La création de l’Inquisition

Tribunal de l'inquisition : le Saint Office

L’Église créa l’Inquisition

Au printemps 1229, un réseau de solidarité entre croyants se mit en place avec l’aide de la petite noblesse et de la bourgeoisie locale, encore en partie acquises à la cause cathare. Pressentant, à juste titre, le lot de sanctions qui allaient s’abattre sur eux, de la part des pouvoirs civil et religieux, les Bons Hommes et les Bonnes Dames affinèrent immédiatement et, bien sûr, clandestinement, leurs réseaux dans toute la région. Les hérétiques qui, pendant la croisade, avaient réussi à se faire oublier et à se cacher tantôt dans une grange, tantôt chez un artisan ou encore chez un bourgeois de l’Albigeois, prirent la route en masse vers Montségur. Le castrum était perché en haut d’un piton rocheux commandé par Raymond de Péreille et infiniment plus sécurisé que les petits hameaux du Languedoc. Parmi les nombreux cathares voulant se réfugier à Montségur, figurait l’évêque Guilhabert de Castres ; ce dernier demanda au seigneur de Péreille de bien vouloir les accepter, lui et ses compagnons, « afin que l’Église pût avoir là son siège et sa tête, et qu’elle pût, de là, envoyer et défendre ses prédicateurs. »

Sur le chemin qui menait à Montségur, pouvaient se croiser les Bons Hommes qui rentraient d’une tournée pastorale et ceux qui se rendaient dans toute la région pour évangéliser à leur tour la population. Ce va-et-vient incessant dura plus de dix ans. En novembre 1229, Romain de Saint-Ange organisa un grand concile à Toulouse en présence du comte Raymond VII, de deux délégués de la ville de Toulouse, du sénéchal André Chaulet, représentant de la Couronne à Carcassonne, d’un grand nombre de seigneurs du Midi, et des archevêques. Le concile permit d’établir officiellement plus de quarante canons sur les moyens de réprimer efficacement l’hérésie et de rétablir la foi catholique. Pour l’homme médiéval, l’hérésie était vécue comme un danger pouvant mettre en péril toute la société. Le seigneur devait les protéger par son action.

On y décida, précisait le règlement, une inquisition générale des hérétiques ; les archevêques et évêques devaient la faire faire dans toutes les paroisses de leurs diocèses, tant rurales qu’urbaines, par un prêtre ou deux ou trois laïcs. S’il le fallait, on fouillerait toutes les maisons, une à une, même les caves et toutes les cachettes possibles, et on remettrait aux ordinaires, aux seigneurs et à leurs baillis les hérétiques, parfaits et croyants, leurs adhérents et leurs hôtes pour être immédiatement punis. Les abbés devraient faire les mêmes recherches dans les terres exemptes de leurs ministères. Le seigneur qui sciemment donnerait aide à des hérétiques serait dépouillé de ses biens et remis au jugement de son suzerain. Le bailli négligent dans l’inquisition, serait révoqué et déclaré à jamais inhabile à exercer les mêmes fonctions. Toute maison dans laquelle un hérétique aurait été trouvé serait détruite. Le roi de France pourrait poursuivre les hérétiques dans le comté de Toulouse et le comte de Toulouse et ses vassaux dans les terres du roi.

En amont du concile, le légat de Saint-Ange avait invité Foulques, l’évêque de Toulouse, à procéder à une enquête sur l’étendue de l’hérésie dans la région. Lors de ce concile qui s’était érigé en tribunal, des suspects furent écoutés mais aucun d’entre eux ne sera confié au bras séculier ; le légat prononça les sentences et Foulques rédigea de simples lettres de pénitence. L’annonce de l’enquête avait entraîné, au sein de l’Église cathare, son lot d’abjuration spontanée comme celle de Guillaume de Solier, haut dignitaire de la Contre-Église qui, après son repentir, fut accueilli à bras ouverts par l’Église romaine au point où celle-ci lui octroya une prébende de chanoine. Le pouvoir civil, par l’intermédiaire de son comte, allait bien évidemment être mis à contribution même si Raymond VII ne faisait toujours pas montre d’une grande motivation à combattre l’hérésie ; l’avait-il voulu sincèrement ne serait-ce qu’une seule fois ? Le concile statua que chaque paroisse serait dotée d’un groupe de clercs et de laïcs ayant pour mission d’enquêter, de perquisitionner les lieux douteux, d’entendre les rumeurs et les dénonciations, puis de placer les suspects en garde à vue jusqu’à ce que le seigneur ou l’évêque procédât au transfert du prévenu en vue d’un procès devant un tribunal épiscopal. Plusieurs enquêteurs, au détour de leurs pérégrinations, durent subir les représailles des hérétiques au péril de leur vie.

