Le pain et le Moyen Âge

Ne mettez surtout pas le pain à l’envers !

Peut être avez-vous déjà entendu quelqu’un s’insurger de voir, sur la table, un pain à l’envers. Pour les plus jeunes, cette indignation n’évoque rien, mais pour les plus anciens, encore aujourd’hui, ne vous avisez surtout pas de mettre la miche de pain à l’envers. Mais alors, d’où vient cette crainte ?

Au Moyen Âge, lorsque vous alliez acheter votre pain chez le boulanger du coin, ce dernier gardait toujours un pain retourné. Il était réservé au bourreau, et malheur à celui qui s’aviserait de le prendre ! Personne n’était autorisé à y toucher. Depuis ces temps anciens, laisser un pain à l’envers sur une table était considéré comme un présage de malheur. Le bourreau allait peut être devoir se présenter chez vous pour le récupérer…

Article 70 concernant les plantes devant être cultivées dans les jardins royaux.

Le pain utilisé comme assiette

Il est utile de préciser qu’au Moyen Âge, on ne parle pas d’un pain mais des pains. Selon les ingrédients présents sous la main et selon les récoltes, le goût et l’aspect variaient considérablement. Au temps médiévaux, surtout chez les plus aisés de la société, le pain était utilisé comme assiette. Cette assiette médiévale était appelée un “talloir”. Les aliments étaient posés dessus, viandes et poissons, et la mie s’imprégnait délicatement de la sauce du plat. Une fois le repas achevé, le pain était mangé ou pour les plus charitables d’entre eux, donné aux plus indigents.

Le pain du Moyen Âge était-il comme le nôtre ?

Non. Bien sûr que non. Notre baguette contemporaine était bien différente du pain de nos ancêtres. Selon que vous apparteniez à la noblesse ou à la paysannerie, la qualité du pain différait. Les plus riches avaient une préférence pour le pain blanc, plus léger et surtout moins salé. Les plus humbles se contentaient d’un pain plus noir d’aspect, plus dur et plus dense. Quand les plus aisés cherchaient le goût, les plus pauvres cherchaient plutôt à se remplir le ventre.

Il arrivait parfois, pour améliorer le goût du pain, qu’on ajoutât des épices à la pâte. Celui pouvait être du miel, de l’anis ou encore de la muscade. Enfin, la qualité et le goût du pain variait selon les régions et les saisons.

Charlemagne et le pain

Depuis fort longtemps, le pain était une denrée importante dans l’alimentation des Français. Au début du Xe siècle, Charlemagne promulgue, dans ses Capitulaires De Villis, une liste de plantes à cultiver dans les jardins royaux. Parmi les plantes souhaitées, on y retrouve des fèves, la livèche, la garance, la sarriette ou bien la coloquinte.

Selon que vous mettiez l’un ou l’autre de ces ingrédients, le goût de votre pain changeait bien évidemment. Le pain blanc était le plus cher à produire.

Les fours n’étaient pas répandus au Moyen Âge

Jusqu’au XIIe siècle, les boulangers ne pouvaient posséder leur propre four à pain. Le seigneur était l’unique propriétaire du four du village. C’est ainsi que des boulangeries publiques destinées à approvisionner les plus fortunés de la contrée virent le jour. Les paysans se rendait au four banal, apportaient leurs grains de céréales au meunier, et une fois les grains transformés en farine, rentraient chez eux pour concevoir la pâte à pain. Ensuite, ils se rendaient chez le fournier pour le cuire moyennant une taxe versée au seigneur.