèrent d’agir. Une troupe composée du frère du roi Robert d’Artois, du comte de Salisbury et du maître du Temple eurent pour mission, une fois le gué passé, de tenir une tête de pont en attendant l’arrière garde. Il durent cependant lutter vigoureusement pour conserver leur position. Il n’en fallait pas plus pour exciter la hardiesse de Robert d’Artois. N’ayant pas la sagesse de son royal frère, le comte d’Artois décida de poursuivre les fuyards contre l’avis du maître du Temple. Ne pouvant le laisser seul face à l’ennemi, contrainte, la petite troupe s’élança imprudemment et pénétra dans un camp égyptien. Ils firent un carnage dans le camp ennemi. Ragaillardi par ce succès, Robert d’Artois voulait poursuivre, on tenta bien de lui faire entendre raison mais sa décision était prise, il se lança à corps perdu contre la Mansourah fortifiée. Deux cents quatre-vingt chevaliers allaient manquer à l’appel, parmi eux, Robert d’Artois, le frère du roi. L’arrière-garde, une fois arrivée, réussit à tenir tête aux troupes du sultan mais conscient qu’il allait bientôt subir tout le choc de l’ennemi, Louis IX décida de se retirer. L’arrière-garde s’arrêta dans un village près de Sharmasah, le roi pu alors se reposer et tenter de se rétablir. Le 9 février 1250, la maison royale fut envahie et le roi, accompagné de ses frères, fut fait prisonnier. Quant à l’avant-garde, elle continuait sa marche vers Damiette mais arrivée près de Fariskur, ils furent encerclés et écrasés le 6 avril 1250. Ainsi commençait la captivité du roi très chrétien.

Après un mois de captivité, une convention fut conclue. Damiette contre la libération du roi, 400 000 livres pour ses compagnons en captivité. La reine Marguerite de Provence eut pour mission de réunir les 400 000 besants d’or et le 6 mai le roi était libéré.

De 1250 à 1254, il opéra un changement de politique ; il passa de la conquête à la résistance, son objectif sera de fortifier les châteaux et les villes. L’hiver 1250-1251, Louis IX accentua ses efforts sur la sécurité d’Acre, une muraille entourait le bourg. En 1251, il entreprit la reconstruction de Césaré, en 1252, l’armée se porta sur Jaffa et en 1253, le roi renforça le château de Sidon, quelques temps plus tôt, la forteresse avait dû subir les attaques meurtrières musulmanes. Au printemps 1253, une ambassade vint lui annoncer la mort de sa mère, Blanche de Castille, survenue le 27 novembre 1252 à Paris. Il était temps de rentrer, son royaume avait besoin de lui. Le 10 juillet 1254, il débarqua aux salins d’Hyères, il retrouvait les siens, son peuple.