Pape Grégoire IX
Grégoire IX

Bien avant la croisade contre les Albigeois, le soin de rechercher et de juger les hérétiques était confié aux seuls évêques qui, au besoin, pouvaient faire appel au bras séculier. Ce fonctionnement suffisait amplement puisqu’en dehors du Midi du royaume, l’hérésie était éparse, soumise naturellement à la répression aussi bien des seigneurs et des princes que de la population qui la rejetait vigoureusement. Mais en Occitanie, l’hérésie avait des racines anciennes et profondes. Ainsi, pour éviter qu’elle ne proliférât, le souverain pontife envoya une missive le 20 avril 1233 aux prieurs des Frères prêcheurs des archevêchés de Bordeaux, de Bourges, d’Auch et de Narbonne, leur demandant de réprimer l’hérésie. Deux jours plus tard, le pape mandata Romeu de Llivia, le provincial des Frères prêcheurs de Provence, le soin de désigner les religieux à qui serait confiée « l’affaire de la foi ». Les Dominicains, dotés d’une formation et d’une rigueur suffisantes, auront la lourde mission d’apporter le remède nécessaire à cette région malade. Le 27 juillet 1233, Grégoire IX désigna Étienne de Burnin archevêque de Vienne et légat pour les diocèses méridionaux ; ce dernier désigna, à son tour, les deux premiers inquisiteurs : le Frère Guillaume Arnaud et le Frère Pierre Seila, celui-là même qui avait, en 1215, offert sa propre maison au futur saint Dominique avant de s’offrir tout entier au bon Dieu. Fait nouveau : ils ne seront sous l’autorité ni d’un évêque, ni d’un seigneur, mais du Saint-Siège uniquement, faisant d’eux de véritables dignitaires de l’Église. Le premier succès des deux nouveaux inquisiteurs – l’arrestation, le jugement et la crémation de Vigouroux de La Bacone, chef des cathares toulousains – fut une véritable perte pour la Contre-Église. Les autorités civiles et municipales de Toulouse, bien aidées par leur comte Raymond VII, non seulement ne coopéraient pas ou peu avec les inquisiteurs mais pire, elles protégeaient, de façon à peine voilée, les hérétiques de la ville. Même si la tâche qui incombait à nos deux inquisiteurs était ardue, leur détermination ne faiblissait pas. Telle était leur mission, et ils allaient la mener à son terme. Le 3 juillet 1234, Frère Dominique qui avait tant œuvré à la conversion des hérétiques fut canonisé par l’Église et devint Saint Dominique. Le 5 août suivant, Raymond du Fauga, le nouvel évêque de Toulouse – Foulques ayant rendu son âme à Dieu peu de temps avant –, célébra la première fête du saint lors d’une messe au couvent des Jacobins. L’après-midi, l’évêque laissa le prieur du couvent, Pons de Saint Gilles, prêcher à sa place. Soudain, d’une voix éclatante, le prélat s’exclama :

De la part de Dieu et de Dominique, son serviteur, je porte dorénavant défi aux hérétiques, à leurs adhérents comme à leurs chefs. De la part de Dieu, j’adjure les catholiques de déposer toute crainte et de rendre témoignage à la vérité.

