CHARLES VII crée une ARMÉE de MÉTIER

Bonjour, au milieu du XVe siècle, le roi de France Charles VII, après l’intervention providentielle de sainte Jeanne d’Arc, tente petit à petit de réformer le royaume. Les réformes militaires seront de celles qui auront le plus de répercussion sur le devenir de la monarchie puisqu’elles auront un impact direct dans la victoire des Français sur les Anglais lors de la Guerre de Cent Ans. Après le traité de paix signé à Arras avec le duc de Bourgogne, mettant fin à une guerre civile, le roi de France peut enfin redresser un royaume dévasté et dépeuplé. C’est dans ce contexte qu’il va instaurer, et pour la première fois, une armée non plus composée de vassaux et de mercenaires mais d’hommes directement recrutés pour le compte du roi. Savez-vous de quelle manière s’est constituée la première armée de métier en France ? Non, je vous explique. Mais avant de vous raconter cette histoire, notre histoire, je veux vous dire que vous pouvez soutenir mon travail sur l’histoire de France en commandant un livre de ma maison d’édition ou en faisant simplement un don, pour en savoir plus, cliquez sur les liens en description de cette vidéo. Merci.

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    Aux temps féodaux, lorsqu’un roi voulait faire la guerre, il sollicitait ses vassaux et tous ces hommes d’armes n’avaient qu’une seule contrainte à l’égard de leur roi : le servir pendant quarante jours, au delà de ce délai, le roi faisait appel à des mercenaires aux moeurs souvent douteuses car une fois la guerre achevée, ces hommes sans foi ni loi, dépourvus de travail, ravageaient, pillaient, brûlaient les contrées du royaume au point où les chroniqueurs du temps parlaient d’eux en ces termes : « ils commettaient des abominations telles que les Sarrasins ne faisaient pas aux Chrétiens ». La présence de ces hommes dans l’armée, plus connus sous le nom d’Écorcheurs, s’est accrue à la suite de la bataille d’Azincourt où près de 70% de la noblesse française fut décimée, le roi en manque de combattants, dut en recruter massivement.

    Déplorant la trop grande autonomie de l’armée du royaume, Charles VII voulait une armée régulière sur qui il pouvait compter en cas de besoin. Le 2 novembre 1439, il réunit les États Généraux à Orléans en l’honneur des dix ans de la prise de la ville par sainte Jeanne d’Arc. Au cours de cette réunion seront évoquées les affaires administratives et fiscales mais aussi et surtout les affaires militaires. Charles VII obligea aux grands capitaines du royaume de détenir une lettre patente en provenance de la chancellerie royale pour pouvoir commander leurs troupes et, toujours sur ordre royal, devront accepter d’être placés en garnison là où le roi l’aura demandé. La noblesse se révolte immédiatement. Les conséquences furent lourdes pour les révoltés, tous seront, à l’exception du futur roi Louis XI, pendus ou décapités. L’ordonnance d’Orléans fut un échec. Charles VII va alors accélérer le processus et s’impliquer plus encore dans le recrutement des hommes. En mai 1445, par l’ordonnance de Louppy-le-Château, il décide de garder quinze capitaines qui auront chacun à charge de constituer des compagnies selon des critères de noblesse, de fidélité au roi et de compétences militaires. On leur enjoint de veiller au recrutement de leurs hommes, et de maintenir une discipline stricte, les hommes défaillants sont remplacés immédiatement. Chaque compagnie comprenait cent lances garnies comprenant elles-mêmes six hommes : un homme d’armes en armure, trois archers, un coutilier et un page. La constitution de ces compagnies ne fut possible que grâce aux États généraux de 1439 qui avaient autorisé le roi à lever chaque année un impôt appelé la « taille des lances » plus connu sous le nom taille. Fort de ces ressources régulières, le roi de France pouvait constituer une armée régulière de 9 000 hommes appelée « les Compagnies d’ordonnance », payés et placés aux points stratégiques du royaume par le roi. S’ajoutent à ces 9000 hommes, deux compagnies de gardes écossais, soit environ 200 hommes, chargées de veiller à la sécurité du roi.

    Au même moment, le grand-maître de l’artillerie Gaspard Bureau et son frère Jean, développent l’artillerie, la France devait combler son retard en la matière par rapport à l’Angleterre. Une nouvelle façon de faire et de penser la guerre va alors émerger à ce moment. Désormais sur les champs de bataille apparaîtront des canons en bronze pouvant tirer des boulets en fonte, des canons plus légers à mains, ancêtre du fusil, et des canons très longs traînés par des chariots.

    Trois ans plus tard, l’ordonnance de Montil-les-Tours d’avril 1448, ordonna à chaque contrées de cinquante feux, autrement dit de cinquante maisonnées, de mettre à disposition du roi de France un arbalétrier ou un archer. Ce dernier sera bien sûr exonéré de la taille, l’impôt nouvellement créé et prendra le nom de Franc-archer. Une infanterie française est en train de naître. Pour étoffer l’armée, aux compagnies d’ordonnance furent ajoutées les compagnies de francs-archers et de francs-arbalétriers. Le roi Louis XI, successeur de Charles VII, va poursuivre l’élan entrepris par son père en augmentant le nombre de compagnies d’ordonnance. Désormais, la chose militaire est réservée à des professionnels entraînés.