Pons de Saint Gilles

L’exhortation du prieur porta ses fruits puisque de nombreux hérétiques se présentèrent et revinrent à la foi. Au début de l’année 1235, une vaste entreprise de prédication se poursuivit à travers la région, ce qui correspondait à un appel général à venir se confesser, abjurer et dénoncer les ennemis de la foi. Le Vendredi Saint 6 avril 1235, pendant le délai de grâce, la foule, qui se présenta au couvent des Prêcheurs, fut si dense que des franciscains et des curés des environs furent mis à contribution pour entendre les confessions. Un artisan, Arnaud Domergue, qui refusait catégoriquement d’obtempérer dans le temps imparti, fut arrêté. Il fallut recourir aux menaces de mort pour qu’il daignât dénoncer d’autres Parfaits à l’Inquisition. À l’issue de ses aveux, ses anciens coreligionnaires, le considérant comme un traître, l’assassinèrent dans son sommeil. En 1235, Guillaume Arnaud voulut frapper fort en convoquant douze personnes suspectes d’hérésie appartenant aux plus prestigieuses familles toulousaines. Après avoir été menacé de mort, l’inquisiteur Arnaud se fit exiler, manu militari, par les autorités municipales. Les hérétiques, même s’ils ne représentaient pas la majorité au sein de la ville, bénéficiaient de réelles protections politiques et pouvaient, le plus facilement du monde, soulever des foules contre leurs opposants.

Un peu de mauvais levain suffisait à corrompre, en cet instant et dans la circonstance, toute la masse de la ville, qui était pourtant bonne en soi.

Guillaume de Puylaurens, chroniqueur de l’époque
Bûcher de Montségur
Bûcher de Montségur

En novembre 1235, les autorités municipales décidèrent d’expulser tout simplement les Frères prêcheurs. Alors qu’ils étaient en train de déjeuner, les Frères reçurent la visite impromptue et brutale de commissaires qui forcèrent l’entrée du couvent, accompagnés d’une foule d’hérétiques. Dans un calme qui leur est propre, les Frères se rendirent à l’église, portés par le Miserere, alors que les instances municipales leur intimaient l’ordre de quitter les lieux. Le prieur refusa de se plier aux injonctions municipales. Avec ses Frères, il entonna le Credo, le Te Deum, et le Salve Regina en même temps qu’ils étaient traînés dehors de force. Deux par deux, les religieux quittèrent la ville en procession. Le prieur, Pons, se rendit à Rome pour en informer le pape qui ne tarda pas à excommunier les onze capitouls de Toulouse. Sur pression du souverain pontife, les Frères revinrent à Toulouse en mars 1236. Le 13 mai 1238, le pape Grégoire IX, sur pression de Raymond VII qui n’eut de cesse de faire remonter au pape les abus des inquisiteurs, accéda aux demandes du comte, ce qui eut pour conséquence de suspendre pendant trois mois l’activité de l’Inquisition. L’arrêt de l’Inquisition durera en réalité trois ans. Cette pause de l’activité inquisitoriale ne fut cependant pas synonyme de paix, bien au contraire : les hérétiques cathares en profitèrent pour prendre les principales villes du pays.

Comment fonctionnait l’Inquisition médiévale ?

Quand une région était suspecte d’hérésie, l’inquisiteur s’y rendait avec son personnel habilité à enquêter : notaires, greffiers, moines, ainsi que quelques hommes armés, et toute cette petite troupe formait le tribunal. Après avoir rencontré les autorités civiles, pour leur demander protection et concours, l’inquisiteur promulguait publiquement, très souvent par un sermon lors de la messe, deux édits : l’édit de grâce qui donnait un délai de quinze à trente jours à tout hérétique qui voulait demander le pardon de l’Église en se présentant de son propre chef, puis l’édit de foi qui invitait la population à dénoncer les hérétiques et leurs complices. Une fois le délai écoulé, le tribunal était constitué. Les hérétiques et les simples croyants étaient immédiatement recherchés. Les souverains pontifes successifs, conscients de la gravité de la mission des inquisiteurs, tenaient à ce qu’ils fussent irréprochables. Pour y parvenir, certains demandèrent un âge minimum de quarante ans pour être inquisiteur quand d’autres ajoutaient à l’âge des garanties de science en exigeant des connaissances approfondies en théologie et en droit canon. Plusieurs papes ont su, quand les inquisiteurs étaient infidèles à cet idéal, les sanctionner avec la rigueur nécessaire. L’inquisiteur Robert le Bougre, ancien cathare, en fut le parfait exemple ; lui qui avait fait preuve d’une réelle cruauté dans l’exercice de ses fonctions, fut condamné à la détention à perpétuité par le pape Grégoire IX.

Peine de mort moyen âge

Après avoir été informés des charges qui pesaient contre eux, les accusés qui n’avaient pas fui, se présentaient au tribunal de l’inquisition. Une fois les charges énoncées, certains demandaient à connaître le nom de leurs dénonciateurs ; ce qui leur était refusé car bon nombre de ceux-ci étaient, à l’issue du procès, poignardés ou jetés dans un ravin par les accusés. Sans anonymat, aucun témoin ou accusateur n’aurait osé apporter son concours. Il va de soi que toutes les dénonciations n’aboutissaient pas à un procès ! Les juges, après leur avoir demandé de prêter serment, les écoutaient, les questionnaient ; les notaires et les greffiers retranscrivaient ce qui se disait. Les juges, dans leur immense majorité, suivaient un schéma précis, défini par la loi canonique, ce qui n’empêchait pas certains de s’en écarter, menant inévitablement à des abus, à des excès de sévérité.

Les inquisiteurs prenaient soin d’écarter les plaintes farfelues. Dans un souci d’équité et de transparence, et pour éviter de probables règlements de comptes, les accusés étaient sommés de déclarer leurs ennemis virulents. Ainsi, si le nom d’un accusateur faisait partie de la déclaration, son témoignage était écarté du procès. Dans le même esprit, lorsqu’un faux accusateur était démasqué, le sort qui lui était réservé était aussi sévère que celui réservé à un hérétique. La prison à vie était de rigueur. Les inquisiteurs voulaient éviter à tout prix les règlements de comptes. Les droits des accusés étaient multiples : ils pouvaient faire venir des témoins à décharge devant le tribunal ou récuser les juges et l’inquisiteur lui-même, comme le fit Jean l’Archevêque, seigneur de Parthenay à l’encontre de l’inquisiteur dominicain Maurice de Saint-Paul. Le pape accepta ses récusations et de nouveaux juges lui furent attribués. Pour diminuer les risques d’arbitraire, un jury de prud’hommes, appelé boni viri, devait être interrogé avant toute prononciation de sentence. Le 11 juillet 1254, le pape Innocent IV promulgua une bulle appuyant ce souhait :

Parce que, disait le pape, pour une accusation si grave, il fallait procéder avec les plus grandes précautions.

Pape Innocent IV

Puis venait la sanction. Pendant de longs siècles, les ennemis de l’Église ne se sont pas privés de faire de l’Inquisition une institution où régnait la torture, le sang et les larmes. Or, l’historien américain Henry Charles Lea, que l’on ne peut pas soupçonner de bienveillance excessive à l’égard de l’Inquisition, crut bon de préciser :

Il est digne de remarquer, déclare-t-il, que dans les fragments de procédure inquisitoriale qui nous sont parvenus, les allusions à la torture sont rares.

Henry Charles Lea


L’Église, avant la croisade contre les Albigeois, s’était toujours montrée hostile à la torture, contrairement aux tribunaux laïques qui ne s’en privaient pas. Le pape Nicolas Ier avait déclaré au IXe siècle, face aux Bulgares qui le consultaient, que ce moyen d’enquête « n’était admis ni par les lois humaines ni par les lois divines ; car l’aveu doit être spontané ». Seulement, au XIIIe siècle, ne pouvant échapper au retour en force du droit romain dans la justice séculière, l’Inquisition l’adopta, et le pape Innocent IV permit son usage le 15 mai 1252 en précisant les cas et les conditions de son utilisation. Elle était beaucoup plus limitée et réglementée que dans l’usage civil et la mutilation était formellement interdite. En 1264, le pape Urbain IV, cherchant à faire peser au juge du tribunal la gravité qu’impliquait l’usage de la torture, lui imposa d’assister à la séance aux côtés du bourreau, ce qui eut pour effet d’en limiter la pratique. Il est évident que tous les juges-inquisiteurs, sur tant d’années de pratique, n’appliquèrent pas les recommandations de prudence et de parcimonie du Saint-Siège.

Après avoir assisté à la messe, quand la cérémonie avait lieu le matin, le clergé et les autorités civiles, installés sur une estrade, prononçaient les sentences. Ceux qui avaient effectué leur pénitence étaient désormais officiellement libres ; alors que ceux qui venaient d’être condamnés entendaient leur pénitence proclamée devant l’assemblée. Ensuite, ils faisaient leur abjuration publique. Dans l’immense majorité, les pénitences étaient d’ordre canonique ;

« Dieu veut non la mort du pécheur, mais sa conversion »,

comme le dit la maxime ; et l’Église veillait à son application. Le futur pape Clément IV présentait les inquisiteurs comme des « médecins spirituels ». Parmi les sentences prononcées par l’Inquisition figuraient des œuvres de piété imposées aux coupables d’hérésie, comme assister aux offices, réciter des prières, entendre le sermon, jeûner pendant l’Avent, en plus du Carême, etc. Ensuite, vous pouviez être condamné à effectuer des pèlerinages à Rome, Saint-Jacques de Compostelle, Rocamadour, etc. Parfois, une humiliation publique vous était infligée comme se présenter dans une église en tenue de pénitent ou de porter un signe distinctif sur vos vêtements. Les cas encore plus graves devaient payer de fortes amendes, somme qui était dévolue à des œuvres religieuses ou à des entreprises d’utilité publique. Guillaume Arnaud, en digne héritier de Saint Dominique, imposait parfois aux hérétiques repentis l’entretien d’un pauvre toute l’année et le paiement de dix livres. Ou enfin, les biens des hérétiques étaient tout simplement confisqués par l’autorité royale aux profits des seigneurs du Nord qui avaient participé à la croisade. Puis venaient les peines plus lourdes encore, comme l’emprisonnement pour un temps ou, pire, l’emprisonnement à vie. Et seulement après avoir épuisé toutes ces peines possibles, pour les cas les plus graves, comme les relaps, les inquisiteurs, par l’intermédiaire du bras séculier, recourraient à la peine de mort par crémation. Il arrivait que les sentences parmi les plus rudes, comme l’emprisonnement à vie, par exemple, se voyaient réduites, parfois même remises, du simple bon vouloir d’un évêque.

Monseigneur Douais rappelle que le 13 septembre 1250, à Carcassonne, l’évêque du lieu avait donné à Alzais Sicre, emprisonné pour hérésie, un congé jusqu’à la Toussaint avec la permission d’aller où il voulait en toute liberté. Le cas n’était pas isolé puisqu’en 1244, l’archevêque de Narbonne avait décidé de mettre en liberté provisoire les détenus qui devaient apporter des soins à leurs proches ; tout comme en 1246, l’inquisiteur Bernard de Caux, accepta qu’un condamné pour relaps quittât sa prison pour veiller son père à l’article de la mort. Il arrivait également que les souverains pontifes transformassent une peine en une autre plus douce ; Innocent IV commanda à l’archevêque d’Auch, le 9 décembre 1247, de commuer une peine d’emprisonnement en pèlerinage en Terre sainte. Des habitants du Limoux, condamnés pour hérésie, purent, par exemple, après avoir imploré l’indulgence du pape Innocent IV, voir leurs peines totalement annulées. La justice inquisitoriale, procédure infiniment plus libérale que la justice laïque de l’époque, a permis, grâce aux jurys et aux enquêtes fonctionnant peu ou prou comme aujourd’hui, une avancée importante du droit sur le sol français et ce, jusqu’à la Révolution.

Sources : le péril cathare / de la croisade spirituelle à la croisade militaire